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SONATA ARCTICA - The Last Amazing Grays (2009)
Par FIGHTFIREWITHFIRE le 7 Août 2009          Consultée 7889 fois

Alors qu’à chaque sortie de SONATA ARCTICA de nombreuses pages d’informations, de track by track exclusifs ou de studio reports fleurissent que ce soit dans les magazines ou sur le web, le nouvel opus du groupe finlandais, "The Days Of Grays", semble susciter bien moins de passion que par le passé. Et c’est même un doux euphémisme que d’affirmer cela lorsque l’on constate que les Japonais, habituellement surexcités par le travail du quintette et capables de proposer des dossiers complets et fouillés sur ses sorties, ne proposent pour celui-ci que quelques ridicules lignes misérablement insérées en bas de page.

La faute à un certain "Unia", album incroyablement riche et complexe mais qui a surtout marqué la fin d’une ère : la période Speed des finlandais qui leur avait valu ce succès fulgurant dès le début des années 2000.
Délaissé par bon nombre de fans farouchement opposés à cette évolution, la question qui se posait avant la parution de cet album était de savoir ce que SONATA ARCTICA, ou plutôt son unique membre compositeur Tony Kakko, allait décider. A savoir trancher entre l’envie de poursuivre une exploration musicale nouvelle certes moins directe et plus difficile à appréhender, mais néanmoins plus personnelle et sincère, ou revoir sa copie et revenir à des compositions plus raisonnables structurellement parlant et au tempo accéléré pour faire plaisir à une meute de fans envahissante…

A l’inverse, c’est cette option que redoutaient les nombreux passionnés de cette nouvelle orientation riche en arrangements et en émotions proches de celles procurées par les musiques de films, (notamment celles d'un certain Danny Elfman, décidément jamais loin quand il s’agit d’aborder les influences des groupes mélodiques ces derniers temps). Car même si l'on entend toujours davantage ceux qui râlent, il y a bien une frange du public conquise par cet univers, et même, à n’en pas douter, de nombreux nouveaux venus plus sensibles à ce propos proche du progressif…

Ce single, "The Last Amazing Grays", première production musicale depuis deux ans, devait logiquement permettre de répondre à ces interrogations brûlantes et donner un net avant goût de l’album à venir avec pas moins de deux titres sur le même support (dont une version orchestrale qui met en valeur le gros travail d’arrangements et d’ambiances effectué par le facétieux leader)…

Deux titres qu’on pourrait presque croire extraits de chutes studio de "Winterheart’s Guild"… à peu de choses près.

Dès l’ouverture, "The Last Amazing Grays" décoche en effet un riff speed et des sonorités très proches de ce fameux album que certains considèrent comme le dernier opus valable de la discographie arctique (Ah, ces fans extrêmes, qui savent mieux que les musiciens eux-mêmes ce qui fait leur personnalité et prétendent avoir leur mot à dire sur leur évolution sous prétexte que le groupe en est là où il est grâce à eux…)

Ce sentiment de retour en arrière est encore plus flagrant sur "Flag In The Ground", dont les textes relatent une petite histoire, exercice favori du chanteur, sur l'Amérique du Nord du début du XIXe siècle et qui pourrait évoquer des titres comme "My Land". Celle-ci commence sur les chapeaux de roue et réveillera les espoirs des nostalgiques avant de brouiller les pistes, une fois n’est pas coutume, même si la surprise sera moins marquante pour qui aura déjà apprivoisé "Unia" et ses structures alambiquées…

Il semble bien, si l’on se fie à cette écoute, que SONATA ARCTICA ait opéré un petit revirement vers un propos musical plus accessible et ait donc opté pour la solution de facilité…

Car ce début speed à la "Victoria’s Secret", ce refrain sirupeux à souhait et cette conclusion ressemblant de façon troublante à "The Cage" font quand même l’effet d’un sacré réchauffé, un titre certes diablement efficace mais bien tiède comme on sent que le virtuose Tony Kakko pourrait en composer cinquante en dormant…

Chacun des deux morceaux contient donc son refrain imparable, plutôt fédérateur et facilement mémorisable, parfaitement calibré pour le live, son tempo globalement rapide, sa batterie toujours aussi robotique qui ferait pâlir de jalousie le plus précis des métronomes, et bien sûr son chant si caractéristique et efficace, soutenu de nombreux choeurs…

Alors même pas de réminiscences du travail abordé sur "Unia" ? Si quand même, à commencer par les variations incessantes de tempo, les quelques effets posés sur un chant souvent doublé voire triplé et surtout une innovation, ou plutôt un concept poussé encore plus avant : des orchestrations aux arrangements impressionnants.

