Dans ses premières années, JUDAS PRIEST avait un petit côté SPINÄL TÄP, avec cette valse incessante des batteurs, qui se succédaient derrière les fûts sans qu’aucun ne s’impose réellement. Sur "Sin After Sin", c’est le tout jeune, mais déjà excellent Simon Phillips, futur TOTO, qui va s’en charger, avec un certain brio.

"Sin After Sin" est un album assez particulier, coincé entre deux premiers albums parfois un peu patauds et ne bénéficiant pas d’une très bonne diffusion et un autre, "Stained Class", qui sera l’affirmation du côté Heavy du PRIEST. Celui qui nous intéresse aujourd’hui navigue tranquillement entre ces deux eaux. Un pied dans le passé, l’autre dans l’avenir en quelque sorte. Ainsi, "Sinner", qui ouvre les hostilités, est une prolongation assez logique de "Sad Wings Of Destiny" tandis que "Dissident Aggressor", pour le coup, va marquer les esprits avec son agressivité habilement contenue.

Mais "Sin After Sin", c’est également "Starbreaker", qui va façonner quelque peu le style JUDAS PRIEST. C’est également "Diamonds And Rust", reprise énergique d’un standard hippie de Joan BAEZ, très respectueuse dans la mélodie et les intonations vocales de Rob Halford. Encore une fois, cette version sera quelque peu éclipsée par son penchant live sur le "Unleashed In The East". Puis il y a aussi ce "Here Comes The Tears", ballade fabuleuse et lugubre, quasi gothique dans son esprit.

Après, tout n’est pas parfait non plus, "Last Rose Of Summer" est épuisante à la longue, mais le groupe commence à affiner son sujet, les duels de guitare sont de plus en plus sanglants et on commence clairement à entrevoir le potentiel réel des musiciens, une capacité à évoluer et à s’adapter à son époque qui laisse rêveur quant au futur.

"Sin After Sin" n’est pas encore un chef d’œuvre. Il faudra attendre le prochain album pour cela. Mais il pose JUDAS PRIEST sur de bons rails. Il manque toujours un batteur en poste fixe, mais ça, ce n’est qu’une question de temps…