Pas de doute ARIA est bien de retour ! "Phoenix" a vraiment tout, après recul, de l’album de convalescence et il demeurera l’un des moins bons opus de la bande à coup sûr. Au moins "Chimera" avait "Shtil’" pour apporter une valeur ajoutée à un opus un peu morne. Les forces sont désormais régénérées et trois années de travail plus tard, les Russes reviennent en conquérants, comme l’artwork guerrier permet de le deviner.

Les Russes ont été des plus actifs, ce qui leur a sûrement permis de renforcer leurs liens, la cohésion avec Mikhail Zhitnyakov étant des plus nécessaires. Et on y arrive ! "Through All Times" est un opus solide qui vient prendre la relève de "Baptism By Fire" ou "Armageddon". L’hégémonie de la paire Holstinin/Dubinin n’est plus de mise et le songwriting se voit enrichi par la plus grande partition accordée à Sergey Popov. Et la première composition du nouveau vocaliste est l’une des réussites mélodiques de l’opus. Si Vitaly Dubinin écrit toujours une grosse moitié de l’album, Vladimir Holstinin n’a pas été des plus inspirés et s’est réservé pour la seule "Running Man", marquée du sceau ARIA le plus traditionnel (celui de l’âge d’or) sur laquelle il prend également les claviers en charge.

ARIA parvient par ce biais à sortir un très bon album Heavy Metal mais saupoudré de nuances qui le rend très digeste et ce malgré la présence, un peu déroutante au départ, de davantage de titres plus calmes, presque typés ballade, en apparence seulement, ARIA étant ici un spécialiste de la composition à tiroirs. Le songwriting est la clef de cet opus, et l’alliance des harmonies choisies par les Russes et des mélodies est d’une sacrée efficience. Je n’ai pas précisé les mélodies vocales, car les soli de guitare sont eux aussi particulièrement inspirés, je pense entre autres à celui de "Call Of The Deep", beau et très mélodique, ou encore à celui plus technique de "Glare Of The Sun".

Toutefois l’album peut être déroutant par son rythme, attaquant sur une cavalcade tagada typique des anciens travaux du groupe, et suivi par un Heavy plombé qui s’étire sur sept minutes. Malgré la forte proportion de titres passant la barre des six minutes, l’ennui ne s’invite jamais au rendez-vous et on ne perd ainsi pas une miette de "Through All Times", tenté que l’on est de redémarrer la platine après s’être régalé de la reprise en version symphonique de la magique "Point Of No Return", Mikhail Zhitnyakov affichant des qualités de compositeur qu’on ne lui connaissait pas, de très bon augure pour la suite des évènements.

En alliant une utilisation judicieuse et efficace des claviers ("Through All Times", "Point Of No Return"), un songwriting assuré non exempt de surprises ("City" avec son sample d’introduction, son riff massif et ses accélérations inattendues), un son à la fois moderne et respectueux du grain des instruments, un vocaliste et des musiciens au top de leur forme, ARIA vient de sortir un opus des plus enthousiasmants au rythme et aux sonorités me rappelant autant "Hero Of Asphalt" que "Armageddon". Si les textes sont une nouvelle fois écrits par de véritables littéraires, je pourrais, pour conclure avec panache, vous citer une œuvre célèbre d’Aldous Huxley pour résumer mon sentiment sur ce disque. En tout cas, le mastodonte russe n’est pas prêt de rendre son trône.