Après la sortie de l’improbable "Brutal Planet", inattendu chef d’œuvre bâtard issu d’un croisement entre le hard des 70’s et le metal industriel, il fallait assurer une tournée digne de ce nom. Alors ALICE COOPER n’a pas lésiné et a mis les bouchées doubles, comme ce premier DVD live du fer de lance du shock rock peut nous le démontrer. Après que le contrôleur a mis en garde le public, le Coop’ fait une arrivée plus théâtrale que jamais, la dantesque mélodie de "Brutal Planet", le titre, résonnant plus fort que jamais dans la vaste salle d’Hammersmith. L’ambiance est à son comble, et le public ne manque pas d’exprimer son entière satisfaction. Aucun doute, le show sera éblouissant !

Car il faut savoir que si l’on se rend à un concert d’ALICE COOPER, ça n’est pas simplement pour assister à un concert de rock, mais aussi pour profiter d’une mise en scène et des talents de mime de Vincent Furnier, qui n’a pas son égal dans ces fonctions. Vêtu de tenues toutes plus exubérantes les unes que les autres, le prince des ténèbres parcourt la scène, manipulant moult accessoires et incitant la foule à l’accompagner dans ses innombrables délires plus ou moins morbides. Ce soir là, à Hammersmith, le Coop’ avait mis le paquet sur l’ambiance et la mise en scène. Tout est là, de la guillotine aux sabres, en passant par les acteurs tiers, la ravissante danseuse Calico Cooper, des effets de lumière d’une grande richesse et un foutoir pas possible sur scène, dont une carcasse de voiture. Plein les oreilles et plein les mirettes !

La set-list est excellente et met en avant les meilleurs titres de "Brutal Planet" tout en les mêlant aux indestructibles titres cultes d’ALICE COOPER. On regrettera que les fûts de l’album précédent, l’excellent "The Last Temptation", fassent une absence remarquée, mais tant pis : n’importe comment, on en aura pour son argent, d’autant plus que les titres de BP ont vite cédé la place à d’autres dans les années qui suivirent. Autant en profiter !

Le son en lui-même est de grande qualité : les guitares sont agréablement mises en valeur, bien qu’elles manquent de lourdeur sur certains titres clef, et le synthétiseur, omniprésent, donne une saveur incomparable à la musique de titres tels que « Feed My Frankestein », « Gimme » ou encore « Go To Hell », brillamment remit au goût du jour.

Tout cela aurait pu donner naissance à un concert parfait, si seulement Furnier ne s’était pas cassé la voix au beau milieu de son interprétation de « Blow Me A Kiss ». Pitoyable sur le pont de ce dernier titre, il devient carrément ridicule sur « I’m Eighteen » et peine à assurer à 100 % sur la plupart des titres suivants. Des titres comme « No Mor Mister Nice Guy », « Poison », « Only Women Bleed », « Elected », j’en passe et des meilleurs, en souffrent grandement pour notre plus grand déplaisir. Sa voix meurt parfois dans un étouffement, se transforme en sons distordus ou sonne faux, tout bêtement. Alors voila, c’est con mais c’est comme ça : du ALICE COOPER sans la voix d’ALICE COOPER, c’est du mauvais ALICE COOPER. Pour l’ambiance, la musique et l’esthétique, tout est nickel… Mais pour la performance vocale il faudra malheureusement repasser. Dommage…