Quelle année pour HELLOWEEN. Entre la compilation "Death Metal" qui voit "Oernst Of Life" et "Metal Invaders" publiés pour la première fois, et un EP monumental en mars 85, le premier album d'HELLOWEEN voit le jour en octobre chez Noise Records. Reprenant l'amusant jingle de l'EP aux sons de trompettes synthétiques (les trompettes de Jericho ?), on sent que le groupe dispose d'un petit peu plus de moyens. En outre le chant de Kai Hansen a beaucoup progressé, juste et maîtrisé même s'il ne peut prétendre rivaliser avec les ténors de l'époque. La qualité d'exécution, en quelques mois a aussi considérablement évoluée et si l'aspect offensif du groupe est toujours présent, on sent qu'HELLOWEEN commence à maîtriser sa lourde artillerie.

Toutefois, si la majorité des titres était prête depuis l'époque de l'EP (je pense à "Gorgar" ou "Phantoms Of Death" qui datent de l'époque SECOND HELL, ou encore "How Many Tears" que Weiki a déjà en partie écrite en quittant POWERFOOL), cela fait court pour proposer un album complet aussi ultime que l'EP fondateur.

Et bien avec huit boulets de canon et une intro, HELLOWEEN n'est pas passé loin du sans-faute, mais "Metal Invaders", joué dans une version plus rapide que sur la compilation "Death Metal" et "Phantoms Of Death", malgré leurs qualités mélodiques et leur riffing inaltérable peinent à égaler les "Victim Of Fate" et autres "Murderer" de l'EP. Toutefois il y a une volonté de diversifier un peu pour éviter une trop grande linéarité (notamment ces rafales en ternaire sur "Phantoms Of Death"). C'est d'ailleurs désarçonnant quand le résultat n'est pas pleinement satisfaisant ("Reptile") mais la facette happy du groupe en profite pour faire son apparition quand Kai Hansen s'exprime sur un jeu d'arcade nommé "Gorgar" avec cette petite œillade à Edvard GRIEG pendant le solo, portant les germes du futur "Dr Stein".

Mais "Ride The Sky" et sa double grosse caisse quasi ininterrompue (Ingo Shwichtenberg se surpasse, faisant passer le "Fast As A Shark" d'ACCEPT pour de la Pop), sa mélodie intemporelle et l'interprétation magistrale de Kai Hansen, ou encore "How Many Tears" avec son pont dantesque, son refrain hymnique et son passage solo ébouriffant où l'alchimie Weikath/Hansen est largement palpable, le Speed Metal vorace de "Heavy Metal (Is The Law)" enregistré en faux-live où l'on peut apprécier les talents de quatre-cordistes de Markus Großkopf ou le Power Metal déjà racé de "Guardians" au refrain entêtant, voilà de quoi rendre ce premier album mythique. La mutation du Speed vers le Power est bientôt achevée, il faudra moins de deux ans pour ça.