Et si le meilleur album live de KISS était acoustique ? Après avoir écouté ce "Unplugged", cela apparaît presque comme une évidence. Au-delà du décorum, de l’effet de mode lié à MTV et de la présence de Peter Criss et Ace Frehley, le groupe livre une prestation juste, à travers laquelle il véhicule des émotions via des morceaux divers et variés. Sans électricité, Stanley et les autres vont faire un sacré travail d’adaptation et ils vont se faire plaisir à travers des morceaux allant du premier album à "Revenge", le dernier opus en date, en faisant des escales parfois étonnantes et des écarts qui le sont tout autant.

Ici, KISS se fait parfois étrangement intimiste, parfois il démontre sa science du Rock’N’Roll avec des interprétations qui restent dynamiques, à l’image de "Domino", tiré de "Revenge" et qui prend ici une toute dimension, menée par un Gene Simmons qui en impose carrément. Il prend énormément de plaisir dans cet exercice pas toujours évident et cela s’entend. Que ce soit sur "Goin’ Blind" ou sur l’étrange "See You Tonite" échappé de son album solo de 1978, il assure. Et autant je trouve "A World Without Heroes" vraiment bancale dans sa version studio, autant ici je trouve ce qu’en fait Simmons vraiment réussi.

Quant à Paul Stanley, il semble parfaitement dans son élément. Avec un jeu de scène réduit à son strict minimum (c’est-à-dire : le cul planté sur une chaise), il peut vraiment se concentrer sur la guitare et sur le chant et lui aussi se montre brillant. D’abord, il va surprendre en nous ressortant "Sure Know Something" de derrière les fagots, ensuite il va tous nous coucher avec la puissance qu’il dégage sur "I Still Love You" (je vous ai déjà dit que c’est ma ballade préférée de KISS ? Non ? Ahah ! Je t’ai eu, va lire la kro-x de "Creatures Of The Night" tout de suite !). La version proposée sur le "Alive III" est entièrement annihilée par celle-ci.

Et Ace ? Et Peter ? Forcément, c’est l’extase quand les deux fripés arrivent. Sérieux, quand j’entends Frehley entamer "2000 Man" des STONES, dans une version qui reste toujours très Rock, je suis comme un dingue. Oui, il ne me faut pas grand-chose. Criss a la voix un peu plus fatiguée, mais il assure l’essentiel. Quand Kulick et Singer reviennent pour les deux derniers morceaux, c’est la folie dans le public et dans le salon aussi, on tient là un moment fort, où la vieille génération côtoie la nouvelle, avant de prendre sa place, comme ça ne se fait pas dans la nature normalement.

Difficile de ne nommer qu’un seul moment fort. En toute absence d’objectivité, je dirais "I Still Love You", mais je pourrais citer "Rock And Roll All Nite", "2000 Man" "Domino", "Sure Know Something" ou encore "Beth". Je pourrais également citer les trois-quarts de l’album tellement la prestation est intense, cette espèce de communion avec un public restreint, qui en profite pleinement et qui rend son enthousiasme au groupe. C’est un tout, un groupe, son public, une osmose, qui sonne bien plus sincère que la plupart des Lives électriques de KISS. Du tout bon.