La pochette rappelle vaguement celle de la compilation "Killers", c’est dire à quel point elle est laide. En même temps, vu le titre de l’album, ça colle bien, mais quand même, faut être un brin tordu ou fétichiste pour la kiffer celle-là. En 2012, KISS revient une nouvelle fois sur le devant de la scène avec un nouveau disque, une nouvelle pierre à leur édifice, à leur gloire ou pour flatter leur ego. Parce qu’il faut convenir d’une chose, sous les paillettes et le maquillage, les rides se font de plus en plus prononcées.

Et Paul Stanley est fatigué. Cela s’entend. Sa voix déjà, mais ce n’est pas une surprise, "Sonic Boom" n’était déjà pas génial de ce côté-là. Mais là, même ses compositions sont mollassonnes, sans jus, peu inspirées. De la redite, encore et encore, avec de temps en temps un refrain qui sort un peu du lot (comme "Hell Or Hallelujah", mais ça reste du réchauffé). Mais peut-on lui en vouloir ? Sérieusement, non. Il a tenu la baraque pendant la quasi-totalité des années 80, bon an mal an, alors que Gene se laissait séduire par des sirènes extra-musicales comme le cinéma.

Mais Gene, alors là, pardon. Il assure sur "Monster". Ce qui n’était pas forcément le cas sur "Sonic Boom", où il avait l’air d’être en pré-retraite. Mais ici, il semble avoir retrouvé une seconde jeunesse et sa basse sonne comme jamais elle n’a sonné en studio : de façon mortelle. Écoutez "Back To The Stone Age" : le Gene, il n’en est jamais parti pour pousser un tel hurlement primal, celui de l’homme de Cro-Magnon qui a une rage de dent alors qu’un mammouth le piétine gentiment. Et cette basse qui claque ! Pour retrouver Gene dans un tel état de grâce, il faut retourner à l’époque de "Revenge" et de "Carnival Of Souls". Et mine de rien, ça faisait quinze, vingt ans.

Et heureusement qu’il porte une bonne partie de l’album sur ses épaules, le Démon Retrouvé, parce qu’il ne faut pas compter sur Tommy Thayer qui continue à singer pitoyablement Ace Frehley sur "Outta This World" qui pourrait presque être du plagiat tellement ça renifle le Spaceman des origines (pour moi, Thayer ne peut prétendre à ce rang, mais bon, les deux anciens, là, hein, Ace et Peter, quelle connerie d’avoir revendu les droits sur leurs personnages, sérieux quoi). Eric Singer s’en sort mieux, même si ça ne casse pas forcément des briques, mais sa voix fait plaisir à entendre, elle change un peu des autres en présence et il chante quand même bien, le bougre.

Dans les années 70, KISS avait supplanté ALICE COOPER pour leur côté bigger than life, leur démesure scénique et leur look de folie. Seulement, en 2011, le Coop’ revenait en force avec un "Welcome 2 My Nightmare" et même avec un an de décalage avec le Bisou, il continuait à leur coller une fessée des plus mémorable tant il bouffait KISS et laissait des morceaux de carcasses derrière lui sans la moindre empathie. "Monster", c’est du déjà-entendu, du déjà-rabâché, de la musique sans grande conviction, qui plaçait KISS sur la longue liste des groupes qui n’ont plus grand-chose à dire.