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HARD ROCK  |  STUDIO

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1972 Rio Grande Mud
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1972 Rio Grande Mud
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1975 Fandango
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1979 Degüello
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1983 Eliminator
1985 Afterburner
1990 Recycler
1993 Antenna
1994 One Foot In The Blues
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- Style : Stocks, Glyder

ZZ TOP - Tres Hombres (1973)
Par DARK BEAGLE le 29 Octobre 2019          Consultée 4499 fois

Ouvrir le gatefold du vinyle ou découvrir le mince livret de l’édition CD de "Tres Hombres" a de quoi couper l’appétit. Certaines spécialités culinaires du Texas méritent d’être dégustées à une table familiale plutôt que dans un saloon graisseux avec de la tequila bon marché et un vieux qui crache dans un récipient en étain à côté de vous des glaviots noircis par la chique. Il faut dire que les mecs de ZZ TOP sont attachés à leur région et qu’ils savent très bien jouer avec les clichés. Souvenez-vous de la pochette de "Rio Grande Mud". Cependant, avec "Tres Hombres" (Trois Hommes), le trio va franchir une étape importante dans sa carrière.

Jusque là, la bande à Gibbons n’aura eu qu’un succès d’estime, très local, la faute à un hit single qui ne venait pas. À ce moment-là, le groupe jouait un Blues sale, qui sentait le sud et se voulait assez graisseux. Sur "Tres Hombres", ZZ TOP va rester sur une formule assez similaire. Le fonds de commerce, ça reste le Blues, électrique à souhait. Seulement, ici, les musiciens vont se montrer bien plus hargneux. Et de ce fait, l’album est sec comme un coup de trique, il est étonnement agressif, voire même vicieux à ses moments perdus. En trente trois minutes, la messe va être dite, sans précipitation, avec une espèce de langueur qui dissimule à grand-peine la sauvagerie des guitares ; le soleil a tapé un peu fort et cela exacerbe les passions.

La guitare de Gibbons va s’avérer particulièrement jouissive. Tour à tour tranchante ou plus mélodieuse, elle explose sur chaque morceau, tant elle transpire le talent de celui qui la manie. Billy Gibbons ne doit surtout pas être pris à la légère et pour se faire une bonne idée du potentiel du bonhomme, "Tres Hombres" est un excellent exemple. Il suffit de s’envoyer la doublette initiale, "Waitin’ For The Bus" et "Jesus Just Left Chicago" pour s’en prendre plein les oreilles. Ses deux titres sont irrémédiablement liés et sont en même temps deux facettes différentes du groupe. La première partie va jouer sur l’efficacité brute, avec un riff assassin qui s’ouvre sur un long solo qui ne l’est pas moins. Le duo basse/batterie délivre un groove simple, mais terriblement authentique tandis que la seconde va quant à elle se montrer plus sensible, plus subtile. "Jesus Just Left Chicago", à l’instar de "Have You Heard?" peuvent faire songer à ce que proposera le grande Stevie Ray VAUGHAN sur son premier effort solo, un Blues calme mais bien rythmé et surtout, très abordable.

Est-ce un hasard si MOTÖRHEAD reprendra quelques années plus tard "Beer Drinker & Hell Raisers" sur son album éponyme ? Certainement pas, tant ce titre transpire un Hard Rock radical, magnifié par la joute vocale entre Gibbons et Dusty Hill. Encore une fois, la guitare se veut rugissante sans pour autant fermer les portes à la mélodie, tenace. Mais à ce petit jeu, c’est "La Grange" qui remporte tous les suffrages. Encore aujourd’hui, "La Grange" est l’un des morceaux parmi les plus emblématiques de ZZ TOP, un titre mondialement connu, que l’on a tous entendu au moins une fois sans pour autant savoir qu’il s’agit d’une œuvre des Texans.

Pourtant, la chanson n’est pas forcément des plus originales. En effet, le thème ressemble pas mal à celui du "On The Road Again" de CANNED HEAT (1968) ou à ce que pourrait proposer la légende John Lee HOOKER, mais dans un registre plus agressif, venimeux. Cela commence doucement, avec Gibbons qui nous parle d’une maison close puis le riff nous arrive dans la tronche, cinglant, saignant, grandiose. Voilà ce qu’est un classique immédiat, un titre fédérateur. C’est d’ailleurs grâce à cette chanson que ZZ TOP va acquérir une notoriété hors de ses terres et connaître un succès mondial, même s’il faudra attendre "Eliminator" et sa série de tubes pour que les Texans deviennent des icônes. Mais réduire "Tres Hombres" à "La Grange" serait une terrible erreur.

Tout du long, les musiciens ne vont cesser de lâcher des brûlots, entrecoupés de morceaux plus calmes comme la ballade "Hot, Blue And Righteous" pour apporter un relief bienvenu à l’ensemble. "Tres Hombres", c’est dix titres pour trente-trois minutes et il n’y a rien de superflu là-dedans. Plutôt que de broder, le groupe va droit à l’essentiel, s’accordant un peu d’espace pour les parties instrumentales qui sont ravageuses (le solo de "Precious And Grace" est un petit bijou). Si les morceaux sont souvent directs et crus, le trio sait également les amener vers d’autres terrains, autrement plus glissants, en les dotant d’ambiances assez sombres, menaçantes, comme c’est le cas sur "Master Of Sparks", inquiétante à souhait.

"Tres Hombres" est l’un de ces disques, tellement compacts et inspirés qu’il n’y a rien à jeter dessus. C’est de l’écolo (la jaquette est verte !), du zéro déchet. En étant très tatillon, on pourrait lui trouver quelques menus défauts. Certains pointeraient même du doigt "La Grange" en parlant de plagiat, mais à quoi bon ? Le résultat est à la hauteur et pour le coup, je suis disposé à pardonner bien des choses à ZZ TOP, surtout dans les années 70 qui sont quasiment un sans-faute pour les Texans. "Tres Hombres" fait partie de ces grands disques de cette époque. Il est souvent à la lisière du Hard Rock, il ose parfois traverser la fine frontière entre notre musique et le Blues électrique et ce veut très accrocheur. À posséder absolument.

Ah oui et encore une fois, cherchez à privilégier un pressage vinyle ou la réédition CD de 2006, cela éviterait une grosse déception. À l’instar de "Rio Grande Mud", Warner avait proposé une version CD assez odieuse de cet album dans les années 80, où la batterie ne sonnait pas du tout de façon naturelle, afin de coller un peu plus avec le style pratiqué alors par le groupe, bien plus synthétique qu’authentique. Ici, une reverb excessive ne servirait pas à grand-chose, sinon à nuire grandement à l’esprit original de cet opus.

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   DARK BEAGLE

 
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- Billy Gibbons (chant, guitare)
- Dusty Hill (basse, chant)
- Frank Beard (batterie)


1. Waitin' For The Bus
2. Jesus Just Left Chicago
3. Beer Drinkers & Hell Raisers
4. Master Of Sparks
5. Hot, Blue And Righteous
6. Move Me On Down The Line
7. Precious And Grace
8. La Grange
9. Sheik
10. Have You Heard ?



             



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