Dans la série « les albums les plus inconcevables issus de groupes que l’on pensait au-dessous de tout soupçon ou presque », je demande "Risk" ! Ah ! Voilà un disque qui porte bien son nom, parce que le père Mustaine, il a pris un gros risque à le faire. Bon, prenons les choses dans l’ordre. Quand on vous dit MEGADETH, vous pensez à quoi ? À du Thrash, à un roquet qui aboie férocement et qui considère que votre mollet fait un urinoir tout à fait potable, à Vic Rattlehead, la mascotte qui réunit les trois singes de la sagesse en un squelette, à des soli qui défrisent les poils du cul tellement ils fusent dans tous les sens ? Ouais, grosso modo ce que l’on trouve à la définition de MEGADETH dans n’importe quel bon dico.

Mais "Risk"… Allez, pour tout vous dire, je crois que son écoute en 1999, la semaine qui a suivi sa sortie, m’a filé mes premiers cheveux blancs. J’en ai vu des films d’horreurs flippants, j’en ai lu des livres qui m’ont fait passer des nuits blanches, mais entendre Dave Mustaine se prendre pour Jon Bon Jovi, ça a été une sacré limite de dépassé. C’est comme si notre Megadave a été fait eunuque et que ça l’avait calmé. Ouais, comme un chaton turbulent devient subitement calme avec la collerette de la honte. Bon, c’est un brin exagéré, mais on ne l’a pas souvent vu aussi euh… Serein ? Détendu ? notre rouquin préféré. Sérieux, à la première écoute, j'aurai préféré un concept album sur le jeu de société du même nom...

Bon, il faut dire aussi que venant de Dave, le choix de Dann Huff à la production, c’est une idée qui peut paraître saugrenue, jusqu’à ce que l’on se souvienne que Mustaine ne se cachait pas de vouloir faire du pognon. Il y a plus louable comme motivation, mais c’est une motivation comme une autre. Mais pas dit que le vieux fan, déjà échaudé par les sautes d’humeurs présentes sur "Cryptic Writings" y trouve son compte. Le son est lisse, sans aspérité, pas même une petite écharde pour se piquer parce que mine de rien, le masochisme a quelque chose de bon. Enfin si, il y en a une, mais elle écorche d’une façon pas très agréable. Vous savez, le genre de plaie qui suppure et qui conduit à l’amputation.

"Risk" sonne comme du Hard Rock, pas comme du Heavy Metal. Il faut dire que les pointes de vitesse, ici, c’est aussi rare qu’un homme politique honnête. Et forcément, pour de nombreuses personnes, c’est la frontière que Mustaine n’aurait jamais dû franchir. Franchement, elle serait plutôt à trouver du côté de la pochette, cette frontière. Parce que finalement, musicalement, s’il y a de bonnes idées, si c’est bien joué et qu’il y a des idées, ce n’est que du darwinisme en fin de compte. Mais cette jaquette ! Madre de Dios ! Elle pique les yeux et donne envie de se les laver à la javel tellement elle est moche quoi. Celle de "Peace Sells...", qui date de 1986, lui met une telle misère que c’en est indécent. Mais bon, avec MEGADETH, c’est toujours un peu au petit bonheur la chance les illustrations. Ed Repka a quand même bien dû ricaner en voyant celle de "Risk".

Quant au darwinisme, il y a quand même une couille dans le potage. Il y a de bons titres sur ce "Risk". Il y en a même des très bons (si, si), mais certains auraient mérités une production un peu plus Heavy pour gagner en impact, comme "Prince Of Darkness", un peu mollassonne. Puis il y a ces morceaux que l’on n’attend absolument pas de la part de la part de MEGADETH, comme "I’ll Be There" ou "Time : The Beginning", mais qui ne sont pas dénués d’intérêt non plus. En revanche, la suite de cette dernière, "Time : The End", est d’une férocité qui finalement n’a pas lieu d’être sur ce disque, au point d’en être incongru. Et encore, quand je dis férocité, hein… Un peu plus Heavy que la moyenne quoi. Mais pour autant, "Risk" n’est pas la purge mille fois décrite et il n’est certainement pas un chef d’œuvre caché à réhabilité. C’est… Un disque, quoi. Qui s’écoute. Comme ça, en musique de fond, pour passer le temps ou pour prouver à sa grand-mère qu’on n’écoute pas qu’une musique de brute.

Bon, si Dave Mustaine a envie de se prendre pour une princesse qui chevauche une licorne qui pète des arcs en ciel, pourquoi pas ? MEGADETH est sa chose, il en fait ce qu’il en veut, pour le meilleur et à partir de là, vraiment pour le pire. "Risk", c’est l’instantané d’une époque ET d’une idée à la con, en définitive. Mais Megadave est suffisamment doué pour réaliser un produit certes bâtard, mais pas totalement dénué d’intérêt. Mais bon, faut quand même voir à ce que ce genre de connerie ne se reproduise pas trop souvent…