Trois albums, trois chefs d'œuvre. La carrière du plus dangereux représentant du Heavy Metal est plus que lancée. Le groupe a enfin trouvé un manager en la personne de Patrick Meehan et l'argent coule désormais à flots. Sensibilisés aux effets de la cocaïne par Leslie West de MOUNTAIN qui tenait lui aussi un rythme de fou entre enregistrements et tournées, les membres de BLACK SABBATH se découvrent une nouvelle amie.

Ce quatrième album s'appelle en réalité "Snowblind", au propre comme au figuré. Bien entendu Vertigo, son label, ne sera pas d'accord, mais ce titre tout comme la frénésie introductive de "Wheels Of Confusion" représentent très bien ce moment charnière de la carrière du Sab'. Celui où il entre doucement dans sa période plus expérimentale, en commençant à rechercher d'autres sonorités ("Laguna Sunrise" donne une place de choix à l'acoustique et à des couleurs moins noires, "Changes" ne comporte pas de guitare), mais celui également où les quatre jeunes hommes perdent pied, composent et enregistrent complètement camés.

Notre estimé ex-collègue Red One disait assez justement que la coke s'entend sur cet album… et c'est vrai. "Supernaut", le titre qui me rend dingue ici, possède une frénésie encore pas entendue chez BLACK SABBATH (et pourtant, les morceaux qui se mettent à accélérer de manière incongrue comme "Iron Man", on en a eu). "Vol 4" est le parangon de l'album foutraque. Le génie y côtoie l'infâme, l'inutile se confronte à la recherche artistique.

"Changes" qui sera raillée dès sa sortie est pourtant un titre qui met en avant le talent d'interprète d'Ozzy, "Supernaut" et "Snowblind" sont des mastodontes de la carrière des Anglais, et "Cornucopia", "Laguna Sunrise" et "Under The Sun" chacun dans un genre différent, montrent que le groupe en a encore sous le pied. Il était de toute façon difficile de succéder à "Master Of Reality" qui avait déjà réussi l'exploit de supplanter "Paranoid" (au moins chez moi).