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POWER METAL  |  STUDIO

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FREEDOM CALL - Land Of The Crimson Dawn (2012)
Par BAST le 18 Juin 2012          Consultée 9472 fois

Le Speed mélodique agonise et tout le monde s’en fout. Enfin tout le monde, pas forcément vous, là, dont le regard m’échauffe l’Arial taille 10 ; mais de vos proches, une oreille capable de recevoir avec entendement le flot d’amertume par vous déversée lorsque de nouveau le deuil des années 2000 si fécondes en speederies fait le siège de vos pensées ? Un compagnon chaleureux pour vous assécher le coin de l’œil lorsque cet œil et son jumeau, pas plus glorieux qu’une serpillère usagée, passent et repassent sur votre Cdthèque, s’attardant sur tous ces groupes prometteurs tombés dans l’oubli, le vôtre comme celui des autres ? Une bonne âme, peut-être, pour vous redorer le blason à l’heure du bilan coutumier de fin d’année, aussi pauvre en candidats qu’en élus ? Il y a dix ans, souvenez-vous, quelle torture de trier les disques dont il fallait faire l’éloge ! Aujourd’hui, l’affaire est pliée en deux minutes et le compte-rendu tient sur un post-it à moitié mâché quand jadis une feuille A4 ne suffisait pas à consigner tous les critères astucieux que vous aviez conçus pour départager les ex-æquo.
Non, vraiment : le Speed mélodique agonise et tout le monde s’en fout.

Heureusement, il y a Nightfall. Nightfall parce que, et c’est son histoire qui est ainsi, rassemble tout ce que le monde francophone (ou à peu près) compte de supporteurs speedmélodifères. Nightfall parce que quoi qu’on y écrive, vos semblables - ceux qui savent de quoi il retourne et vous comprennent - le lisent.
Heureusement aussi, il y a FREEDOM CALL. FREEDOM CALL qui ne sera jamais la formation incontournable entraperçue après trois premiers albums tout à fait marquants, mais qui continue de tricoter de très agréables compositions à la recette imparable. De fil en aiguille, on la verrait ainsi : des couleurs, beaucoup de couleurs, saturées, infiniment saturées, qu’on croirait déposées devant FREEDOM CALL par un arc-en-ciel après que celui-ci se fût refait une beauté à l’intérieur d’une usine de confiseries, usine que tiendrait un personnage de dessin-animé qui aurait tiré d’une lecture au premier degré de "Candide ou l’optimiste" son mantra pour la vie.

Le premier motif de satisfaction à mettre au crédit de "Land Of The Crimson Dawn" tient à la discrétion artistique du départ de Dan Zimmermann. En effet, peut-être du reste est-ce là une information pour vous, le batteur allemand, dont nul n’ignore le rôle premier dans la genèse de FREEDOM CALL, vient d’abandonner sa création. Alors que Zimmermann avait fondé FREEDOM CALL dans le but d’échapper trois mois par an à la prééminence de Kai Hansen (Dan Zimmermann est le batteur de GAMMA RAY), finalement n’a-t-il pas résisté aux temps : celui qui manque quand il faut gérer de front deux carrières, celui qui passe quand jongler entre deux groupes sape une énergie mise à mal par l’accumulation des ans. A l’heure du choix, GAMMA RAY s’est imposé et cela relève, je crois, de l’instinct de survie.

J’ai toujours vu en Dan la caution Speed mélodique de FREEDOM CALL et en Chris (après trois paragraphes, il est bien temps de les appeler par leur prénom) la touche rock dont l’éclosion ce serait, je dis bien ce serait, produite dès la sortie de "The Circle Of Life".
Si "Land Of The Crimson Dawn" ne me dément pas en bloc dans mes impressions, au moins affirme-t-il que si craintes il y avait, elles n’auraient rien d’avéré : en matière de Speed mélodique percutant, Chris sait s’y prendre et plutôt bien.
On s’en assure avec "Back Into The Land Of Light", titre relevé et coloré sur lequel on retrouve en un agencement agile tout ce qui a fait le succès de FREEDOM CALL : des cuivres, un refrain fédérateur comme une saucisse frites, des lignes de chant épiques ou une structure aussi entrainante qu’un tube de Bézu. Chris n’est pas le pis-aller de Dan mais un compositeur sur qui la formation allemande peut compter.

"Land Of The Crimson Dawn" a longtemps fui les faveurs d’une sélection. Probablement en raison de la difficulté que j’ai pu concevoir à isoler les titres les plus forts. Avec des chemins aussi peu aventureux que ceux empruntés par le Speed mélodique, c’est souvent ainsi que l’on progresse : l’intro s’installe sans finesse, on attend du couplet qu’il nous élève, on se livre aux refrains et tout cela recommence à chaque fois que le compteur du lecteur s’incrémente d’une unité ; l’objectif est de repérer les tueries et de s’y accrocher ; car ce sont elles qui nous poussent à prolonger les écoutes, elles qui permettent aux titres plus subtils de disposer du temps nécessaire à leur appropriation.

