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- Style + Membre : Blue Coupe, Dokken, Hollywood Vampires

ALICE COOPER - Dada (1983)
Par ALANKAZAME le 20 Août 2018          Consultée 3235 fois

"Dada" est vraiment un cas très particulier dans la discographie d'Alice COOPER. C'est de très loin l'album le plus intrigant et le plus flippant de l'artiste toutes époques confondues. Après les très expérimentaux (et pas terribles) "Special Forces" et "Zipper Catches Skin", celui-ci est le troisième album dont le Coop' n'a juste aucun souvenir, ravagé qu'il était par l’alcool et la cocaïne. Au moment d'entrer en studio pour enregistrer "Dada", dernier album requis pour boucler le contrat avec Warner Bross, Vincent Furnier est dans un état physique désastreux. Depuis la tournée de "Special Forces", il ne donne plus aucun concert et ses apparitions publiques se font rares jusqu'en 1986.

En 83, il s'enferme donc dans les studios canadiens ESP avec l'indéboulonnable producteur Bob Ezrin et le guitariste Dick Wagner. Le trio compose et enregistre ensemble l'intégralité des neuf titres de "Dada", sauf le titre d'ouverture, un instrumental qui est l’œuvre exclusive d'Ezrin. Un... Truc glauque, vraiment flippant, le genre de bande-son qui accompagne vos cauchemars. Ça commence bien... La pochette de l'album, qui reprend une œuvre de Salvador Dalí, peintre qu'Alice admire et qu'il compte au rang de ses amis personnels, ne fait office que de diversion : le contenu de la galette n'a aucun rapport avec la peinture et le dadaïsme.

L'équipe Cooper/Ezrin/Wagner fonctionne presque comme un power trio. Wagner enregistre pratiquement toutes les guitares et Ezrin se charge en personne de la batterie sur par moins de cinq pistes (ce type est décidément plein de ressources !), quelques musiciens de session venant porter assistance de temps à autres. Je n'ose même pas imaginer dans quel état étaient les trois gaillards. D'après Wagner, Cooper picolait à s'en faire presque crever.

Le contenu du skeud est à l'image du contexte ayant présidé à sa création. Certains morceaux sont assez traditionnels, plutôt Rock'N'Roll, comme "Enough's Enough", dont le refrain fonctionne bien, "No Man's Land", "Fresh Blood", qui sonne même plutôt Pop avec cette avalanche de synthétiseurs et mon préféré, "Scarlet And Sheba", avec son super riff sur les couplets et ses soli de clavier orientalisants. Une chanson qui a été inspirée par les serveuses de cocktails pendant l'enregistrement, semble-t-il : cette histoire virait vraiment à l'obsession !

Le reste est chelou au possible. "Former Lee Warmer", lugubre, grandiloquent sur la fin, n'aurait pas dépareillé dans une comédie musicale signée Tim Burton. "Dislexia" relève plus du délire Pop psychédélique. "I Love America" part totalement en cacahuète avec un Alice qui fait plus office de narrateur que de chanteur et une ambiance musicale totalement déjantée mise au service d'un hommage aux références culturelles les plus caricaturales des USA. À mon avis, cette chanson est juste un trip conçu sous l'influence des stupéfiants.

Mais le clou du spectacle, c'est sans conteste "Pass The Gun Around". Les paroles sont terrifiantes, d'un morbide absolu (en particulier le refrain : "Pass the gun around, Give everyone a shot [...] Throw me in the local river, let me float away", brrrr). Leur dimension autobiographique est évidente : "Sonny wakes up in the morning, there's a stranger in his bed. Someone's pounding on the hotel door, he wishes he was dead. I've had so many blackout nights before. I don't think I can take this anymore". C'est très clair, Alice était vraiment au bout du rouleau, et il était grand temps que la dérive cesse. Dans la foulée de l'enregistrement de cet album, sa femme le quitte, embarque ses enfants et demande le divorce, précipitant sa décision d'abandonner alcool et drogues pour de bon au terme d'une énième cure de désintox. Il reviendra trois ans plus tard, presque ressuscité, maquillage et grand spectacle sous le coude. À l'heure où j'écris ces lignes, le Coop' a soixante-dix ans et pète la forme, enchaînant les tournées, enregistrant encore de nouveaux albums... C'est presque un miracle quand on prend connaissance de l'hygiène de vie du bonhomme pendant le début des 80s !

Quel jugement porter sur "Dada" ? Les compos ne sont pas très marquantes sans être mauvaises pour autant, la musique est correcte, et la performance vocale d'Alice est passable. Mais ce qui marque vraiment, c'est l'ambiance. Cette ambiance glauque, malsaine... Cet album pue la mort, cela se ressent, et cela n'est pas surprenant quand on sait à quel point l'artiste était au bord du précipice. Il sera l'un des plus grands échecs commerciaux d'Alice COOPER, échouant à entrer au Billboard 200, se classant tout au plus 93ème au Royaume-Uni. "Dada" ne fera l'objet d'aucune tournée promotionnelle, aucun de ses titres ne sera jamais joué en concert et Alice, comme dit précédemment, n'a aucun souvenir ayant trait de près ou de loin à cet album, qu'il décrit comme le plus effrayant de sa carrière de ce point de vue.

"Dada" est en fait plus un objet de curiosité qu'autre chose. Pour les fans d'Alice COOPER, évidemment. Ou pour ceux qui veulent voir ce que donne un album conçu de A à Z par quelqu'un sous l'emprise de la drogue et de l'alcool. Une chose est sûre en tous cas : si vous êtes en état dépressif, l'écoute de "Dada" ne va pas arranger votre cas !

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   (3 chroniques)



- Alice Cooper (chant)
- Dick Wagner (guitare, basse)
- Graham Shaw (claviers)
- Bob Ezrin (batterie, percussions, claviers)
- Richard Kolinka (batterie sur "forner lee warmer", "scarlet , sheba", "pass)
- John Anderson (batterie sur "fresh blood")
- John Prakash (basse sur "fresh blood")


1. Dada
2. Enough's Enough
3. Former Lee Warmer
4. No Man's Land
5. Dyslexia
6. Scarlet And Sheba
7. I Love America
8. Fresh Blood
9. Pass The Gun Around



             



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