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HEAVY METAL  |  LIVE

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DOKKEN - Beast From The East (1988)
Par JEFF KANJI le 2 Juin 2020          Consultée 2661 fois

L'importance et l'histoire de "Beast From The East" ont quelque chose de tragique. Une histoire de musiciens en somme. DOKKEN est aux abois après "Back For The Attack". Les relations entre Don Dokken et George Lynch n'en finissent plus de se dégrader, et selon Jeff Pilson lui-même, l'album n'est le reflet qu'à 70-80% de ce que le groupe aurait pu produire si les conditions avaient été meilleures. Il faut dire que même si les tensions existent, elles sont jusque là largement utilisées pour faire parler du groupe, le mythe du guitariste et du chanteur frères ennemis ayant encore bonne presse. Mais après avoir terminé une édition majestueuse des Monsters Of Rock où il s'est fait dévorer par les autres, et notamment METALLICA qui jouait juste avant lui, le groupe est au bord de la séparation…

… Ce dont son label et ses agents tentent de le dissuader bien sûr ! En effet, DOKKEN n'a jamais été aussi populaire, bien aidé par son "Dream Warriors" présent sur la B.O. de "Freddy III" (pour anecdote le premier film d'horreur que j'ai vu de ma vie). Et un million de dollars est mis sur la table pour tenter d'encourager le groupe à relativiser. Décision est prise de publier un album live, qui tombe au moment opportun pour ne rien gâcher. Bien sûr derrière cette carotte se cache l'espoir de faire un max de pognon sur les ventes du dit Live. Pour se faire, le groupe prévoit d'écrire trois nouveaux titres, et d'inclure "Walk Away" qui avait été écarté du tracklisting final de "Back For The Attack". Au final, l'état du groupe est tel qu'un seul titre est écrit ("Cry Again"), et il ne le jouera pas sur les huit dates japonaises programmées pour l'enregistrement du futur "Beast From The East", ne le jugeant pas assez rodé.

Le Japon reste une terre promise pour les Hardos, qui y sont toujours accueillis comme des rois. Et le comportement des Japonais tend à limiter les excès des musiciens, blindés de coke et d'alcool. Soucieux de se présenter de la meilleure des façons, DOKKEN se prépare à livrer un set appliqué (même s'il y aura un peu de trifouillage en studio derrière, comme c'était monnaie courante à l'époque). Ayant opté pour une setlist composée des morceaux qu'ils apprécient, on peut alors s'attendre à ce que ce concert soit vivant ! Et il le sera, bénéficiant étrangement du climat de tension ambiant qui fait ressortir les côtés plus agressifs du jeu de chacun.

"Beast From The East" fait partie des Lives incontournables des années 80, c'est une résultante de la situation de DOKKEN qui aura donné vie à des versions définitives des meilleurs titres de ses quatre albums. Quand on démarre le concert, c'est sur les arpèges de George Lynch qui introduisent "Unchain The Night" l'un des plus gros tubes de l'album précédent "Under Lock And Key", suivi du furieux "Tooth And Nail". Quand on pense aussi que Don Dokken touche un minimum à la guitare, certains titres bénéficient d'un rendement bien heavy. Le quartette est des plus complets, avec un Jeff Pilson capable d'assurer également les claviers, et des chœurs (ce que Mick Brown fait aussi avec talent). Ainsi, même les morceaux mélodiques, joués de façon un peu plus rugueuse, conservent leurs chouettes harmonies vocales qui en ont fait des succès radio.

Ce Live est un double bien sûr (ce qui n'a pas été le cas à l'époque de sa première sortie, je vous redirige vers la très belle réédition de Rock Candy), et il faut se remettre du premier cd, bien garni en tubes, et axé sur le répertoire le plus Heavy du groupe. Même des morceaux plus soft comme "Dream Warriors" bénéficient d'un coup de fouet !
Il faut dire qu'on vient de se prendre plusieurs minutes de solo de guitare dans la tronche et que "Mr. Scary" a bien enfoncé le clou. Don Dokken le reconnaît volontiers, le répertoire plus FM lui convient mieux que le Heavy au vu de ses capacités vocales limitées. Et hélas le temps sera cruel avec les cordes vocales de l'Américain, qui fort heureusement a pu enregistrer ses plus grands tubes en concert au sommet de sa gloire (je regrette l'absence de "Lightnin' Strkes Again", mais il envoie sacrément le pâté sur "Kiss Of Death" par exemple). Ainsi le deuxième cd s'ouvre sur des titres un peu plus légers, avant que la mayonnaise ne monte inexorablement avec le trio final et le boogie endiablé de "Turn On The Action" qui refermait déjà "Tooth And Nail" avec panache quatre ans plus tôt.

En définitive il ne manque que l'image à ce Live pour apprécier le jeu scénique des musiciens qui sont en pleine bourre. Il est impossible à l'écoute de se douter que DOKKEN était alors sur le point de se séparer (même si Don ne devait pas dépasser la limite de l'ère de jeu de George Lynch sous menace de prendre sa guitare en travers de la tronche). Surtout qu'en plus "Walk Away", le titre bonus, sorte d'au revoir qui ne dit pas son nom, aura sa petite notoriété, finissant même nommé pour son clip aux Grammys, seulement battu par celui du "One" de METALLICA, ce qui avait en soi provoqué une controverse, le groupe ayant déjà splitté et n'apparaissant pas forcément des plus légitimes dans un paysage musical qui commençait à changer. La plus belle épitaphe dont le groupe pouvait rêver que "Beast From The East", qui est sans doute ce qui se rapproche le plus d'un best of (avant qu'Elektra ne sorte "The Best Of Dokken"… En 1999, alors que George Lynch se faisait la malle pour la deuxième fois), et il montre un DOKKEN en pleine forme scénique, au faîte d'une gloire qu'il ne retrouvera plus jamais, malgré des reformations futures artistiquement viables.

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   JEFF KANJI

 
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- Don Dokken (chant, guitare rythmique)
- George Lynch (guitare lead)
- Jeff Pilson (basse, claviers, chœurs)
- “wild” Mick Brown (batterie, chœurs)


1. Unchain The Night
2. Tooth And Nail
3. Standing In The Shadows
4. Sleepless Nights
5. Dream Warriors
6. Kiss Of Death
7. When Heaven Comes Down
8. Into The Fire
9. Mr. Scary

1. Heaven Sent
2. It's Not Love
3. Alone Again
4. Just Got Lucky
5. Breaking The Chains
6. In My Dreams
7. Turn On The Action
8. Walk Away [studio]



             



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