Les dernières sorties de GAMMA RAY et HELLOWEEN n'étaient pas fameuses. Ainsi, la réunion de cet HELLOWEEN "United" était peut-être la meilleure chose qui pouvait arriver aux Hambourgeois. Avec un batteur incroyablement puissant et doué, inépuisable et doté d'une mémoire impressionnante, un trio de guitares qui a su se trouver, même si sur ce nouveau titre, Weiki est supplanté par Sascha et Kai, et surtout un trio de vocalistes absolument redoutable car rassemblant trois des voix les plus emblématiques du style (et encore, Kai Hansen a connu de meilleurs jours), et d'un bassiste qui a même droit à son moment de gloire, l'éponyme "Helloween" qui se fait encore attendre pour juin, se révèle au travers de la seule pièce écrite pour le disque par le fondateur du Power Metal.

Mais attention, y en a douze minutes quand même ! Enfin presque. Ce single nous présente la version du clip, éditée, et la deuxième piste une version complète où les vocaux sont distribués différemment de celle qui sera incluse sur l'album. Et y a déjà de quoi causer. En effet, en bons vieux pirates des années 2000, cela faisait un moment qu'on cherchait le moindre bout de son qui nous permettrait de goûter du bout des lèvres le successeur de l'encourageant "Pumpkins United". J'ai commencé par tomber sur un leak de Fredouille (toujours dans les bons coups), extrait d'une vidéo depuis rapidement supprimée. Le son y était moyen mais présentait la version complète de "Skyfall" ; il s'agirait de la fameuse deuxième piste avec les vocaux qui diffèrent selon les passages.

Alors je suis d'avis que la version edit propose une expérience plus percutante, plus folle et plus rafraîchissante que la version complète, mais cela se fait bien sûr au prix d'un couplet complet, de nombreux passages guitaristiques et surtout, surtout, cela escamote la superbe montée en puissance finale qui me file des frissons, entre les aigus posés et étincelants de Michi, le chant volontaire et épris de liberté de Kai et les saillies agressives magistrales d'Andi Deris, toujours au top de ses aptitudes (Andi a une façon dire "Universe" qui marche admirablement bien chez moi).

Le titre en tant que tel, complet donc, sans parler de l'analyser, il faut un peu se familiariser avec, car il est généreux, peut-être même trop. Il y a sept artistes qui s'expriment et de la place pour chacun. Le jeu vocal est le plus saisissant, c'est une joute homérique entre trois signatures vocales très personnelles, même si on observe que dans le registre le plus agressif, il est facile de confondre Andi et Kai. Le premier est un véritable caméléon, capable d'harmoniser à la tierce les aigus de Michael Kiske ou encore d'envoyer des salves vicelardes à la Blackie Lawless pas piquées des hannetons, et le second a un timbre particulier, usé mais toujours aussi plaisant (notamment le passage cool du milieu sur lequel il prend le lead).

L'alternance de passages chantés et instrumentaux est plutôt équilibré, il y a un côté narratif qui rappelle fatalement l'épique "Keeper Of The Seven Keys", mais étrangement je lui trouve bien davantage de points communs avec les compositions du genre plus récentes comme "King For A Thousand Years" ou "Nabataea" (notamment le passage à 4:00). Mais c'est hyper dense, au point que cela peut sembler bordélique. Pour être franc, je ne savais pas quoi en penser après la première écoute, hormis quelques climax si bien négociés et cette sensation d'écouter enfin un HELLOWEEN complet, qui possède tous les atouts dans sa main. Même si mon premier réflexe a été de trouver que Kai n'avait pas abandonné le recyclage, le refrain de "Skyfall" me rappelant beaucoup le passage qu'il chantait sur le "Seven Angels" d'AVANTASIA. Ce refrain, il est très classique, mais il fonctionne bien, un peu comme celui de "Pumpkins United".

Tout ça pour dire que si j'avais dû écrire sur "Skyfall" il y a une ou deux semaines, j'aurais probablement pas laissé passer davantage que 3/5, mais je suis désormais plus qu'impatient d'écouter la suite, et "Skyfall" a su me dévoiler ses atours, et j'écoute avec autant de plaisir les deux versions, mais pas forcément pour y trouver la même sensation, ce qui est assez fascinant dans un sens car il s'agit de la même œuvre, mais présentée différemment. Et petite réflexion personnelle ; je suis d'ores et déjà satisfait et rassuré sur un point : les retours de Kai et Michi n'ont en rien éclipsé les autres membres d'HELLOWEEN (le premier solo de guitare, le plus remarquable d'ailleurs, est signé Sascha Gerstner), et l'unité est compacte et cohérente. Que deux artistes de cette trempe se mettent au service d'un collectif c'est une leçon d'humilité. Mais cela on avait déjà pu le remarquer sur la tournée "United Alive".