Autant je disais que si vous n'avez pas accès au "Metal Works" de 1993, vous devriez sans doute découvrir la discographie de JUDAS PRIEST par "Screaming For Vengeance", autant je peux vous dire par quel album il ne faut pas commencer à écouter le groupe originaire des Midlands : "Painkiller". Si particulier dans la carrière du PRIEST, il est à l'époque du split l'aboutissement d'une course à l'armement démarrée en 84, et vaguement tempérée par un "Turbo" aux ambitions commerciales évidentes. Mais s'il remporte un succès mérité, il ne remporte pas l'adhésion de tous et pour cause.

Le JUDAS PRIEST classique que les vieux de la vieille adulent, depuis "British Steel" pour la plupart, depuis plus longtemps pour ceux qui avaient la chance de le connaître, on le retrouve pour la première fois depuis une éternité, avec le retour de Rob Halford au sein de sa formation d'origine en 2005 avec "Angel Of Retribution". D'où mon argumentaire : j'ai, comme beaucoup de jeunes de ma génération, découvert le PRIEST avec "Painkiller", en plein dans mes années METALLICA, donc c'était parfait ! Seulement j'étais très loin de réaliser la musicalité dont était capable le Prêtre. Si bien que quand bien même j'ai acheté "Angel Of Retribution" à sa sortie, je ne l'ai pas apprécié à sa juste valeur pendant des années, lui reprochant sans me l'avouer de ne pas être un "Painkiller" II.

Le Jeff d'aujourd'hui tordrait le cou à celui d'alors car, alors que je débordais d'un enthousiasme que je m'obligeais à tempérer (je me connais) à l'écoute d'un "Firepower" revigorant, après un album de papys tout à fait honnête en 2014 mais pas à la hauteur des meilleurs albums du groupe, et même de ce "Angel Of Retribution" dont je vais bien finir par parler, je me disais alors benoîtement, accroché à mon lointain souvenir de cet album de reformation (et oui, ma discothèque est très fournie, et j'ai beau écouter de la musique à une cadence soutenue, je n'ai pas écouté une bonne partie de mes disques depuis des années), je me disais que les Anglais faisaient mieux avec "Firepower" qu'avec "Angel Of Retribution". Ainsi après une réécoute plus agréable que prévue mais ne dépassant l'anticipation d'un 3/5, je vis en "Firepower" l'album du retour en grâce du PRIEST classique, longtemps après "Defenders Of The Faith" et après des tentatives plus audacieuses comme "Painkiller" et "Nostradamus".

Mais j'en viens du coup à constater ce que je savais déjà plus ou moins ; impossible d'être complètement objectif avec un groupe qui nous parle autant. JUDAS PRIEST est LA formation Heavy Metal dont j'emporterais la musique si je ne devais garder qu'un groupe du style, et le panel stylistique bien plus large qu'il n'y paraît me plaît beaucoup. Alors certes j'admirerai toujours "Painkiller" et "A Touch Of Evil", mais je me retrouve davantage dans le Heavy que le PRIEST synthétise sur "Angel Of Retribution".

Si bien qu'en définitive, malgré ma défiance envers les louanges recueillies à sa sortie, "Angel Of Retribution" est du même acabit que "Firepower". JUDAS PRIEST y déroule son Heavy Metal, signant au passage des mélodies qui vous hantent ("Hellrider"), un refrain screamé ("Judas Rising"), de l'énergie Rock And Roll ("Worth Fighting For", "Deal With The Devil"), une ballade de toute beauté, largement digne d'un "Before The Dawn" avec "Angel", et enfin un "Lochness" SABBATHien à souhait avec son riff introductif qui rappelle le travail du duo Downing/Tipton dans la deuxième moitié des nineties, introduit par un "Eulogy" atmosphérique, très HALFORDien avec cette ambiance subtilement inquiétante qui pourra rappeler un "Silent Screams" ("Resurrection") et ces claviers fantomatiques qui annoncent déjà "Nostradamus".

Non seulement le PRIEST revient aux affaires, mais il n'oublie pas d'être inspiré. On ne le dira jamais assez, Rob Halford a beau être le Dieu Metal, se focaliser sur ses screams est la plus grossière erreur que l'on puisse faire, et je parle en connaissance de cause, tellement j'ai été comme tous, impressionné par "Painkiller".