Cliff Burnstein est un homme d'affaires avisé. Beaucoup d'entre nous l'ont découvert à travers le célèbre documentaire "Some Kind Of Monster", mais ce magnat règne sur le marché de la musique US depuis les années 80 avec son partenaire Peter Mensch. Les plus grands sont passés entre les mains de l'un ou de l'autre. Alors que Wes Craven a vu son référentiel "Nightmare On Elm Street" (Les Griffes De La Nuit) dévoyé par une suite tournée sans doute trop rapidement, il se remet au travail pour proposer une suite digne du premier film et qui reprendrait l'histoire par le biais du personnage de Nancy. Cliff Burnstein est malin et parvient à dégoter à DOKKEN la création de la chanson-titre du film, parvenant même à obtenir le script de la part de Wes Craven pour que les paroles collent au mieux au film.

C'est ainsi boosté par cet incroyable coup de comm' que DOKKEN s'affaire à donner un successeur au succès colossal de "Under Lock And Key" et de sa tournée marathon qui a éprouvé les relations entre Don Dokken et George Lynch. "Dream Warriors" va conforter de fort belle manière le succès entrevu après le premier single "Heaven Sent", et sera l'occasion aussi de placer "Back For The Attack" pièce-titre qui sera retoquée au moment d'établir le tracklisting de l'album. Le titre est enregistré en décembre 1986, avant que le groupe ne prenne plusieurs mois de congé avant de s'attaquer à l'album et sera un tel succès que les suites de Freddy incluront désormais leur dose de Hard/Heavy.

"Freddy III : Les Griffes du Cauchemar" est le tout premier film d'horreur que j'ai vu gamin… Je devais avoir dix ans. L'idée qu'on puisse me tuer dans mes rêves était vraiment anxiogène, et je me rappelle encore jouer aux osselets avec quelques copains (enfin les jeter au sol ou un truc du genre, j'ai jamais su y jouer) dans un garage chez les parents de l'un d'eux, cette lumière blafarde d'une vieille chandelle d'électricien, la poussière qui transformait toute la pièce, du sol au plafond, en espèce de camaïeu marron ; je pensais au croque-mitaine avec ses griffes en lames de rasoir et ses seringues (encore plus flippantes) vues dans ce "Nightmare On Elm Street 3" selon son titre original. Des séances de flip peu comparables à celles que généreraient plus tard "L'Exorciste" mais passons. Wes Craven a toujours su jouer avec l'imagination des gens, et s'il est l'un des géants de l'horreur moderne, c'est aussi pour sa capacité à le référencer, lui rendre hommage et le détourner de façon plus ou moins humoristique (c'est pas le plus flagrant dans ce film, mais je pense à la série des "Scream"). Ce cinéma restera un mystère pendant plusieurs années, et j'attendrai bien mes quinze ans avant de me frotter à nouveau aux slashers et autres films de monstres.

Curiosité de cet EP, il propose de l'inédit avec "Back For The Attack", réhabilite "Paris Is Burning", tube des premières heures mais n'inclue pas "Into The Fire", qui pourtant illustrait le début du film. C'est d'ailleurs intéressant comme anecdote car le tube de "Tooth And Nail" sera même remplacé par un autre titre de Joe LAMONT, qui à cette époque faisait son beurre en signant des titres pour des films d'horreur justement, pour la version VHS. Il aura fallu attendre que le film soit édité en DVD pour pouvoir retrouver le morceau de DOKKEN originel.

"Dream Warriors" aura une importance déterminante dans la confirmation du succès de DOKKEN, et ce en bonne partie grâce à son clip où Robert Englund enfilait son costume et maquillage pour se réveiller en plein cauchemar en se demandant qui sont ces mecs. Il faut aussi voir la scène du solo où George Lynch, dans une maison qui s'écroule, échange un regard complice avec l'héroïne avant de se faire capturer par Freddy. Pour l'anecdote il était tellement défoncé qu'il arrivait pas à traverser le dit mur avec sa guitare. Il faut dire que Robert Englund avait trouvé un moyen trivial de se servir de ses griffes… Pour faire des lignes de coke à tout le monde !!! Résultat : ce clip est génial, un pur concentré de ce que les années 80 pouvaient produire de chouette. Et quel morceau !!! L'apport déterminant des chœurs sur "Under Lock And Key" se confirme, et le refrain est un hymne racé, sur fond de guitare bien présente, encore mieux produite que sur l'album de 1985. DOKKEN maîtrise son sujet et produit là l'un de ses titres-phares. "Back For The Attack" donne plus dans le Heavy à l'ancienne, avec ce refrain scandé, tenu par un riff bien tricoté de George Lynch.

"Dream Warriors" était un EP absolument indispensable quand il est sorti ! Il est vrai qu'aujourd'hui, entre "Dream Warriors", présente sur "Back For The Attack", et le morceau-titre qui a depuis été inclus dans les rééditions de l'album susnommé, son intérêt peut paraître limité. Mais dans le contexte, il pouvait largement attirer l'œil avec sa pochette qui évoquait l'interdit du -13 ans et l'oreille pour son contenu qui augurait du meilleur pour la suite des aventures de DOKKEN.