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NOFX - Wolves In Wolves Clothing (2006)
Par CANARD WC le 12 Décembre 2009          Consultée 5303 fois

Moi, si j’avais été dans les parages à cette époque, Jésus, je lui aurais pas fait confiance. Attendez, le mec qui se ballade en robe et en tongs et qui balance avec gueule enfarinée des trucs du style : Aime ton prochain comme toi-même, Si on te frappe, tends l’autre joue, ou encore Il y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir… Franchement, bizarre non ? D’ailleurs au cas où vous auriez eu des doutes sur la question, le père Jésus (prononcez « Jizeuuussse ») vous le dit carrément : Heureux les crétins, car le royaume des cieux leur appartient : moi je dis, fallait être un peu couillon sur les bords pour écouter cette espèce d’illuminé dans les années 30. Je sais toussa, parce que je me suis tapé la Bible dans les chiottes la semaine dernière.

Fort heureusement, les Lumières sont passées par là, NIETZSCHE a démonté tout ce bordel en expliquant que le christianisme était un truc de ratés congénitaux et FREUD nous a démontré qu’en fait, Jésus était un homosexuel refoulé qui voulait coucher avec sa mère. Bref, on sait de nos jours que toussa c’est des conneries. Tant mieux, tant pis… Quelque part, fallait bien que les premières sociétés se régulent un peu autour de maximes morales simplistes. Y'a bien que ces cons de ricains pour continuer à y croire dur comme fer et de façon littérale (je vous renvoie au courant « créationniste »). Pour avoir vécu un peu aux States, je peux vous dire que la Foi chez les américains n’est pas une vue de l’esprit : des églises à tous les coins de rues, des tas de télévangélistes, des bibles dans les chambres d’hôtel, des croix partout et des têtes d’illuminés tous les trois lampadaires. Ca fait assez peur pour tout vous dire. Nous autres – européens – ne nous rendons pas vraiment compte de ce « phénomène », habitués que nous sommes à voir ce peuple via le spectre de la télé. Pourtant, en parallèle de Springbreak, de la jeunesse « cool » d’MTV ou des séries à la con, il existe une autre jeunesse fervente, qui prie le Saigneur et s’abstient de relations sexuelles avant le mariage (j’ai toujours pas bien compris pourquoi mais bon).

Bien entendu, chacun est libre de penser ce qu’il veut, blabla, respect d’opinion, blabla, liberté de culte, blabla. Le point qui me chatouille cependant, c’est que derrière tous ces principes érigés comme autant de commandements inflexibles (1) se cachent un réel mépris, un sectarisme affligeant et un appât du gain sournois. Donc, quand NOFX décide de tirer en direction des églises sur ce "Wolves in Wolves Clothings", je ne suis pas tout à fait sûr que - nous autres du vieux continent - mesurions l’importance de ce phénomène qui continue de sévir aux USA, tant cette Foi est encore omniprésente et contradictoire avec tant d’éléments historiques et sociales du peuple américain.

Donc NOFX – sur les traces de BAD RELIGION – change de cheval de bataille le temps d’un album et affiche une hostilité laïque pour brocarder l’hypocrisie sous-jacente de cette Foi paranormale. Comme toujours, on a droit à des textes brillants, ironiques et travaillés, tout en nuance ("Leaving Jesusland") ou de façon plus directe ("You Will Loe Faith"). Ca dépend des humeurs. Le groupe tire dans tous les sens et s’autorise pour l’occasion un panel plus large que d’habitude de registres musicaux. Jamais un album de NOFX ne paraîtra aussi « diversifié » : hétérogène dans l’approche mais si cohérent dans le rendu. NOFX fonctionne à chaque fois. C’est toute la force de ce "Wolves", qui passe d’une ambiance à l’autre, d’une nuance de style à une autre, sans se planter.

Puis il y a ce « ton » propre à NOFX presque adouci : moins Hardcore, presque Pop par instants. "Wolves" est un album léger, jovial, trivial, farceur. Le groupe s’est levé du bon pied et enchaîne les cibles dans une bonne humeur communicative. On avait été habitués à la vitesse, à la mélancolie discrète, à l’agression légère et constante. NOFX change un brin son fusil d’épaule, sans se perdre sur les chemins bâtards du Punk/Rock. De cette musique un rien assagie, NOFX semble avoir gagné en maturité. Même si certains titres affichent toujours cette énergie incroyable ("We March" ou encore "Benny Got"), on retient surtout les pointes d’originalité dont l’album est émaillé comme l’enchaînement "The Marxist Brothers" (riff ska mid tempo rehaussé d’un refrain doux un rien mélancolique) sur "The Man I Killed" (un bout d’acoustique furax, ambiance presque « country » et des lignes de chant débitées à toute allure). Que dire encore de "Cantado En Espanol", incartade hispanisante placée en plein milieu de l’album (dans laquelle NOFX se fout ouvertement de notre gueule), ou de "Cool And Unusual", qui ne ressemble à rien de ce que NOFX nous avait habitués ?

"Wolves" est l’album des contrastes, de l’élargissement, de la remise en question discrète. L’album où l’orageux "One Celled Creature" avec un Fat MIKE presque méconnaissable ouvre "Doornails", la conclusion évidente, gorgée d’émotions, à pleurer la nuit contre son polochon. Un final acoustique - qui rappelle quelque peu un certain "Scavenger Type" - dans lequel Fat MIKE s’épanche, textes personnels à l’appui. Pas besoin de crier, ni de balancer la sauce… juste quelques lignes de chant écorchées, de la douceur et de la tristesse avec un rien de pudeur. Cette gourmandise « douce-amère » finit de faire passer la pilule et vous donne invariablement envie d’appuyer sur le bouton « repeat ».

Avec ce "Wolves", NOFX a fait sa petite révolution en douceur. On est passé du Hardcore trublion à une sorte de Punk/Rock acidulé. Toussa sans que vous ayez eu le temps de vous en rendre compte, vous vous êtes fait encore avoir, sont forts décidément les mecs de NOFX.


Note : 4/5


Morceau préféré : "The Man I Killed"
C’est beau : "Doornails"
Ça tue : "Leaving Jesusland", "Wolves In Wolves Clothing", "You Will Lose Faith".

(1)On appelle ça aussi du puritanisme à la con.

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   CANARD WC

 
  N/A



- Fat Mike (chant, basse)
- Erik Sandin (batterie)
- Eric Melvin (guitare)
- El Hefe (guitare)


1. 60%
2. Usa-holes
3. Seeing Double At The Triple Rock
4. We March To The Beat Of Indifferent Drum
5. The Marxist Brothers
6. The Man I Killed
7. Benny Got Blowed Up
8. Leaving Jesusland
9. Getting High On The Down Low
10. Cool And Unusual Punishment
11. Wolves In Wolves' Clothing
12. Cantado En Español
13. 100 Times Fuckeder
14. Instant Crassic
15. You Will Lose Faith
16. One Celled Creature
17. Doornails
18. 60% (reprise)
19. Untitled Track



             



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