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HARDCORE MéLODIQUE  |  STUDIO

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2016 Manifest Density
 

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ADOLESCENTS - Manifest Density (2016)
Par CANARD WC le 3 Octobre 2016          Consultée 2870 fois

La branche dure du mouvement Punk est avant tout un courant contestataire de base, un regroupement de mecs en colère, antisystèmes plutôt qu’un réel genre musical. La musique en elle-même est, pour ainsi dire, le « parent pauvre » : réduite à sa plus simple expression, dépouillée, sans technicité ni quelques effets. La maîtrise instrumentale importe finalement peu. Quelques accords, un « air » et celui qui a le plus de choses à dire prend le micro, basta. L’esprit même du genre est contenu dans ses messages, pas tant dans sa musique. Le mot résume à lui seul l’idée : « Punk ». Sans valeur, quoi. La « Punk music » cherche donc du sens ailleurs, dans sa « philosophie » façon majeur dressé contre la société, refus de tout, crachat sur la bien-pensance et sur tout ce qui ressemble de près ou de loin à une forme de formatage intellectuelle et des convenances ordinaires (religion, mass-média, politique, capitalisme etc.). Quand le mouvement s’est encore un peu plus durci, qu’on a commencé à causer de Hardcore (avec les premiers émissaires : MINOR THREAT, BLACK FLAG, DOA etc.), pas étonnant donc que l’ensemble, des concerts aux fans, a davantage ressemblé à un rassemblement d’ado violents et décérébrés plutôt qu’à une véritable vision du monde. Tout ce petit monde-là a d’abord donné dans la posture avant de pouvoir y trouver un certain sens. La radicalisation aidant, des groupes toujours plus violents (bêtes et méchants trop souvent) ont retranscrit cette urgence, celle de détruire plutôt que de construire.

Dans ce sillage, certains groupes ont su toutefois élever le débat. Citons BAD RELIGION, les meilleurs, l’exemple à suivre, les keupons à lunettes. De véritables intellos raffinés en comparaison à la majorité du chantre HxC. Eux ont misé sur les textes et la volonté mélodique. Citons encore les DESCENDENTS, les talentueux inconnus, ceux qui savent jouer et ont des idées à revendre à la pelle. Il manquait à l’appel les furieux dingues, les fous en colère, régressifs, ironiques et presque toujours désinvoltes :

(Roulement de tambours)
ADOLESCENTS
Ta da !

Portent bien leur nom eux. Contestataire et sale gosse, ouais. Dénoncent tout, refusent d’être modelé par notre système, se moquent de tout pour mieux faire l’apologie du surf, du soleil ou de n’importe quoi. Tout, tant qu’on reste éloigné d’une quelque uniformisation. ADOLESCENTS ou comment regarder le monde s’écrouler le sourire aux lèvres, en se dandinant et sans se sentir concerné. Bien fait pour vous, nous rien à foutre.

L’agressivité latente, constante, du groupe est de nature à plaire à tout public habitué à ce que ça secoue. Pourquoi pas vous ? Ce quelque chose de l’ordre du refus, de l’incompréhension de notre monde n’est en tout cas pas si éloigné de certaines de nos formations Metal. Leur Hardcore mélodique a ceci de génial : il réussit à retranscrire parfaitement en musique leur état d’esprit pour un rendu à la fois rugueux et lisse, rigoureux et « rien-à-foutiste » à la fois. Les ADOLESCENTS braillent, poussent leurs lignes de chant colériques (avec parfois des chœurs) sur un rythme d’enfer, riffent par tous les temps, balancent des tas de petits solos hystériques sans jamais laisser de côté les mélodies. "Manifest Density" ou comment rester soi-même, ou comment marier mélodicité et énergie à tous les étages.

Vous hésitez à jeter une oreille ? Un titre : "Silver And Black", il résume à lui seul l’intérêt de l’album. Deux minutes et vingt secondes pour vous faire une idée. Accessoirement l’un des meilleurs morceaux et représentatif du talent du groupe. Alors soyez mimi, tentez l’écoute en lisant la fin de cette chronique. Je vous laisse google-iser ça... Ayé ? Je continue. Tout l’album est à l’avenant, pour chaque titre : une idée, un riff, un air, un refrain. Pas de petit jeu entre nous, pas de parade ni de remplissage. De fait, les treize titres vont passer très vite, en une trentaine de minutes, pied au plancher. Pratiquement rien en-dessous de trois minutes. Cette efficience vous semblera peut être bizarre de prime abord, mais vous obligera aussi à réécouter, encore et encore, la galette pour mieux capter ce que j’évoque pudiquement ici même.

Dans le Punk « dur », on peut assez facilement cacher son absence d’inspiration par l’indignation, des braillements et du riff à deux balles. C’est même le fonds de commerce de certains groupes (je pense à AGNOSTIC FRONT là tout de suite ou les mauvais albums de PRO PAIN). ADOLESCENTS n’a pas cette indigence. Derrière ses airs de sale gosse, il y a du contenu, une exigence constante.

Vu que "Manifest Density" défile très vite, on ressort des premières écoutes avec une impression à la fois positive et diffuse. Il vous faudra du temps pour trier un peu, entre les régressifs "Spring Break" ou "Unhappy Hour" (de nature à alléger l’ensemble) et les titres en or massif comme "Catfish" ou "Jacob’s Ladder". La fausse superficialité qui apparaîtra, si elle rend l’écoute agréable, nécessitera ipso facto votre persévérance. A l’image de ce "Rat Catcher" - placé injustement en avant-dernière position – véritable petit bombe mélodique, d’une efficacité redoutable malgré sa légèreté apparente. Tout le talent du groupe résumé dans cette ambiguïté : en équilibre constant et tout en nuance. Ce dernier point qui explique peut-être la confidentialité de cette formation : à trop vouloir masquer les choses et finasser, on tourne le dos sans doute à un certain succès.

Une des principales influences de NOFX (et d’autres), à la portée inévitable, respecté en silence : les ADOLESCENTS ont en plus pour eux les vertus de la constance et de l’homogénéité. Cela fait déjà plusieurs années que je me tâte les palmes, les prédécesseurs ("Vendetta" en 2014 et "Fastest Kid" en 2011) méritaient déjà un hommage, des bisous et un coup de projo. Je rectifie, « mieux vaut tard que jamais » comme on dit. Et accessoirement, je vous livre par la présente une dernière pièce pour comprendre le puzzle du Hardcore Mélodique.

Note : 4,5/5.

Morceaux préférés : "Silver and Black" et "Rat Catcher" (mais tout l’album est super, je vous assure).

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   CANARD WC

 
  N/A



- Paul Miner (chœurs)
- Steve Soto (basse, chant)
- Mike Cambra (batterie)
- Dan Root (chant, guitare)
- Tony Reflex (chant)


1. Escape From Planet Fuck
2. Hey Captain Midnight
3. Unhappy Hour
4. Silver And Black
5. Nightcrawler
6. Jacob´s Ladder
7. American Dogs In Europe
8. Spring Break At Scar Beach
9. Catfish
10. Lost On Hwy 39
11. Bubblegum Manifesto
12. Rat Catcher
13. Vs



             



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