Rayon tuerie, "Back Into The Land Of Light" s’est emparé de la tête de gondole. Les autres titres n’ont pas connu pareille réussite. Pour ne rien vous cacher, les deux ou trois premières écoutes furent inquiétantes.
Mais pourquoi alors revenir sur "Land Of The Crimson Dawn" ? Pourquoi chaque écoute supplémentaire donne-t-elle la sensation d’assister à l’édification d’un monument, pierre après pierre ? Pourquoi le refrain de "Valley Of Kingdom" fascine-t-il soudain alors qu’il a passé dix rotations à pousser lait et corn flakes vers la sortie ? Pourquoi les chœurs de "66 Warriors" ont-ils rappelé ce genre d’errements guerriers tout à fait ridicules que favorise le Speed mélodique et exigent-ils désormais d’être repris en chœur ? Et "Hero On Video", n’a-t-on pas longtemps souhaité qu’il s’arrêtât vite tant les "oh oh oh" furent insupportables tandis qu’à présent il défile avec une logique implacable ?

Bref, c’est quoi ce bordel ?
Eh bien ce bordel comme vous l’appelez, cher monsieur, s’appelle du Speed mélodique. Et quand le Speed mélodique, honorable monsieur, est bien fait, bien gaulé, bien charpenté, de nos jours, il chemine ainsi : d’abord, insistante, une sensation de déjà entendu, écœurante, punitive ; puis, comme l’éclaircie déchire sa race au temps maussade, des passages, des thèmes, des mélodies ou des enchainements qui s’imposent ; enfin, ouh que ça fait du bien, l’évidence, triomphante, héroïque, celle qui fait dire que oui, c’est bien comme ça et pas autrement qu’il fallait composer l’album ou alors je n’y connais plus rien.

"Land Of The Crimson Dawn", le temps a joué pour lui, est finalement un très bon album. Le meilleur depuis "Eternity", c’est ce que j’ai fini par admettre. On y retrouve un FREEDOM CALL inspiré, aussi à l’aise dans l’usage des sonorités qui ont bâti ses premiers succès (les couplets de "Crimson Dawn") que dans une modernisation, légère mais bien présente, de ses compositions ("Killer Gear", plus sombre, au son usé, raclé).
A part "Rockin’ Radio", conçu à la manière d’un EDGUY souhaitant amuser la galerie le temps d’un rock léger, insouciant et souvent ridicule, il n’est pas un titre qui ne sache argumenter en faveur de ce septième album. "Terra liberty" convainc par sa simplicité (peu de chœurs, guère plus d’arrangements), "Killer Gear" envoute grâce à la façon qu’il a de monter en intensité, de gonfler son Heavy d’abord brut de mélodies colorées. "Sun In The Dark" montre comment un refrain épique un brin mélancolique habille à lui seul un titre volontairement répétitif. "66 Warriors", guère avare non plus de répétitions, martèle un refrain martial aussi simple que fédérateur.
Pas de doute, FREEDOM CALL fait mieux que résister au départ de Dan Zimmermann ; quoique l’on puisse regretter la patte du batteur allemand (remplacé par Klaus Sperling, ancien batteur de PRIMAL FEAR), "Land Of The Crimson Dawn", malgré une pochette absolument immonde, procure à l’année 2012 l’une de ses plus belles sensations Heavy.

Gagné par l’enthousiasme, mes mots et leur enchainement en attestent, peut-être parce que du candide et de l’optimiste j’ai ma part, je finis ce texte sur une note pleine d’espoir. Peut-être le Speed mélodique n’agonise-t-il pas, après tout. Peut-être est-ce nous qui nous sommes brulés au jeu de l’existence, refusant une musique dont la niaiserie et la superficialité chahutent le conformisme auquel on a toujours cru échapper mais qui finalement nous enserre de tous les côtés et nous fait filer droit. Peut-être, je n’en sais finalement rien. Ce que je n’ignore point, en tout cas, c’est que ce nouvel album de FREEDOM CALL, malgré une amputation qui n’a rien d’anodine – au moins sur le papier – conforte les qualités tubesques d’une formation sinon incontournable, au moins nécessaire dans la survie d’un genre.

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   (2 chroniques)



- Chris Bay (chant, guitare, claviers)
- Lars Rettkowitz (guitare)
- Samy Saemann (basse)
- Klaus Sperling (batterie)


1. Age Of The Phoenix
2. Rockstars
3. Crimson Dawn
4. 66 Warriors
5. Back Into The Land Of Light
6. Sun In The Dark
7. Hero On Video
8. Valley Of Kingdom
9. Killer Gear
10. Rockin' Radio



             



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