"From The Inside" était un bien bel album, qui n’aura pas connu le succès malheureusement. Cela n’arrangera pas les addictions de Vincent Furnier qui se lance dans les années 80 avec quelques idées, dont certaines en surprendront plus d’un. En effet, sur "Flush The Fashion" semble présenter un artiste différent, en phase avec son temps. Il va cette fois-ci faire appel à Roy Thomas Baker pour la production. Ce dernier a travaillé avec QUEEN, ainsi qu’avec THE CARS qui avait remporté un joli succès avec son album éponyme en 1978.

Contre toute attente, ALICE COOPER va sonner plus Hard Rock sur ce disque, mais pas que. Il va vraiment capter divers courants plus modernes et rentrer de plein pied dans cette nouvelle décennie, comme l’indique d’ailleurs sans la moindre discrétion le logo sur la pochette. L’artiste va de l’avant et ça ne fera pas que des heureux. On avait déjà compris que Vincent Furnier possède un sens de l’opportunisme assez développé. Sur "Welcome To My Nightmare" ou "Goes To Hell", il avait su capter les modes de l’époque, la Soul, le Funk, et il n’avait pas hésité un instant à les incorporer à sa musique.

Ici, il va faire pareil. Avec une certaine réussite, quoi qu’on puisse en penser. "Clones (We’re All)" tape sans vergogne dans la New Wave, avec une frénésie qui n’est pas sans rappeler le "Scary Monsters" de David BOWIE. On notera aussi l’urgence de quelques morceaux, comme sur l’étrange "Leather Boots" ou le plus rentre-dedans "Nuclear Infected", aux relents punkoïdes qui pourraient être rédhibitoires mais qui passent très bien. Pain, quant à elle, renvoie de temps en temps à QUEEN, on sent la touche de Roy Thomas Baker à ce niveau. Et le plus drôle, c’est que ça passe bien. Enfin, drôle. On n’attendait pas Furnier dans ce registre.

D’ailleurs, le Vincent chante de façon très différente sur ce disque. On le reconnaît sur certains titres, avec son alternance de voix claire et l’approche macabre qu’il manie comme personne, mais il va aussi explorer, tester, s’aventurer vers des sentiers qu’il n’avait pas exploré avant. Comme un caméléon, il s’adapte à son environnement. Non, il ne change pas de couleur, mais il capte les couleurs actuelles avec un certain brio.

Bien sûr, l’orientation moderne et forcément opportuniste ne va pas plaire à tout le monde. Pourtant, il y a une certaine justesse ici. "Flush The Fashion" est un disque mal-aimé et pourtant, il a du charme, voire du chien, même. ALICE COOPER tente de survivre et il n’aura de cesse à partir de ce moment de toujours suivre les tendances du moment pour ne pas disparaître corps et bien. On oublierait presque que ce disque ne fait même pas trente minutes tellement il nous surprend aux premières écoutes.

Note réelle : 3,5/5, monté à 4 parce que parfois, l’opportunisme, ça a du bon.