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HARDCORE MéLODIQUE  |  E.P

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NOFX - The Decline (1999)
Par CANARD WC le 25 Janvier 2010          Consultée 5545 fois

« Love Story » par exemple, ça me fait rien. Peut bien crever d’une leucémie l’autre cageot en balançant toutes les bisounourseries du monde avec sa tronche de Sainte-Nitouche. De marbre, le Canard. Pareil quand William Wallace dans « Braveheart » crie «libbbbbbbbeeeerttttttttttééééé» après s’être fait charcuter par les méchants Anglais, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Bref, vous pouvez m’appeler « Canard Heart of Steel ». C’en est presque un problème si vous voulez tout savoir (si, si vous voulez tout savoir), genre à l’enterrement d’un proche ; j’ai beau essayer de prendre une mine compassée ou d’avoir les yeux humides. Ça vient pas, désolé. Alors j’observe mes congénères qui s’épanchent, se lamentent et se tapent le torse de douleur. Et je ne capte pas tout. Les gens se comportent comme si la mort était une chose « triste », comme si la vie valait le coup d’être vécue. Ça me fait bien marrer dans le fond.

Mais là, "The Decline" de NOFX. Je peux pas. C’est « too much », je craque à tous les coups. Tant d’émotions, de pudeur, d’intelligence à la minute. A chaque nouvelle écoute, les mêmes symptômes : la gorge nouée, le regard vide et ce mal de ventre bizarre. J’en rate systématiquement ma station de métro, la bonne sortie d’autoroute, la cuisson de mon risotto. Rares – extrêmement rares – sont les groupes qui ont réussi à me « retourner » d’une telle façon, à m’obliger à adhérer en bloc. Canard truffé complètement cuit, déboussolé, bouilli et immangeable.

Pourtant, a priori, juste un petit EP de rien du tout, comme NOFX en a produit tant. Puis bon, entre nous, les EPs franchement, c’est à 90% de la merde sans intérêt. Un ramassis d’inédits qu’on n’a pas osé refourguer sur album, des remix qui puent, une version acoustique d’un morceau pour faire style, un rappel de singles pour faire raquer les fans. Les EPs vraiment réussis en Metal sont si peu nombreux que là, tout de suite, je ne vois que le "Vempire" de CRADLE OF PISSE comme exception qui confirme la règle. Alors oui, là, NOFX avec "The Decline" joue la carte de l’originalité et du culot : un unique titre de 18 minutes dans un genre où la « courtitude » est une marque de fabrique. Saluons l’initiative, mais pas de quoi non plus se mettre en vrac.

Sauf que si.

A contre-courant dans l’esprit et à contre-courant de ce que le groupe draine comme image. NOFX s’est embarqué dans un exercice difficile : une véritable « pièce » Hardcore – unique et puissante – aussi osée que réussie pour démolir l’empire américain. "The Decline" de l’empire américain (et non je ne vous parle pas de la comédie québécoise « bites couilles et tabernacle »). Vaste programme et NOFX a des choses à dire : 18 minutes pour tout déblayer dans un pamphlet alarmant, 18 minutes pour dénoncer et faire le constat des dégâts. Patriotisme à la con, matérialisme aberrant, délinquance armée, système éducatif défaillant, foi aveugle et bornée… Tout y passe, tour à tour, à boulets rouges à l’occasion d’un bal Hardcore incroyable, déboussolant, furieux.

Pas de tricotage bidon, de passages ambiants bidons de mes couilles ou de variations progueuses à la DREAM THEATER de merde. NOFX a tout construit autour d’une bête association « riff / air ». Avec intelligence, le groupe avance, varie légèrement et déboule sans temps morts pour nous délivrer sans doute son chef-d’œuvre, une œuvre à la richesse insoupçonnée. Accélération supersonique et break hypnotisant, révolte et tristesse, haine et cynisme se croisent d’une minute à l’autre. Entre tension et « fun » apparent. NOFX passe par tous les états et massacre cette Amérique qui lui fait honte, cette nation dont ils font partie, cette soi-disant première puissance mondiale terrifiante et bancale, symptomatique des défaillances de notre civilisation.

Mieux vaut en rire que pleurer. Les deux options sont possibles. Et NOFX a décidé de ne pas amuser la galerie. Ce désespoir parfaitement « palpable » - jusque dans les chevrotements de Fat Mike, jusque dans les hurlements de Melvin – nous laisse face à un groupe qui en a gros sur la patate. On tente bien de masquer un peu cette affliction par une agressivité hors normes, par quelques passages doucereux. Mais il suffit d’un coup de trompette lumineux pour sonner le chaos. Par trois fois, un bête coup de trompette, au paroxysme de l’émotion, de cette envie de tout péter et NOFX a envoyé sa musique sur un autre plan. Un coup de trompette et vous êtes terrassés. Vous commencez seulement à comprendre la force de cette pièce que NOFX tire déjà le bilan :

And so we go on with our lives we
Know the truth but prefer lies
Lies are simple. Simple is bliss. Why
Go against tradition when we can
Admit defeat. Live in decline. Be there
Victim of our own design
With status quo built on suspect.
Why would anyone stick out their
Neck fellow member of club
We've got ours. I'd
Like to introduce
You to our host
He's got his and I've
Got mine. Meet
THE DECLINE


"The Decline" aurait pu remplacer le fameux "Where Is My Mind" des PIXIES (1) sur la conclusion de « Fight Club ». A l’aube du XXIe siècle, NOFX regarde son pays s’écrouler, exploser de lui-même. Un regard froid et cynique. Ce n’est pas un petit groupe de Hardcore qui pourra changer quoi que ce soit à la donne. Face à l’ampleur des dégâts, NOFX n’a que son talent et l’ironie pour draper ce triste tableau. Aucun espoir, aucune porte de sortie. Le monde va s’écrouler mais on n’en a rien à cirer. Et pendant que l’œuvre se couche, que la petite mélodie et le riff s’éteignent sur cet horizon lugubre, le bruit des bottes claquent dans la rue.


Note : 5/5.


Morceau préféré : très drôle.


(1) Performance personnelle : j’ai réussi à vous « vendre » du NOFX en casant des comparaisons avec CRADLE, DREAM THEATER et les PIXIES. Je dois être en route vers le titre de « chroniqueur le moins crédible du monde ».

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   CANARD WC

 
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- Fat Mike (chant, basse)
- Erik Sandin (batterie)
- Eric Melvin (guitare)
- El Hefe (guitare, trompette)


1. The Decline



             



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