On parle souvent de ce concert comme le Live ultime du groupe. Il faut dire qu'il est capté à un moment idéal pour les Anglais. Ils viennent de sortir ce qui restera pour beaucoup leur meilleur album "Screaming For Vengeance" et ils le défendent avec ardeur aux USA où ils poussent depuis quelques années pour s'installer durablement au sommet de la hiérarchie du Heavy Metal. Il faut bien admettre qu'après le visionnage de ce témoignage de leur prestation de Memphis, on ne peut que constater l'écrasante domination du PRIEST sur le genre, qui confirme le carton "British Steel" sorti deux ans plus tôt.

Vous y trouverez un JUDAS PRIEST particulièrement affûté, si ce n'est Dave Holland qui commence à peiner sur la fin à partir de "Victim Of Changes" mais rien de dommageable, à défaut d'avoir un jeu aéré et virtuose, il tient la baraque avec solidité, Ian Hill prenant bien l'espace avec sa basse rondouillarde et précise, particulièrement à l'honneur, notamment pour les titres les plus basiques comme "You've Got Another Thing Comin'" qui cartonne à ce moment-là, "Living After Midnight" déjà imposé comme classique ou encore "Desert Plains" qui inaugure un passage du concert propice aux improvisations, poursuivies lors d'un "Sinner" ébouriffant : voilà un immense classique que le groupe n'aura jamais laissé de côté en live trop longtemps (il était de nouveau de sortie pour la tournée "Firepower" après une pause bien plus longue que d'ordinaire).

La setlist est parfaite, si l'on tient bien sûr compte du fait que "Defenders Of The Faith" n'est pas encore sorti. En ce sens il s'équilibre très bien avec le "Fuel For Life" de 1986 à la setlist plus poppy, mais à l'exécution encore plus impeccable, vocalement notamment. Mais bon, c'est le PRIEST dans son ensemble qui est en feu. La paire Tipton/Downing est redoutable sur la moindre intervention, l'occasion aussi de voir les deux guitaristes jouer assez régulièrement sur Stratocaster, un instrument qui sera rapidement supplanté par les Gibson et autres Hamer par la suite. Le son est vintage bien sûr, mais ultra puissant, démontrant à quel point le jeu des Anglais est précis et acéré, à l'image du chant de Rob Halford qui attire forcément toute l'attention, à la fois mélodique mais plus agressif qu'auparavant. Il picole de plus en plus à l'époque, et si cela n'entame pas ses capacités, elle est clairement plus rauque... et ce sera plus flagrant sur la tournée suivante. Et puis aucun morceau n'est faible. Un parfait best-of de l'époque, avec les deux titres forts de "Point Of Entry" au rendez-vous, même si "Heading Out To The Highway" sera sans doute encore meilleure sur les tournées suivantes.

Difficile de dire s'il s'agit là du Live essentiel et définitif du PRIEST, car le groupe se montrera certes parcimonieux en sorties pendant longtemps, mais "Unleashed In The East" était déjà terrible, et Le Live de "Turbo 30" vaut au moins les deux autres. Il est d'ailleurs amusant que ce concert de 1982 ne soit aujourd'hui toujours disponible qu'en vidéo, Rob Halford annonçant en cours de concert que la soirée est enregistrée pour un peut-être futur album live… L'Histoire parfois…