Il aura fallu que les deux tours jumelles du World Trade Center s'effondrent pour que TWISTED SISTER se reforme. Deux mois après les attentats du 11 septembre, la coqueluche des associations de parents, inactive depuis 1988, reprend le flambeau pour un grand concert avec, entre autres, ANTHRAX et OVERKILL, destiné à récolter des fonds pour diverses associations d'aide aux victimes. C'est un immense succès, le public en redemande et les fans, qui attendaient ça depuis 14 ans, réclament une reformation en bonne et due forme. Il n'en faut pas plus pour convaincre les membres de se rabibocher, et tout ce monde-là part sur les routes foutre le feu au Wacken et à divers autres festoches aux quatre coins du monde. C'est la folie, un best of sort en 2002 histoire de remettre les pendules à l'heure et, pour marquer le coup en attendant la sortie d'un nouvel album, Snider et sa bande décident de ré-enregistrer leur album culte "Stay Hungry" avec des moyens tout ce qu'il y a de plus contemporain. Mais comme jamais groupe aussi illustre ne saurait s'abaisser à un vulgaire coup commercial, pas moins de 7 nouveaux titres viennent s'adjoindre aux 9 pistes originales.

Le moins que l'on puisse dire c'est que TWISTED SISTER ne s'est pas foutu de notre gueule, au niveau de la production, dont il s'est cette fois-ci lui même chargé, le groupe a employé les grands moyens et on avait jamais entendu sa musique avec un son d'une telle puissance. Les premiers riffs du titre éponyme annoncent la couleur, on va en prendre plein les esgourdes, techniquement parlant tout le monde est au top et le tout s'enchaîne avec une maestria exemplaire. TWISTED SISTER bénéficie enfin d'une prod à la hauteur de la hargne de ses guitares, qui rehaussent ici particulièrement bien les performances vocales d'un Dee Snider en pleine possession de ses moyens. Le "Stay hungry" du 21ème siècle est plus "brut de décoffrage" que son ancêtre des 80's, la qualité de sa production ne rend en rien son son aseptisé et on a l'impression d'avoir affaire à un vrai bon hard rock old school bien burné. La voix de Snider nous est ici livrée à l'état pur, sans fioritures ni retouches additionnelles, sa puissance et son registre hargneux font ici mouche à tous les coups. Les cinq premiers titres sont un pur bonheur, Snider est magistral sur "Burn in hell" et "Horror teria", bien meilleurs que dans leurs versions d'origine, et on prend beaucoup de plaisir à redécouvrir les tubes "We're not gonna take it" et "I wanna rock" dans leurs versions mises-à-jour. Comme c'était déjà le cas, la suite souffre d'une légère baisse de régime, mais le son énorme permet un temps de faire l'impasse sur cette petite faiblesse, avec en prime un "The Beast" qui connaît une seconde jeunesse et sur lequel Snider, une fois n'est pas coutume, est au sommet de son art.

"Stay hungry" devenu "Still hungry" okay donc, ça déchire, la structure des titres n'a pratiquement pas changé d'un iota, les fans ne pourrons pas crier au sacrilège, et la production particulièrement contemporaine permet de redécouvrir les meilleurs tubes de TWISTED SISTER avec cette authentique puissance sonore qu'ils ont toujours mérités mais dont ils n'avaient encore jamais bénéficié. Les sept titres bonus ne sont pas en reste, c'est tout sauf du remplissage même si, bien sûr, ils ne sont pas à la hauteur des gros morceaux évoqués précédemment. Visiblement issus de la même sessions d'enregistrement, ils prennent la suite des neuf premières pistes de manière tout à fait naturelle. L'ensemble de la galette reste donc cohérent, rien n'a été laissé au hasard, les 16 titres forment un véritable ensemble soudé comme sur un véritable album.

Abordons maintenant les nouveaux enregistrements. "Never Say Never" est un titre typiquement SISTERien tout ce qu'il y a de plus classique, simplement efficace comme il se doit, qui ne s'essouffle pas aussi vite que "Blastin' Fast & Loud", titre de hard un peu lourdingue pas franchement intéressant et dont on se lasse rapidement. On passe véritablement aux choses sérieuses avec les survoltés "Come Back" et "Heroes Are Hard to Find", qui fleurent bon les sonorités de "Love is for suckers", tandis que "Plastic Money" renvoie plutôt au style de "Come out and play", avec son gros riff façon rouleau compresseur sur le refrain. "You don't cry", en revanche, s'éloigne des sentiers traditionnellement battus par le groupe pour s'aventurer dans les terres d'un hard rock classique et plus technique, où les soli de guitare ont la part belle. Le redoutable "Rock 'N' Roll Saviors" nous ramène à nos moutons en s'inscrivant directement dans la lignée d'un bon gros "Burn in Hell", à la fois sombre, lourd et théâtral au possible. Du très bon dans l'ensemble, ce qui m'amène tout naturellement à me poser la question qui suit.

Comment TWISTED SISTER a-t-il put se vautrer à ce point, deux ans plus tard, avec "A twisted christmas" après un aussi bon nouveau départ ? "Still hungry" a offert une véritable cure de jouvence au groupe, et donne l'impression qu'il était alors repartit sur les chapeaux de roue. L'énergie et la puissance de ses 7 nouveaux titres, son nouveau son particulièrement grisant, tout cela laissait évidemment augurer des meilleures choses pour la suite. Eh bien non, je vous laisse vous reporter à ma chronique de l'album en question pour prendre connaissance de l'étendue des dégâts. Cela n'enlève bien entendu rien à l'intérêt de "Still hungry", qui complète idéalement le best-of remasterisé "The Essentials" sorti en 2002. Mais ce groupe ne pourra pas toujours se borner à nous resservir du réchauffé, à un moment donné il va bien falloir qu'il nous ponde un véritable album studio digne de ce nom, ce qui semble être en cours au moment où j'écris ces lignes. Advienne que pourra !