Ça y est SONATA en a marre…

Marre de faire du Speed, marre d’écrire des hymnes à la pelle et marre de la musique purement efficace. Tony Kakko, encouragé par sa femme à réécouter ses vieux albums (beaucoup de Pop et de vieux QUEEN), se dit que l’expérimentation a du bon et décide de franchir le pas ; le prochain opus de SONATA ARCTICA au titre stimulant l’imaginaire (Unia signifie rêve dans notre langue) sera un nouveau départ…

S’il est encore crédité, Jani Liimatainen n’a clairement pas son mot à dire et sera remercié de SONATA ARCTICA dans des circonstances troubles, officiellement pour n’avoir pas honoré ses engagements à effectuer son service militaire, qui l’enjoint à ne plus quitter le territoire de la Finlande, mais aussi à cause de son comportement déplacé et difficilement gérable à la fois à cause de l’alcool et des filles… Comme pressenti, Henrik Klingenberg a permis au groupe d’opérer un réel progrès au niveau des textures sonores ("It Won’t Fade", "The Harvest") et la musique de SONATA ARCTICA est ici plus raffinée, plus progressive dans la façon dont elle est pensée (flagrant sur "Caleb" ou encore "My Dream’s But A Drop Of Fuel For A Nightmare" l'un des monuments du disque). Ce qui n’est pas sans désarçonner car plus qu’une évolution, c'est SONATA ARCTICA qui se renouvelle totalement, coupant les ponts avec sa première partie de carrière de manière assez nette. Les tempi ont beaucoup ralenti et ne cherchez pas une once de Speed Mélodique ici, vous perdriez votre temps même si vous seriez tentés d’y croire avec l'intro dévastatrice de "The Harvest".

Le public s’est clairement scindé en deux et SONATA ARCTICA a commercialement rusé pour retenir les fans de son Speed par la suite (cet incongru "Flag In The Ground" sur l’opus suivant) mais sur "Unia" il avait totalement assumé sa démarche, ce qui rend cet opus d’une plus grande consistance que "Reckoning Night" et d’une plus grande sincérité que "The Days Of Grays". Les seules billes qui nous sont laissées pour saisir le propos du groupe sont ces jeux d’ambiances plus ou moins schizophréniques qui rappellent l’opus précédent ("The Vice", la fin de "It Won’t Fade").

Mais pour le reste il faut s’être suffisamment « rincé » les oreilles avant d’envisager de se plonger dans cet opus tant il est à part dans la disco du groupe avec ses textures sonores originales (cette basse saturée sur le séduisant "For The Sake Of Revenge") et une homogénéité d’écriture qui frise le génie faisant de "Unia" un tout cohérent où le passage d’un titre à l’autre reste un vrai plaisir tant on est assuré de ne pas être mangé à la même sauce et d’être surpris/enchanté/séduit (rayez la mention inutile) par ce cinquième opus décisif de la carrière de SONATA ARCTICA qui ne peut qu’être félicité pour avoir pris tant de risques car le jeu en valait musicalement la chandelle.