Il s’est écoulé la bagatelle de six ans entre "Welcome 2 My Nightmare" et ce "Paranormal" à la pochette rigolote, comme si le Coop’ nous présentait son mauvais côté et son très mauvais côté. Présenté comme un énième retour aux sources, comme une énième rétrospective de la carrière d’un personnage haut en couleur, il n’en est rien. Bien sûr, il y a des réminiscences d’un passé que l’on a connu glorieux, mais nous sommes loin d’un disque passéiste, qui regarde derrière lui avec bienveillance et malgré tout, beaucoup d’envie.

Déjà, d’un seul point de vue rythmique, nous nous retrouvons en terrain inconnu avec le Coop’. La batterie n’a jamais sonné comme ça, même pas à la grande époque, quand Neal Smith martelait ses fûts avec entrain. La présence de Larry Mullen Jr sur quasiment tous les titres, lui que l’on connait mieux pour son travail au sein de U2 avec son jeu atypique, apporte une dynamique particulière à l’ensemble, peu commune dans les domaines plus métalliques que nous fréquentons. Et globalement, l’effet de surprise passé, ça le fait, même si le résultat aurait pu s’avérer catastrophique.

Le chant de Vincent Furnier est un point délicat, voire délictueux. Il passe par de nombreux artifices, un peu comme sur l’ignoble "I Am Made Of You" sur l’opus précédent, mais ici appliqué avec plus d’entrain et plus d’intelligence. On se dit donc que le Coop’, à 70 balais, n’a jamais aussi bien chanté. Sauf quand le chant est grandement trafiqué et que les passages vers son univers le plus macabre ne sont pas aussi fréquents que cela. De ce fait, il y a une espèce d’ambiance créée, au final pas désagréable du tout, même si cela s’avère un peu déstabilisant.

Les morceaux en revanche sont globalement bons, mais ils ne brillent pas pour autant. Il y a un côté service minimum qui se dégage de ce disque. On appréciera "Fireball", "Dead Flies", "Rats" (ce morceau étant interprété par le ALICE COOPER BAND original (à l’exception de Glen Buxton, mais il est mort, donc bon…) ou encore "Fallen In Love" où l’on reconnaît la guitare du Révérend Gibbons, on pourra se montrer un peu plus dubitatif face à d’autres ("Private Public Breakdown") alors que d’autres vont clairement attirer l’oreille ("Holy Water" et ses cuivres endiablés).

Globalement, "Paranormal" est un album sympathique. Pas de quoi se taper sur la cuisse non plus, on a connu le Coop’ plus inspiré en compagnie d’Ezrin (mais également moins, donc apprécions). Il est quand même le deuxième album en demi-teinte produit par Ezrin cette année, après le "Infinity" de DEEP PURPLE. De toute façon, voilà ici une bonne raison pour repartir en tournée et délivrer des shows grand-guignolesques gorgés de classiques. Avec un ou deux extraits tirés de celui-ci.