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NOFX - First Ditch Effort (2016)
Par CANARD WC le 6 Novembre 2016          Consultée 2621 fois

Satisfaisant.

Voilà un bon exemple de collage latiniste. « Satis » signifiant « assez ». Satisfaisant, littéralement « qui fait assez ». Quelque chose de satisfaisant, c’est étymologiquement quelque chose qui « fait le boulot », suffit. Quand « satis » perd son « s » et se féminise, ça donne par exemple un mot comme « satiété » soit un mot qu’on n’utilise plus beaucoup mais qui renvoie au rassasiement, au contentement (boire assez, manger assez). Avec mes huit ans de latin, je me la joue Maître Capello en intro si je veux, mais surtout parce que « satisfaisant » est au sens premier du terme l’exact bon mot pour désigner ce nouvel album de NOFX. "First Ditch Effort" (FDE) fait le boulot, pas plus pas moins.

Satisfaisant, donc. Parfaitement. Satisfaisant et je respire, suis soulagé. Tant de groupes m’ont tellement déçu ces dernières années… Satisfaisant aussi parce que NOFX n’a pas fait n’importe quoi, parce que FDE propose de nouvelles choses, ouvre des portes pour l’avenir. Mieux : NOFX est sur le point de se suffire à lui-même, de créer un modèle de « Punk–Hardcore » qui s’autoalimente et arrive à mettre du sens dans tout ce qu’il entreprend. Plus large qu’un simple groupe, autre chose, « larger than Punk », plus que de la musique donc. Le groupe est sur le point de passer un nouveau cap, celui de la musique qui signifie davantage, qui dépasse le cadre des notes, du riff et des charts.

Vu que ça fait plus de dix ans que NOFX figure dans mon top 10 ultime de la mort des meilleurs groupes du monde, je suis content – satisfait, ouais – d’avoir ainsi misé sur le bon cheval. Durant l’espace des 33 minutes que dure l’album, j’ai éprouvé cette étrange « satisfaction » que doivent ressentir les bookmakers en réussite, les entraîneurs de foot et autres collecteurs de choses rares qui ont flairé le bon coup. "FDE" fait le boulot, de A à Z, ce qui implique qu’aucun titre n’est vraiment raté, que l’album ne contient rien d’infamant. Il y a parfois un peu de pilotage automatique, une utilisation régulière de grosses ficelles, mais même dans ces cas-là NOFX a su se montrer assez malin pour distiller des idées, du neuf et des combines. Comme par exemple sur "Bye Bye Biopsy Girl" : sans l’intro au sax, l’ambiance cubaine de départ tout son contenu (articulation riff / air / tempo) est balisé mais comme ça dure moins de deux minutes, on retient surtout le bout de synthé à un doigt du milieu. L’originalité émerge même d’un titre passe-partout. Sont malins. Parfois encore, l’idée est déclinée jusqu’au bout – comme sur "It Ain’t" - de A à Z avec l’incursion Electro, mais là encore quand bien même on n’aime pas du tout le résultat (comme moi) en moins de 1’30 que peut-on dire ? Pas grand-chose. Satisfaisant encore, dans les deux sens, dans les deux cas.

Donc NOFX sait faire. Et le groupe a pris soin de donner un « angle » à son album, un angle escarpé même : revenir aux origines Hardcore du groupe tout en faisant le lien avec la récente « comédie musicale » de Fat Mike ("Home Street Home"). Soit à mi-chemin entre les exigences rugueuses du genre et des aspects quasi Music-Hall. "Six Years On Dope" et "Ditch Effort" jouent la carte des racines gueulardes : violents, intransigeants et… intercalés entre des titres plus fun, plus calmes. Ce jeu de contrastes est voulu. NOFX trouvent par ce biais une liaison avec leur précédent album ("Self Entitled") et leur EP "Hardcore" tout en marquant une rupture avec le très lisse "Coaster" (l’album de 2009). Sur la fin de l’album, on retrouve ce qui avait fait justement le charme de "Home Street Home" (je passe sur les inserts féminins de "Sid And Nancy") sur "I'm So Sorry Tony" et "Generation Z" : intro au piano (*) et toujours ce mélange (qui m’est irrésistible perso) entre énergie et mélancolie. NOFX tire sa révérence avec "Generation Z", un titre en deux temps, Fat Mike qui laisse la place aux chants féminins, un relent de "The Decline" flotte dans l’air, hurlements déchirants, chats enragés de l’Apocalypse, on se quitte sur ce final orageux, intrigant, désespérant et chaotique. Rien que pour cela, ce nouveau NOFX mérite une courbette tant le pari était peu évident. Rester dans le ton en faisant si différemment.