On frise le Symphonique, et le pont mélodique de "The Last Amazing Grays" évoque de façon troublante un certain "Once" de qui vous savez, et pas seulement du côté des claviers, des cordes ou des cuivres mais également concernant la guitare, très compressée et saccadée, que ne renierait pas Empuu Vuorinen. De ce côté, à part pour les introductions épileptiques et quelques sorties pour des duels de soli avec les claviers, on ne peut pas dire qu’ils se soient retourné l’esprit pour balancer du gros riff, on a le droit a une grosse rythmique carrée ultra basique, histoire de dire qu’on fait toujours du Metal, mais ce sont bien les claviers qui portent la culotte ici… Elias ne semble donc pas avoir eu grand chose à dire sur ce coup, trop occupé par son projet solo ou embauché comme simple exécutant à l’image des trois autres ?

Tony maîtrise en tout cas toujours de bout en bout le processus, peut-être même davantage encore qu’à l’époque Jani, d’où une large mise en avant des claviers au détriment de la guitare. Ceux-ci mélangent habilement les sonorités typées 80’s issues des premiers opus et les dernières trouvailles plus proches du clavicorde présentes sur "Unia"…

Les fans de ce dernier, dépités, sont déjà en train de se reprocher d’avoir pu espérer que dans un univers aussi concerné par l’argent et le conformisme, un groupe aurait le courage de continuer dans une voie certes décriée mais incroyablement personnelle et expérimentale. Mais c’est justement là que ce single dupe tout son monde : ces deux titres n’ont quasiment rien à voir avec tout le reste de l’album qui se veut infiniment plus alambiqué, novateur et complexe, dans l’esprit de son prédécesseur !

Alors quelle est la démarche ? Tony a-t-il voulu tromper honteusement les fans de la première heure et leur faire prendre des vessies pour des lanternes ? Ou bien a-t-il voulu rassembler les deux titres les plus old school de son nouvel opus sur un support pour épargner aux fans les plus réactionnaires l’achat d’un album qui leur plaira sûrement beaucoup moins ?

Après tout, vendre des millions de single compensera peut-être l’échec commercial que risque SONATA ARCTICA sur ce coup.

Plus sérieusement la solution la plus probable semble bien sûr se trouver du côté de Nuclear Blast qui, en bon label courageux et visionnaire, a tout bonnement pioché les deux morceaux les plus accessibles et formatés pour les passages radio. Avec un loup sur la pochette et des teintes bleues dominantes, le tour est joué !

Reste que globalement "The Last Amazing Grays" ne reflète que très peu l’album qu’il est censé défendre. Il ne présente qu’une partie de ce qui semblerait être un compromis entre les deux périodes du combo finlandais, mais ne se révèlera finalement même pas en être réellement un.

Car si les réfractaires à "Unia" auront a priori plus de facilité à apprivoiser cet album, il est peu évident qu’ils l’accueillent mieux que son prédécesseur sur le long terme et fassent l’effort de déceler les multiples richesses que contient cette œuvre toute sauf directe.

Tant pis pour eux, qui se contenteront de ce single, et tant mieux pour les fans d’"Unia" (et l’intégrité artistique de l’honorable Tony Kakko au passage) qui se régaleront avec un "The Days Of Grays" de toute beauté !

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- Tony Kakko (chant)
- Henrik Klinkenberg (claviers)
- Elias Viljanen (guitare)
- Tommy Portimo (batterie)
- Marko Paasikoski (basse)


1. The Last Amazing Grays (radio Edit)
2. Flag In The Ground
3. The Last Amazing Grays (orchestral)



             



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