En 1974, QUEEN sortira deux albums : "Queen II" et "Sheer Heart Attack". Si le premier ne jouit encore que d’un succès d’estime, le second ouvre de nombreuses portes vu les succès des singles "Killer Queen" en Grande Bretagne et "Now I’m Here" aux USA. Les témoignages live présents sur les éditions CD nous présentent le groupe après chacun de ces albums et permet de réaliser pleinement les progrès scéniques réalisés. Cela concerne surtout Freddie Mercury qui bien que faisant toujours montre d’une certaine timidité, monte grandement en puissance en se mettant le public dans la poche.

"Live At The Rainbow ’74" s’adresse avant tout aux fans. Aux vrais. À ceux qui n’en ont rien à foutre de la collection de tubes présentés sur les "Greatest Hits" et qui savent que bien souvent la vérité se trouve sur les albums, qui permettent de découvrir une richesse insoupçonnée et des premiers essais où l’émoi Hard Rock était très présent et caractérisait le son de QUEEN. Sur scène, la tendance est de durcir encore le ton. Brian May est aujourd’hui étonné chaque fois qu’il entend ces vieilles bandes, étonné par la façon Heavy qu’ils avaient d’interpréter leurs morceaux.

Pourtant ce n’est pas une mince affaire. Si en studio le groupe avait déjà tendance à cumuler certaines pistes, sur scène ce n’est pas possible et certains titres présentent leurs limites, à l’instar de "Ogre Battle", plus lente, moins frénétique. Et pourtant, là, elle délivre quelque chose de puissant et de malsain, presque Sabbathien. Elle se veut écrasante, et c’est du bonheur malgré tout. Le groupe parvient à adapter ses morceaux à la scène et la force de frappe est là, bien présente.

Imaginez un Live de QUEEN où la formation ose encore jouer des titres comme "Stone Cold Crazy", "Modern Times Rock’N’Roll", "Father To Son", qu’ils peuvent les contrebalancer avec des somptueux "White Queen" et "In The Lap Of The Gods... Revisited" à filer la chair de poule tellement l’émotion est prégnante. Cela fait rêver et c’est ce qui est proposé ici. Le second disque va encore plus loin en balançant des versions de "Great King Rat" et de "The Fairy Feller’s Master Stroke" qui en termes de raretés scéniques se posent là.

Contemplez surtout la prise d’assurance entre les deux prestations fournies la même année. Il y a clairement eu un déclic au sein du groupe, une prise de conscience plus nette du potentiel d’écriture et d’interprétation. Voler la vedette à MOTT THE HOOPLE alors que QUEEN assurait leur première partie ? Pas si facile et il fallait le confirmer. Et là, nous assistons vraiment à la naissance d’une bête de scène qui étrangement n’avait pas publié ses meilleurs Lives jusque-là. "Live At The Rainbow ’74", s’il existait sous divers noms en bootlegs, n’est sorti qu’officiellement en 2014 et présentait le QUEEN des origines. Celui que le Grand Public, finalement, ne connaît pas.

Pour ma part, il est l’enregistrement en public que je préfère de QUEEN. Le plus Hard, le moins prévisible. Deux gros hit singles, pas de tubes à tirelarigot, juste un groupe à ses débuts, avec sa détermination et une façon bien à lui de faire parler la poudre, en mâtinant son Hard Rock de Glam que ne renierait pas David BOWIE. On ne peut que dire amen à la justesse des chœurs et à la puissance rythmique développée par la paire Deacon/Taylor. En fait, s’il était sorti en 1974 directement, il aurait complètement éclipsé le Live d’URIAH HEEP paru l’année précédente, qui échoue là où ce "Rainbow ’74" réussit.