La pochette est marquante. Pas dit que le groupe puisse en ressortir une aussi machiste de nos jours sans se prendre les foudres des différentes ligues féministes. Cependant, elle dégage quelque chose ; une sexualité terrible, pas vraiment prédatrice, mais sûre d’elle, conquérante. D’ailleurs, difficile de ne pas faire le rapprochement entre le titre de l’album et un quelconque symbole phallique. On est comme ça chez KISS. Surtout chez Paul Stanley et Gene Simmons d’ailleurs.

Mais voilà, à parler de cul comme ça et à se vanter, il faut se montrer à la hauteur. À promettre monts et merveilles, on se met une pression formidable et la panne n’est jamais très loin, ou la prestation digne d’un collégien qui découvre le pouvoir de Playboy sur sa main droite (ou la gauche). Ou YouPorn, vivons avec notre triste temps. Il ne faut pas décevoir sous peine de vivre une expérience effroyable pour l’ego. Mais KISS va s’en sortir admirablement, tel un… Euh… Un éléphant de mer face à son harem. Ne rigolez pas, vous n’avez jamais vu de documentaire animalier ?

"Love Gun", c’est la quintessence de ce qu’a pu proposer KISS jusqu’à maintenant. Des refrains puissants et fédérateurs (mention spéciale pour "I Stole Your Love" qui est certainement l’un des refrains parmi les plus racés qu’a pu nous pondre Stanley, alias le Hitmaker), des riffs appuyés ce qu’il faut pour être irrésistibles, un groove qui donne envie de bouger son cul. Les morceaux se succèdent et à chaque fois c’est une nouvelle bifle. Pardon, gifle.

Ace Frehley, muet sur "Rock And Roll Over", prend ici sa revanche en écrivant le Heavy "Shock Me" et en le chantant, ce qui est une première pour le guitariste. Il est vraisemblablement le moins bon chanteur des quatre (Peter Criss se défend plutôt bien sur le costaud "Hooligan"), mais il s’avère parfait pour ses morceaux, souvent plus lourds, plus « méchants » que ceux de ses compagnons. Et si sa prestation dénote un peu par rapport à celle des autres, il n’a pas à en rougir, il apporte une couleur nouvelle à la formation.

"Love Gun" est juste un album brillant, qui gomme tous les défauts des premiers et met en avant toute la substance, toute la gouaille dont KISS sait faire montre. Il se veut terriblement Rock’N’Roll, Hard, voire Heavy par moments, mais sans compromission, sans ballade. Juste de la sueur, des larmes et du stupre, tout ce que l’on attend du cirque dont les membres ne semblent vivre que pour l’entertainment.