La tournée des albums décriés continue pour moi avec "Youthanasia", 6ème opus de Megadave et ses acolytes, le 3ème avec le line-up mythique Mustaine/Junior/Menza/Friedman. Bon, je ne suis pas allé jusqu’à me ré-infliger "Risk", pour cela on verra plus tard...

Alors, qu'en est-il : trahison absolue envers le Saint-Thrash et début du long déclin, ou dernière masterpiece des Californiens ? Autant dire que la seconde option l’emporte haut la main pour votre humble serviteur.

Pour remettre les choses dans leur contexte, j’ai 18 ans quand sort ce petit bijou de Heavy Metal. Le Thrash, en général tourne en rond, et la tendance est à de nouveaux styles, entre RAGE AGAINST THE MACHINE et le grunge, de NIRVANA & co. Avec "Countdown To Extinction", MEGADETH a déjà pris un virage, même si celui-ci n’est pas à mon sens totalement assumé. "Youthanasia" ne fait que parachever l’évolution du groupe, et, j’ose, lui est à mes yeux supérieur. Si le LP précédent possède son quota de tubes intemporels (je n’ai même pas besoin de les citer), il contient également nombre de pistes que je juge parfaitement anecdotiques, voir même dispensables (qui se souvient de "High Speed Dirt", "Captive Honour" ou "Psychotron" ?).

Point de faute de goût en revanche ici. La voix de Mustaine n’a jamais été aussi bonne et se fait plus touchante que jamais ("I Thought I Knew It All"). Les mélodies, que ce soit le chant ou les guitares, sont exceptionnelles, ciselées à la perfection. Le triptyque d’ouverture tape dans le mille avec 3 titres mid-tempo d’anthologie : le très beau "Reckoning Day", "Train Of Consequences" et son riff thrashy ralenti groovant sur la basse d’Ellefson que l’on n’a rarement senti aussi inspiré, ou le lancinant "Addicted To Chaos" et sa belle progression, Mustaine démontrant ici une propension à l’introspection qu’on ne lui soupçonnait pas ("Random turmoil builds in me, I’m addicted, addicted to chaos"). L’enchaînement pre-chorus/chorus est juste superbe. Quelque part, la sensibilité du rouquin, dévoilée dans "Some Kind Of Monster", était déjà ici dévoilée.

Chaque titre à son intérêt, même les moins marquants, que ce soit un riff ("Killing Road"), un solo (le title-track), un lead de guitare ("Family Tree"), un refrain (une belle constante sur l’album), une rythmique martiale ("Blood Of Heroes"). Alors oui, le venin se fait moins virulent, mais l’émotion n’a jamais été aussi présente chez MEGADETH, et ne le sera jamais plus.

"Youthanasia" est pour moi le meilleur opus post "Rust In Peace", et plus simplement une réussite absolue. Je peux comprendre la déception des fans de la première heure, tant les ongles ont été consciencieusement limés et l’agressivité plus que contenue, mais si l’on réécoute ce LP sans cet a priori, le sens des mélodies fait indubitablement mouche.

MEGADETH signe ici la fin de son âge d’or, mais certainement pas le début du déclin, qui s’ouvrira plutôt avec "Cryptic Writings" 3 ans plus tard, Mustaine tentant de répliquer la formule, mais l’inspiration avait déjà commencé à faire ses valises, tout comme une partie des musiciens.

Note, 4,5/5, arrondi à 5. Putain, quelle époque quand même !