Bon déjà, j’aime bien la pochette : le côté un peu décalé, kitsch auquel se greffe un aspect à la fois inquiétant et enfantin (ça me rappelle une lithographie de Laurie LIPTON (*) que j’avais vue). Si on associe ça à la contrepèterie du titre de l’album, ça donne un petit côté surréaliste à la chose qui me plait bien.

Bah oui :
LIBERAL ANIMATION = ANIMAL LIBERATION

Donc pochette et titre sympas pour commencer. Et pour terminer aussi, car ce sont « artistiquement » les deux seuls points « intéressants » de ce premier album de NOFX. Oui, ça fait pas derche.

Sachant que j’aime NOFX à en pleurer des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas, vous commencez à vous douter – éveillé comme vous êtes – que le 1/5 que vous lisez en bas de page cache pudiquement une médiocrité violente. Les compos sont pénibles, rien n’est construit, tout va mal : c’est la merde Bob ! Ce boucan sursaturé est aussi agréable qu’une craie grinçante sur le tableau ou pire les hurlements stridents d’un bébé affamé (**).

Pourtant, j’étais prêt à l’aimer cet album, j’en aurais inventé une anecdote pour vous titiller la curiosité, j’aurais inventé des superlatifs pour mettre en valeur le moindre décibel valable. Sauf que c’est pas possible tellement "Liberal Animation" est mauvais. Crotte de bique alors.

Bref, c’est du zéro pointé dont on minorera la nullité absolue du fait de sa qualité de « premier album composé à la va-vite par une bande d’adolescents » . Reste quelques enseignements – trois pour être précis - que l’on peut tirer et que je vais prendre le temps de développer vu que je suis très loin du minimum syndical (1 page Word Times 12) :


Enseignement n° 1 : Pas Metal, mais un peu quand même.

Si NOFX officie très globalement dans le domaine du Punk et plus précisément dans celui du Hardcore Mélodique, sur "Liberal Animation" il y a un côté « Metal » qui ressort assez clairement. Que ce soit en terme de « son » (garage crasseux), qu’au niveau des « soli » ou tout bêtement de l’articulation riff / tempo ; NOFX est hybride. Je vous renvoie à la conclusion de "Shut Up Already" qui singe le "Black Dog" de LED ZEP. Cette ambivalence brouillera les pistes au début de la carrière du groupe. Or, les motivations du groupe se situent aux antipodes de ce que draine le Metal, donc assez loin de l’effet recherché. Fat MIKE – qui considère le Metal comme une musique d’hippies énervés - se défendra de cette étiquette, allant même prétendre que la confusion proviendrait des cheveux longs du gratteux. N’importe quoi hein.


Enseignement n°2 : Patience et longueur de temps font plus que force et rage.

"Liberal Animation" est tellement mauvais que la suite de la carrière du groupe confine carrément au miracle. Il aura fallu de la ténacité, une volonté en béton armé et un peu de chance pour que NOFX devienne ce qu’il est devenu. A ce titre, leur premier album fait office de mémorandum douloureux, la preuve accablante que parfois il faut vraiment de la patience pour qu’un groupe sorte enfin de sa chrysalide artistique. En ces temps de productions « one shot », de tubes conjoncturels et d’albums chiés à la va-vite ; "Liberal Animation" nous rappelle l’importance pour un label de « soutenir » ses poulains. NOFX n’est devenu rentable qu’au bout du 4ème album et a amorcé son virage artistique qu’à partir de "Ribbed" - soit très loin de tout intérêt capitalistique, de « buzz » et autres conjectures qui intéressent Messieurs Pascal « Fuck You » NEGRE et consorts.


Enseignement n°3 : De l’apport de BAD RELIGION et des DESCENDENTS.

NOFX a toujours revendiqué son admiration et l’influence de DESCENDENTS / ALL. On le ressent par le côté « abrupt » et direct avec lesquels NOFX joue sans cesse, mais surtout dans le positionnement du groupe, toujours en équilibre entre les aspects les plus radicaux du Punk et cette envie d’accrocher votre attention. "Liberal Animation" est aussi la preuve de l’importance qu’a jouée BAD RELIGION dans le développement du groupe. GUREWITZ a simplement permis à NOFX de s’envoler vers des cieux plus cléments où le Punk se construit avec des chœurs, où la recherche de la mélodie rend meilleur. Moralité : en marchant dans les bons sentiers et accompagné des « bonnes » personnes, le pénible élève peut se transformer en beau leader charismatique.

Ayé j’ai dépassé ma page Word Times 12 ! Les admins peuvent plus rien me dire. Chat perché !


Conclusion : "Liberal Animation" est un premier album de merde. Premier album, certes. Mais album de merde, quand même. Et je suis fan du groupe. Ça vous donne une perspective vertigineuse de la nullité de la chose qui fait que vous pouvez me faire confiance et pas perdre votre temps à essayer de me contredire. Vous avez mieux à faire, comme par exemple écoutez les bons albums du groupe.


Note : 0,5/5.


Morceau préféré : "Shut Up Already".



(*) http://www.laurielipton.com/default.asp
(**) http://www.je_cherche_une_métaphore_bidon.com