Entre ce Hardcore braillard et les expérimentations, on déplorera par moments le savoir-faire peu imaginatif (citons "Dead Beat Mom" ou "I’m a Transvest-Mite"). Mais comme il y a aussi ce qui fait le charme du groupe : le tube parfaitement huilé, "Oxy Moronic", le futur hit qui représentera dignement l’album dans les tournées futures… Pas génial, juste bien rodé et des paroles intéressantes (médicaments = drogues). Ajouter un zeste de fond, un brin d’existentiel planqué, dans la lignée de "Sycophant" (sur leur précédent album) : "I Don’t Like Me Anymore", un titre profond, tapageur, énergique, désabusé. Ce genre de mise à nu comme seul Fat Mike sait faire, témoigne d’un tel recul, contient une telle dose de cynisme, d’autocritique que décidément NOFX mérite qu’on jette un œil aux paroles (**).

Satisfaisant. Ouais, vraiment. Je vous donne certainement l’impression que je m’emballe pour trois pauvres loupiottes. Mais j’ai aimé cet album, vraiment, intensément malgré ses faiblesses. NOFX a géré pour un résultat convenable. Et ça me rappelle au lycée une certaine bougresse qui m’expliquait avec moult sous-entendus que « les préliminaires c’était important ». Une façon implicite pour la donzelle de me faire comprendre qu’elle n’était pas encore prête pour « la chose ». Les préliminaires c’est important, sans blague. Sauf qu’en latiniste distingué, j’étais parti sur le caractère pléonastique du mot. « Liminaris » signifiant « qui sert de début », le mot « préliminaire » induit une redondance. En ce sens, on peut parler de propos liminaires, mais rien ne peut vraiment être pré-liminaire. Avant le début c’est quoi ? Sauf qu’elle a eu le temps de s’endormir trois fois, que parfois il y a mieux à faire que de jouer avec les mots. Comme pour ce NOFX, mieux vaut l’écouter, le laisser occuper l’espace et ne pas trop réfléchir comme nous l’enjoint d’ailleurs son titre. "First Ditch Effort" qu’on pourrait traduire par « effort de première intention ». Précisément ce qu’on pourra lui reprocher : faire le boulot vite et juste bien. Sans trop réfléchir.


Note : 3/5 (mérité).

Morceau préféré : "I Don’t Like Me Anymore".
Le tube : "Oxy Moronic".
Ca tue (le final) : "I’m So Sorry Tony" et "Generation Z".


(*) Même mélodie que "Missing Child" (sur "Home Street") jouée plus lentement au passage.
(**) Le message pourrait être résumé de la sorte : « Vieillir, c’est se connardiser ».

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   CANARD WC

 
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- Eric Melvin (guitare)
- Fat Mike (basse, chant)
- El Hefe (guitare)
- Erik Sandin (batterie)


1. Six Years On Dope
2. Happy Father's Day
3. Sid And Nancy
4. California Drought
5. Oxy Moronic
6. I Don't Like Me Anymore
7. I'm A Transvest-lite
8. Ditch Effort
9. Dead Beat Mom
10. Bye Bye Biopsy Girl
11. It Ain't Lonely At The Bottom
12. I'm So Sorry Tony
13. Generation Z



             



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