"The Game" va marquer la fin d’une époque pour QUEEN. En effet, la formation va commencer à utiliser des synthétiseurs alors que les pochettes des albums précédents indiquaient fièrement qu’il n’y en avait pas, mettant ainsi en lumière le talent de Brian May pour sortir des sons extra-terrestres de sa guitare.

Mais pour le moment, cela se fait par touches, rien de bien envahissant, le son du groupe change de façon différente. La basse de John Deacon est très en avant, quitte à voler la vedette ("Another One Bites The Dust" ou le groove entêtant de "Dragon Attack"). En revanche, QUEEN va perdre en superbe. Le retour au style baroque n’aura duré que le temps de l’album "Jazz", "The Game" s’ouvre à de nouvelles sonorités, alors modernes, mais aujourd’hui datées.

La touche Hard Rock est très en retrait, comme si Brian May a été bridé. Son "Dragon Attack" demeure jouissif, mais le guitariste n’occupe plus le devant de la scène. Outre les singles ("Play The Game", "Another One Bites The Dust", "Crazy Little Thing Called Love" et "Save Me"), "Dragon Attack" et "Sail Away Sweet Sister", le reste est étrange, comme hors sujet. Trop joyeux, comme forcés, ces morceaux agacent ou s’oublient à peine écoutés. Les musiciens marquent le pas. "Rock It" est un ratage en règle, "Don’t Try Suicide" un autre, encore plus marqué, avec son refrain insupportable. Les deux autres sont juste anecdotiques pour du QUEEN.

La baisse de régime constaté sur la seconde moitié de "Jazz" se confirme ainsi. Les bonnes idées se heurtent aux mauvaises et au final, "The Game" est un disque décousu au possible, agréable par moment, désespérant à d’autres. "Save Me", qui traduit le trouble de Brian May à cette période un peu délicate de sa vie privée, pourrait très bien s’appliquer à cet album. Le pire étant que, dans ce cas, les musiciens resteront sourds à cet appel à l’aide.