Rob Halford est donc de retour. Ripper Owens n’aura été qu’un intérimaire finalement, mais selon Tipton, les primes de fin de contrat ont été plutôt bonnes pour lui. Owens, qui brillait plus en live qu’en studio n’est donc plus qu’un souvenir et les membres de JUDAS PRIEST vont s’assurer qu’il conserve ce statut en gommant tout ce qui a pu être fait avec le jeune homme en deux albums. Parce que "Angel Of Retribution" est, mine de rien, l’album qui aurait pu asseoir Owens définitivement en tant que frontman du groupe.

"Angel Of Retribution", c’est une espèce de Best-Of sans en être un. JUDAS PRIEST parcours son histoire pour en retirer sa substance et l’adapter avec une production moderne. A chaque titre, on se dit « ah tiens, ça me fait penser à cet album, ou à celui-ci » et c’est ce qu’il fallait faire. Plutôt que de réaliser un "Painkiller" Part II qui n’aurait pas eu autant de sens que cela, la formation se ressource et retrouve de sa classe somme toute britannique.

Ainsi, JUDAS PRIEST fait preuve d’élégance, à travers des mid tempos sur lesquels Rob Halford n’explore que très rarement les aigus. Il reste performant dans ce domaine, mais ce n’est pas le propos ici. Tout simplement parce que ça ne s’y prête pas forcément. Imaginez "Angel" avec des cris stridents, ou même "Lochness" qui véhicule une certaine mélancolie. Ce serait absurde - les exemples sont caricaturaux à dessein - et même en prenant certains titres plus Heavy, on se rendrait parfaitement compte qu’il n’a pas besoin de chercher les notes les plus hautes. Il en impose, tout simplement, comme s’il n’avait jamais quitté le groupe.

Mais tout n’est pas parfait non plus. On sent que JUDAS PRIEST enclenche parfois le pilotage automatique pour voir où ça va le mener ("Wheels Of Fire" d’un classicisme assez désuet par rapport au reste). Et surtout, on a l’impression que "Angel Of Retribution", au-delà de ses qualités, est un disque qui aurait pu sortir à l’époque de "Ram It Down" ou de "Painkiller". Comme si la formation avait traversé une faille temporelle.

"Angel Of Retribution" reste l’album du retour en grâce de JUDAS PRIEST et celui du retour d’Halford au sein de la famille. Et ça, pour les vieux fans, c’était inespéré.

Note réelle : 3,5/5, montée à 4.