"Alive!" ayant enfin permis à KISS de rencontrer le grand succès international et les dollars coulant à flot, il était temps pour le groupe américain de confirmer son potentiel avec un album à la hauteur des ambitions du jeune quatuor.

Les new-yorkais s'adjoignent alors les service de Bob Erzin, l'éminence grise d'ALICE COOPER, pour enregistrer "Destroyer". Et le moins qu'on puisse dire c'est que ça commence très fort, avec "Detroit Rock City", qui est de l'avis général le meilleur titre de KISS, ou tout du moins le plus poussé techniquement, et le brulot "King Of The Night Time World" qui avait déjà tous les atouts en main pour casser la baraque en live.

Puis déboule le classiquissime "God Of Thunder", composé par Stanley mais chanté par Simmons sous pression d'Erzin. Ce titre a enfin donné un moyen au Démon de faire prendre corps à son personnage durant les concerts : sur scène, Gene crachera du sang en faisant hurler sa basse avant d'entonner sur un air malsain un titre qui lui collera définitivement à la peau.

Jusqu'ici, tout va bien... Jusqu'ici. En quatrième position dans la setlist débarque en effet la pire abjection de la KISSstory, la plus horrible abomination qui ne soit jamais sorti des sessions d'enregistrement du groupe, j'ai nommé "Great Expectations", un titre grandiloquent, popisant et d'un mauvais gout purement Erzinien qui n'a absolument rien à voir avec l'esprit de KISS. Le festival des expérimentations foireuses se poursuit avec "Flaming Youth" et l'indigeste "Sweet Pain", qui proposent des sonorités voulues bizarres ennuyeuses au possible. On en reste bouche bée.

Fort heureusement l'immense tube "Shout It Out Loud", qui prendra véritablement toute sa dimension en live, vient nous balayer tout ça histoire d'introduire deux classiques, la ballade "Beth", franchement vaseuse mais qui deviendra l'égérie du Catman et le tube "Do You Love Me" qui quoique surproduit est désormais considéré comme l'un des plus représentatifs de Paul Stanley.

"Destroyer" est un album archi, ultra commercial qui avait lors de sa sortie un seul et unique but : engranger du pognon et enfoncer le clou planté par "Alive!". Fondamentalement déséquilibré et incohérent, il contient de véritables morceaux d'anthologie mêlés à de la merde inécoutable made in Erzin qui a grandement contribué à pervertir l'esprit d'origine du groupe.

Personnellement, je colle 5/5 à "Detroit Rock City", "King Of The Night Time World", "God Of Thunder", "Shout It Out Loud" et "Do You Love Me" et un zéro pointé au reste, en épargnant éventuellement "Beth" par pitié pour Peter Criss. D'où ma note, 3/5 : un album bon en moyenne mais bien loin d'avoir l'homogénéité requise pour atteindre les sommets.