Ah les albums-hommages… Qu’est-ce que ça peut m’énerver ces trucs. La plupart du temps, il s’agit juste de rassembler quelques grands noms du Hard Rock et/ou du Metal pour pondre un truc complètement aseptisé, réalisé à l’arrache et ayant pour seul objectif de faire un coup commercial, histoire de remplir les poches de la maison de disque à son initiative. Vous comprendrez donc aisément que même en présence d’un album enregistré en hommage à mon artiste préféré, je ne pouvais qu’appréhender ce « tribute » avec force scepticisme. Bien m’en a prit, au final j’ai évité la déception, et le résultat s’est même avéré être, surprise, moins mauvais que je ne l'imaginais.

Pour la petite histoire, cette compilation – car c’est bien d’une compilation qu’il s’agit, n’allez surtout pas vous imaginer que ce truc forme un ensemble cohérent – est une œuvre de la maison de disques Cleopatra Records. La liste des quelques grands noms convoqués pour l’occasion, parmi lesquels plusieurs bon potes au père Furnier*, est pour le moins alléchante. Citons, pêle-mêle, Ronnie James Dio, Bruce Dickinson, Dave Mustaine, Dee Snyder, Slash, ou encore les groupes ICED EARTH, MÖTLEY CRÜE et CHILDREN OF BODOM. Bref, au moins de ce point de vue-la, on ne s’est pas foutu de notre gueule, on n’est pas allé chercher les clampins du coin pour rendre hommage à ce très grand monsieur qu’est ALICE COOPER.

Mais qu’en est-il du contenu de la galette en elle-même ? Eh bien, compilation oblige, il y a à boire et à manger, comme d’hab’. On trouve donc quelques bons titres, pas mal de déception et deux ou trois ratages complets sans intérêt. Au risque de me répéter, j’insiste sur le fait qu’il n’y absolument aucune cohérence d’ensemble liant les différentes reprises entre elles : selon toute vraisemblance, les groupes et les diverses personnalités isolées rassemblées en petits groupes de travail distincts ont bossé chacun dans leur coin, ont remis le résultat de leurs travaux à la production et s’en sont retournés chez eux sans se prendre la tête plus que ça. Le fan que je suis ne peut que désapprouver ces pratiques, le prince des ténèbres étant en partie connu pour son amour des albums conceptuels, qui ont constitué pour la plupart d’entre eux les plus beaux succès de sa carrière. C'est déjà un mauvais point difficilement négligeable pour qui connait suffisamment l'artiste.

Les bonnes reprises ne sont pas légion, mais fort heureusement, elles ne constituent pas pour autant des exceptions. En première ligne, la très bonne ressucée de "Welcome To My Nightmare" apporte entière satisfaction. Chanté par un Dio bluffant, troquant ses sonorités jazzy pour une ambiance plus électrique, le grand classique du COOP se retrouve ici dignement toiletté. Carton plein, également, du côté de "Dead Babies", repris par ICED EARTH qui a fait, sans surprise, le pari d’un virage plus rock, mais en conservant cette ambiance sinistre et malsaine qui fait tout l’intérêt du titre. A ce stade du disque, on en redemande. Excellente surprise – la seule vraie surprise de l’album en fin de compte – du côté de la piste cinq, avec une version totalement revue et corrigée de "Bed Of Nails", un titre que s’est littéralement accaparé CHILDREN OF BODOM. C’est bien simple, la bande à Laiho a ingéré cet extrait de "Thrash", l’a goulument ruminé et l’a recraché sous une apparence méconnaissable. Au final, on dirait un pur produit COB, délire garanti ! Très très bonne reprise, également, de "Roses On White Lace" de la part du groupe de Heavy Metal ICARUS WITCH, avec à la gratte Michael Romero, guitariste de SYMPHONY X. COOPER avait déjà tenté un virage Heavy avec ce titre emblématique de "Raise Your Fist And Yell" : la mutation est ici clairement achevée à un rythme effréné et dans une ambiance de folie.

Dans un autre registre, d’autres reprises sont marquantes sans pour autant atteindre l’excellence. On pense notamment à "Billion Dollar Babies", entonné par Phil Lawis, la voix des L.A. GUNS, à "Eighteen", redynamisé par Don Dokken, et à "Only Women Bleed", qui se paye rien de moins que la collaboration de Glenn Hughes. D’autres, bien qu’exécutées par des stars, sont de vraies déceptions. "Go To Hell" est musicalement totalement foiré avec ses débilités crypto-indus, et plombe carrément la prestation vocale de Dee Snyder (TWISTED SISTER), pourtant pas mauvaise. Gros coup de blues également du côté de "Cold Ehtyl", mollement réinterprété par des MÖTLEY CRÜE en pilotage automatique et notamment par un Vince Neil visiblement peu inspiré. Le reste de l’album n’a aucun intérêt, en ce sens qu’il ne s’agit que de versions réenregistrées qui n’apportent rien aux compositions d’origine. Rien de rien, même "Black Widow" repris par Bruce Dickinson, même "School’s Out" repris par Dave Mustaine… C’est dommage mais bon, le fait de tenir le micro aussi bien au sein d’IRON MAIDEN que de MEGADETH ne dispense pas de faire preuve d’un minimum d’imagination.

Que dire de plus ? Cette énième compilation-hommage peut constituer une curiosité intéressante pour le fan averti, mais très franchement, pour le commun des mortels, ça n’a absolument aucun intérêt. C’est comme une mauvaise boîte de chocolats : l’emballage est super chouette, on annonce plein de trucs sympas sur la boîte et au final, la moitié des petites gâteries sont dégueulasses. Cette comparaison assez médiocre résume plutôt bien l’intérêt de ce "All star salute"…

2,5/5