Le Groove est énorme, faut donc apprécier la chose !

Après avoir conquit le monde entier avec "Eliminator" (1983) et "Afterburner" (1985), ZZ TOP se remit, progressivement, sur le rail vibratoire de ses racines, retirant un peu plus - chaque jour - le Rock grande écoute pour se réapproprier ce Blues qui suinte, qui grince, qui fait chaud au cœur… Progression lente mais salutaire. Retracez l’évolution musicale, en repartant de "Recycler" (1990), puis en passant par "Antenna" (1994), pour finalement arriver à ce "Rhythmeen" (1996) jubilatoire.

Moins populaire certes, plus confiné et en phase avec ses débuts sentant bon le retour aux "vraies" valeurs ; soit l’attachement des hommes (Billy, Dusty et Frank) pour leur terre (Texas).

C’en est fini des boîtes à rythmes et autres sons synthétiques froids et machinaux pour revenir au fondement, à la base. Attention, ce n’est plus le son des débuts. Mais bon, l’alliage de cette production moderne, cherchant à re-matérialiser les ambiances d’antan, est fascinante pour les amateurs que nous sommes. A quoi cela tient-il ? A cette touche que seul ZZ TOP est en droit de nous procurer. Efficace, facilement assimilée et allant droit à l’essentiel : faire bouger notre corps grâce aux instruments. Évidemment, les Américains ne révolutionnent plus dans l’innovation mais bien dans le savoir-faire indéniable que les fans du groupe - jeunes ou moins jeunes d’ailleurs car les premiers vont y voir une évolution et les seconds, une continuité interrompue quelque peu ! - bref ils vont tous le ressentir.

Et alors ? Eh bien, cette réunion du public va se traduire (se concrétiser) par des riffs simples, accrocheurs et pêchus. La batterie résonne d’un jeu groovy ; nous donnant, de-ci, de-là, des bouffées de chaleur par son incroyable mise en place, quoique soft mais authentique. Mid-tempo et contre-temps allant de soi (pas de sophistication, seulement un feeling qui nous atteint), voilà de quoi faire de ce "Rhythmeen" un classique du groupe.

Et puis, il y a ces voix. Rauques, graves et tellement suaves qu’elles caressent - plus qu’elles n’agressent ! - nos cages à miel, bourdonnant de plus belle à chaque nouveau titre. Tiens, à propos de ceux-ci, y en a-t-il qui ressortent du lot ? Oui et non, en tout cas, aucun ne choque. Disons que pour les amateurs de gros Blues qui tache, voyez en premier lieu "Vincent Price Blues", "Hairdresser" et "Prettyhead". Pour les standards du groupe, allez jeter un œil vers les trois premiers morceaux. Finalement, à bien y écouter de plus près, penchez-vous sur le cas de "My Mind Is Gone" qui a un je-ne-sais-quoi de différent…

Textes toujours rigolos et préférences pour les bons côtés de la vie (suffisamment rare que pour le dire et le redire aux vues de la production musicale mondiale et ce, quelque soit le courant…). Un bienfait auditif qui amène, quelque soit l’endroit où vous l’écoutez, une ambiance conviviale où nous nous détendons comme bon nous semble. N’est-ce-pas là, l’essentiel d’une vie ?