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NOFX - Self Entitled (2012)
Par CANARD WC le 2 Décembre 2012          Consultée 5553 fois

Parait qu’on avait promis mille vierges aux mecs qui se sont écrasés contre les tours du World Trade Center. Mille vierges, sans déconner. Ça fait quand même un paquet de gonzesses... A raison d’une par jour, faut presque trois ans pour faire le tour du propriétaire. Sachant qu’en plus, bon, les vierges c’est du boulot : ça crie, ça pleure, ça saigne. Moi à la limite, j’aurais essayé de négocier un peu avec Allah, genre au lieu des mille vierges, il me case cent putes (1). Cent putes, déjà y a de quoi voir venir. N’empêche que ça en dit long sur la motivation des mecs pour aller se crasher… Je pense que si les USA avaient su ça, ils auraient direct proposer un petit lot de produits locaux, vu que là-bas les radasses, c’est pas ce qui manque…

Et voilà comment - selon Saint NOFX - on pourrait régler la paix dans la monde, avec des pipes et des salopes, une variation comme une autre du « faites l’amour, pas la guerre » :

72 virgins can never stop a war
But 100, 000 hookers can beat the Marine Core
And stopping hatred, fighting will cease
When everyone is getting blowjobs
That's when we'll finally have world peace


Après ce zeste de polémique, NOFX enchaine sur un soupçon de blasphème avec un « I don’t believe in God, I believe in Goddess » (jeu de mot « Je ne crois pas en Dieu, je crois aux dominatrices ») martelé par ce chafouin de Fat Mike qui aime toujours autant se faire fouetter le cul avec des orties fraîches par une dominatrice tout de cuir clouté (on n’était pas très loin de tout ça sur l’EP précédent avec "My Stepdad’s A Cop"). Pas trop le temps de gamberger que NOFX lève tout doute sur une éventuelle consigne de vote pour les prochaines élections dans "Ronnie And Mags" : pas question de voter démocrate, mais plutôt de voter « anti-conservateur ». Le texte comique file à la vitesse du son, deux petites minutes qui font le boulot et des lignes de chant qui se dandinent. Irrésistible et perfectible en même temps. Mais au moins, le message est clair.

Trois petits titres pour donner le ton : dans la continuité de "Coaster", même esprit, même parti pris (direct et sans fioriture), mais avec quelques petites nuances tout de même que je tiens à vous détailler même si vous vous en foutez.


Les deux précédents EP ("Thalidomide Child" et "Hardcore") laissaient entrevoir une envie de revenir aux racines, de montrer les vieilles influences Hardcore de NOFX et leur vision viscérale et nihiliste des choses (souvent noyée dans un océan de fun). De cette facette, NOFX n’a que sa radicalité à mettre en avant et pas grand-chose d’autre à dire. Le groupe assume son héritage, mais donnait aussi l’impression sur ces deux EP de ne pas trop savoir quoi en faire. On savait déjà tout cela vu le chantre désastreux et inepte des trop bruyants "Rock & Roll Maximum" et "Liberal Animation" (leurs deux premiers méfaits). Dès lors, se lancer dans un nouvel album qui puiserait dans l’esprit de ce passé avait de quoi inquiéter : ce retour aux sources « roots » était d’autant plus périlleux qu’aride. Dix titres pour moins de trente minutes, pas de concession. A prendre ou à laisser. Et c’est un Canard soulagé qui rédige ces quelques lignes. NOFX a assuré. J’ai eu très peur.

Ouf !

Pas de grigris, un zeste de talent, du bon gros savoir-faire et une évolution sympa… Je n’en demandais pas tant après trente ans de carrière et des milliers de concerts. Avec ce "Self Entitled", NOFX réussit le tour de force de se renouveler sans radoter, sans prendre ses fans pour des cons, tout en restant lui-même. Un tour de force aux allures de numéro d’équilibriste. La nuance : Du Punk plus direct (moins « Pop/Rock » que "Coaster") mais qui reste mélodique. Un « pont » entre les origines crasseuses du groupe, leur mélancolie discrète (époque "White Trash") et ce tour de main imparable des derniers albums. Ou comment boucler une boucle.

Alors dire que "Self Entitled" va à l’essentiel serait un euphémisme. L’album fonce, ne fait pas de détail. Chaque titre tient debout dans un équilibre précaire qui pue l’expérience et puise sa force dans ce souci de tout boucler en moins de trois minutes. Riff supersonique, couplet parfait et solo aussi court que lumineux… On comprend à peine ce qu’a voulu faire NOFX que l’album se termine. Cette « courtitude » est une force, elle frappe votre esprit comme une rafale violente et fait passer à travers vos oreilles un courant d’air si frais que vous êtes obligés d’y revenir encore et encore. Presque plus pour comprendre que par plaisir.

NOFX avait sans doute tout un tas de titres à vous rajouter sur son album, le groupe aurait pu gonfler son menu. Mais rien que ce parti pris dans le choix des dix titres respire l’intelligence à plein nez et témoigne d’une pleine conscience des choses à une époque où la plupart de nos groupes ont tendance à mettre plus du double dans l’assiette pour faire bonne impression. En 2012, NOFX fait le contraire et hisse son esprit de synthèse comme faire valoir de leur talent. Preuve de ce que je raconte, ce sont les deux titres « mid tempo » de l’album qui sont aussi les moins réussis ("Secret Society" et "I’ve Got One" qui me gâchent vraiment le paysage). Eh oui.

As usual, NOFX continue de briller au jeu de la nuance. Tour à tour fripon ("72 Hookers"), polémique ("She Didn’t Lose") ou larmoyant ("I Fatty") ; le groupe caresse les registres. Doucement, fébrilement. A ce jeu, difficile certes de crier au génie. D’autant que "Self Entitled" souffre de cette homogénéité des albums trop réfléchis, manquant d’un brin de folie et de relief… Même si à deux reprises le résultat est juste « parfait » : sur « Cell Out » d’une incisive justesse dont s’échappe le désarroi de Fat Mike et sur "My Sycophant", provocante, dotée d’un riff à se tailler les veines.

Encore une fois, NOFX donne envie de tout péter avec une boule dans la gorge. C’est là leur suprême talent.


Note : 3,5/5


Morceau préféré : "My Sycophant"


(1) Cette délicate introduction vous a été concoctée sur un air de « La fine équipe du 11 » du génialissime Dieudonné : http://www.youtube.com/watch?v=QucwSU_ArbA

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   CANARD WC

 
   CHAPOUK

 
   (2 chroniques)



- Fat Mike (chant, basse)
- Erik Sandin (batterie)
- Eric Melvin (guitare)
- El Hefe (guitare)


1. 72 Hookers
2. I Believe In Goddess
3. Ronnie & Mags
4. She Didn't Lose Her Baby
5. Secret Society
6. I, Fatty
7. Cell Out
8. Down With The Ship
9. My Sycophant Others
10. This Machine Is 4
11. I've Got One Jealous Again, Again
12. Xmas Has Been X'ed



             



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