"Unia" c’était une sacrée claque ! Un loukoum gras et consistant difficile à ingérer d’une traite pour le fan de SONATA ARCTICA habitué à la légèreté et l’évidence des compositions de Tony Kakko composant sans doute le meilleur Speed Mélodique des années 2000. SONATA ARCTICA avait évolué, complexifié sa musique, diversifié ses influences et encore plus affirmé son caractère au prix bien entendu, comme d’habitude dans ce cas de figure, d’une césure au sein de la fan-base du groupe.

Du coup quand "The Days Of Grays" débarque avec en porte-étendard "Flag In The Ground" pour tromper son monde, on s’interroge. Les teintes de la pochette rappellent immanquablement "Silence" et ce single aurait pu figurer sur "Winterheart’s Guild" sans aucun problème. Mais c’est loin d’être le cas du reste de l’opus…
"Flag In The Ground" date de l’époque TRICKY MEANS, soit les balbutiements de la formation finlandaise qui pour le coup ressort une vieillerie des cartons pour montrer à son public qu’il sait encore faire du Spimélo. Et on ne peut qu’être déçu tant par la démarche que par ce single qui peine à se hisser au niveau des "Fullmoon" et autres "Don’t Say A Word" à l’exception du bridge où la voix de Tony fait merveille.

"The Days Of Grays" n’est pas vraiment un retour en arrière mais une tentative (très) approximative de pousser en avant avec des nouveautés réussies ("Zeroes") ou dans la veine de "Unia" avec "The Last Amazing Grays" ou encore le morceau de bravoure "Deathaura", avec ses enchaînements schizophréniques assez nouveaux pour SONATA ARCTICA avec Heavy Speed et ballades à l’ancienne ("Flag In The Ground", "Juliet").
On observera la démesure des arrangements presque symphoniques sur "Deathaura" et quelques autres. Toutefois, et comme on le remarque souvent depuis quelques années chez les formations tentées par ce type d’orchestration, il serait temps de foutre la paix à Danny ELFMAN tant on frise parfois l’exercice de style pompeux et inutile qui vient rompre l’équilibre d’un morceau ("The Last Amazing Grays") pour se concentrer davantage sur ce que le groupe sait faire, sa personnalité étant amplement suffisante comme "Unia" l’a si bien démontré.

On regrettera également l’absence totale d’apport au niveau musical du nouveau guitariste Elias Viljanen, qui, s’il s’avère un interprète remarquable, n’apporte aucun infléchissement à la musique composée par l’omnipotent Tony Kakko qui, lui, n’aura jamais autant chanté du nez que sur cet album (le rhume arctique sans doute). En tentant d’obtenir le meilleur des deux mondes, SONATA ARCTICA a sorti un opus bien bancal qui ne survit au naufrage que grâce au songwriting avisé qui a toujours été le sien et qui permet d’écouter l’album d’une traite sans s’ennuyer (et c’est déjà pas si mal).

Note réelle : 2,5/5.