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HARD ROCK  |  STUDIO

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URIAH HEEP - Salisbury (1971)
Par DARK BEAGLE le 30 Avril 2018          Consultée 7272 fois

Dans un monde juste, URIAH HEEP devrait être bien plus populaire que DEEP PURPLE. Seulement s’il y avait une justice dans ce monde cela se saurait et nous devons tous faire avec nos petites frustrations. Pour URIAH HEEP, ce sera d’avoir souvent été considéré comme un second couteau de la scène Hard Rock et de ne pas avoir été plus pris au sérieux que ça durant ses premières années malgré des albums d’une qualité rare, aujourd’hui considérés comme des classiques du genre. Au début des seventies, le groupe enchaînait les albums et les tournées à une vitesse folle et ce en continuant de produire des enregistrements de qualité. Aussi, "Salisbury" voit le jour un peu plus de six mois après "Very ‘Eavy… Very ‘Umble", un premier essai haut en couleurs.

La formation, et Ken Hensley en particulier, ne l’ont jamais caché : l’artwork est le point sensible de ce disque. Un char d’assaut pris dans une brume orange, voilà de quoi inspirer le roman "Fog" à James Herbert, mais pour faire rêver l’auditeur lambda, on repassera. Un tank, finalement, ça inspire un truc balourd et sans finesse (ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit au sujet de "Panzer Division Marduk", même si je le pense un peu trop fort). Cela représente assez mal la touche de finesse qui se dégage de la musique pratiquée par URIAH HEEP.

Celle-ci a évolué depuis le premier album. Ken Hensley s’est imposé comme le compositeur principal et il va grandement contribuer à créer une véritable osmose entre la guitare et les claviers, en accordant beaucoup d’attention aux mélodies, qui deviennent ici primordiales, un peu au détriment de la puissance brute, il faut bien en convenir. L’exception qui vient confirmer la règle est la chanson "Bird Of Prey", qui date en réalité des sessions d’enregistrement du premier album (on la retrouvait d’ailleurs sur le pressage américain de "Very ‘Eavy… Very ‘Umble"). Mais il ne faut pas conclure que URIAH HEEP devient mollasson pour autant. La guitare reste toujours très présente et Mick Box est loin d’être un manchot dans ce domaine.

Avec Hensley, il va mener la danse, plaquant des riffs solides, délivrant des soli justes et bons, bien que loin des fulgurances et des influences de Ritchie Blackmore. Mais la musique du HEEP évolue, elle se veut plus raffinée et le côté Heavy du premier essai s’estompe donc et cela va permettre à un chanteur de s’affirmer avec classe : David Byron est tout simplement brillant et les chœurs, qui vont devenir une marque de fabrique du groupe, viennent rehausser l’ensemble avec beaucoup de classe et de subtilité. Les parties vocales vont alors prendre une dimension forte, que se soient sur les titres les plus Hard Rock ("High Priestess") ou sur les moments les plus calmes ("The Park").

URIAH HEEP va alterner les morceaux rentre-dedans ("Bird Of Prey", "Time To Live", "High Priestless") et les ballades raffinées ("The Park", "Lady In Black") sans se perdre. Le groupe avance d’un pas conquérant, alignant les titres avec justesse. Il sait aussi sortir de sa zone de confiance pour se risquer sur des terrains où on ne l'attend pas forcément. Ainsi, "Lady In Black" est un titre d'une simplicité confondante, un Folk lumineux, mais un Folk joué par des rockeurs, avec une guitare qui se veut plus lourde tandis que le chant est à se damner tout du long. Une grande performance, une ballade comme on aimerait en entendre vraiment plus souvent.

Mais "Salisbury" c’est également – et surtout - son title track, une composition majestueuse de seize minutes, où les claviers et la guitare se marient comme rarement. Le point d’équilibre n’est jamais rompu, même quand les cuivres et les instruments à vent se mêlent à l’ensemble pour apporter un souffle épique. Toute la partie musicale est parfaite, d’une beauté troublante et cela monte encore en puissance quand David Byron chante. Les couplets ne prennent pas beaucoup de place, mais ils sont rehaussés par ces fameux chœurs, superbes, qui n’ont pas grand-chose à envier à ce que proposera QUEEN par la suite (et c’est un grand admirateur du travail effectué par QUEEN qui vous le dit).

"Salisbury", c’est un classique du Hard Rock, sans contestation possible (enfin si, elle est toujours possible, nous sommes encore dans un pays libre après tout). Après un "Very ‘Eavy Very ‘Umble" déjà réussi et plus foncièrement rentre-dedans, URIAH HEEP s’affine et propose une musique à la fois intelligente et sensible, pour ne pas dire brillante. Les musiciens font preuve d’un savoir-faire certain et Ken Hensley fait figure d’homme providentiel, lui qui était arrivé sur le tard au sein de la formation britannique. Et si la pochette ne traduit pas la beauté de la musique jouée ici, si elle semble tourner en ridicule le travail effectué par le groupe, il faut laisser une chance à cet album qui mérite mieux qu’une reconnaissance tardive.

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   (3 chroniques)



- David Byron (chant)
- Mick Box (guitare)
- Ken Hensley (claviers)
- Keith Baker (batterie)
- Paul Newton (basse)


1. Bird Of Prey
2. The Park
3. Time To Live
4. Lady In Black
5. High Priestess
6. Salisbury



             



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