BLIND GUARDIAN ne perd pas de temps et met en boîte son deuxième album entre deux cuites. Et le problème, cela s’entend un peu. Oh, il n’y a pas vraiment de ratés monumentaux, mais on sent clairement que le groupe a eu moins de temps pour affuter ses morceaux, pour se les approprier pleinement avant de les mettre en boîte. Et de fait, certains sacrifices ont été faits et pour le coup, ce n’est pas dans la demi-mesure.

Alors pour faire simple, on pourrait virer le terme Speed Metal sous la pochette pour le remplacer par Thrash parce que limite, c’en est. Ou alors, c’est drôlement bien imité. "Inquisition" va très rapidement brouiller les pistes (et va donner de solides indications quant aux faiseurs d’ambiance qu’allaient devenir les musiciens) pour que "Banish From Sanctuary" nous ramène vertement à la réalité. C’est rapide, c’est bourrin, ça ne fait pas de quartier et il y a un petit côté jouissif qui s’en dégage mine de rien.

Le groupe ne décélère quasiment pas. Ça cogne comme un sourd par là, ça riffe comme si demain n’existait pas par ci, ça chante tant bien que mal un peu partout. Quand les tempi ralentissent, le résultat n’est pas forcément des plus concluants. Si le title-track contient de bonnes idées, la mélodie générale semble un brin maladroite et il faut attendre les chœurs pour que la tension commence à monter. Et quid de la présence de Kai Hansen ? Dispensable, c’est plus un coup de pub qu’autre chose finalement, mais le titre où il apparaît, "Valhalla", est suffisamment bon pour que ça ne passe crème (oui, je ne suis plus autant pro-Hansen que lorsque j’avais douze ans…).

Au final on tient un disque plus balourd que le premier, qui possède un peu moins de charme, mais qui a le mérite de faire rebondir le groupe qui va rectifier le tir, trouver les moyens pour accrocher leurs ambitions sur bande. Après, "Follow The Blind" est-il vraiment un étron ? Non, ce serait pousser mémé dans les orties. Il y a des choses intéressantes qui transparaissent, qui deviennent évidentes quand on s’accroche et que l’on gratte un peu la couche de riffs. Les temps vont bientôt changer et le Power Metal connaîtra quelques-unes de ses pages les plus glorieuses.