J’ai l’impression que NOFX est en train de se retourner sur son passé ces derniers temps. Des réflexions personnelles sur l’enfance ("My Orphan Years"), en passant par le dépoussiérage de vieux morceaux ("The Longest EP"), puis là l’enchaînement avec cet EP de reprises Hardcore… Tout cela concourt à nous rappeler d’où vient le groupe, ses origines, ses influences et tout le bazar.

Il y avait eu un "The Spits" sorti il y a quelques mois, que je n’ai pas eu l’audace de vous chroniquer vu le peu d’intérêt que revêtait la chose (déjà que bon NOFX 99 % des lecteurs de NIME s’en cognent, si en plus je pousse la perversion à vous chroniquer un EP que moi-même je trouve sans intérêt où va-t-on je vous le demande). Donc là, moins de trois mois après "The Spits", NOFX qui re-balance un truc bien Hardcore : tout cela ressemble à un retour aux sources, peut être pour annoncer la couleur du prochain album de NOFX.

J’espère que non.

Car autant NOFX me semble délicieusement à l’aise quand il s’agit de « Punk-er » mélodiquement, autant quand le groupe cède à la rugosité du genre cela nous rappelle à quel point le Hardcore peut présenter si peu d’intérêt.. Cet EP en est l’illustration en 9 exemplaires : musicalement, ça envoie sans aucun relief : riff du pauvre, chant pénible et aucune once de semblant d’harmonies. Bref, neuf cartouches braillardes vidées de toute mélodicité, neuf parpaings « pan dans ta gueule » dont il ne reste que cette intensité crue et viscérale. En somme, un EP dont le sens ne réside que dans sa posture intellectuelle et les idées véhiculées à coups de kalachnikov. C’est donc dans le contenu des lignes de chant qu’il faut aller chercher le fond, faute de forme suffisante.

Alors NOFX la joue comme telle : son « garage », guitares qui sonnent comme des abeilles et batterie crue pour un résultat qui sent la transpiration (le rendu global rappelle pas mal en terme de prod’ le "Undisputed Attitude" de SLAYER). NOFX balance la purée à 9 reprises en à peine 10 minutes (oui vous lisez bien). L’EP passe à la vitesse de l’éclair - à la vitesse du « son » devrais-je dire - on en ressort épuisé, un rien déboussolé par cette décharge coléreuse. Les choix des reprises étant ce qu’elles sont, NOFX ne peut pas vraiment briller : on retient vaguement quelques riffs et un ou deux passages qui déchirent et basta. Seul votre entêtement à écouter la chose en boucle vous permettront de prendre vos repères dans ce défouloir, dans ces 10 minutes de violence indignée.

Cet « Hardcore EP » est la preuve que NOFX a bien mieux à faire que de tendre vers les aspects extrêmes du genre. On le savait déjà vu les écueils affichés sur les pas fameux "Maximum Rock n Roll" et "Animal Liberation", mais qui avaient le mérite d’indiquer clairement les racines crasseuses du groupe. NOFX n’est manifestement intéressant que lorsque le groupe tend vers les aspects iconoclastes et mélodiques. L’agressivité et la hargne lui vont pas bien au teint.

J’espère au moins qu’ils se sont un peu marrés en studio.


Note : 2/5


Morceaux préférés : "Friend or Foe" (d’une relative efficacité) et "Professional Punk" (« I just wanna be a professionnal punk »)