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HARD BLUES  |  STUDIO

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1984 We Want Moore
1987 Wild Frontier
1995 Blues For Greeny
2001 Back To The Blues
2006 One Night In Dublin
 

- Style : Smith/kotzen, Tyler Bryant & The Shakedown, Inglorious, Rory Gallagher, Jeff Beck
- Membre : Gogmagog, Axel Rudi Pell, Black Country Communion, Deep Purple, Glenn Hughes, Wishbone Ash, Uriah Heep, Trapeze, Snakecharmer
- Style + Membre : Iconic, Thin Lizzy, Bbm, Victory, Ufo, G-force, Wild Horses, Rainbow, Michael Schenker, Mogg's Motel
 

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Gary MOORE - Blues For Greeny (1995)
Par JEFF KANJI le 24 Avril 2020          Consultée 2946 fois

Gary Moore n'a jamais caché son admiration pour CREAM, FLEETWOOD MAC et les BLUESBREAKERS. Ce trio représente le fondement de son apprentissage en tant que guitariste, et cet héritage British Blues lui restera tout au long de sa carrière, aussi bien dans ses années 80 Hard que ses 90 plus tournées vers le Blues. Mais les choses n'ont jamais été aussi simples, et Gary mettra un peu de temps à se métamorphoser en bluesman sans jamais véritablement y parvenir. Jouer Blues ok, les deux albums sortis depuis 1990, et surtout le magistral "Blues Alive" sont venus en attester, mais Gary reste ce musicien écorché vif, jouant avec une intensité telle que sa vie semble en dépendre. Chaque solo est un exutoire et un terrain escarpé où toutes les notes n'ont pas la même importance. Cela contribue à faire de lui l'un des géants de la guitare électrique.

Mais sur sa route il y a eu de petits miracles quand même. Le plus récent a été de jouer avec BBM, une sorte de CREAM recréé avec Gary à la guitare. Même si les guerres d'égos ont fini par faire exploser le trio, le balafré aura appris une autre façon de se placer avec la section rythmique de CREAM, et de réussir à jouer de façon plus détendue, parvenant à lâcher cette frénésie quasi destructrice avec laquelle il s'est démarqué. Cet aspect de son jeu, malgré le succès mondial de "Still Got The Blues", était en partie le point faible de ses deux premiers albums de Blues. Après une fin d'année 1994 très silencieuse, seulement interrompue par la compilation "Ballads & Blues" qui vient seulement là pour relancer les ventes, Gary reprend une idée qui avait germé pendant la gestation de ce qui allait devenir "Still Got The Blues" ; à savoir un album entièrement consacré à son idole de toujours Peter Green dont il possède la mythique Gibson Les Paul.

Cette Les Paul, Greeny, était particulière de par son câblage défectueux (le micro manche monté à l'envers, ou modifié involontairement par un luthier, mais il apparaît bien que la première hypothèse, par ailleurs loin d'être isolée, Joe Bonamassa possédant une Les Paul qui a le même défaut, soit la bonne) qui lui donne en position intermédiaire un son hors-phase très particulier, proche des Stratocaster et de leur son plus ciselé. Et comment s'est-elle retrouvée dans les mains de Gary Moore ? Alors là accrochez-vous, car c'est une histoire franchement pas banale. Peter Green abusait de substances en tous genres qui ont fini par fragiliser sa santé mentale. Devenu une espèce de mystique qui sabote lentement sa carrière, et souhaitant se détacher des contraintes matérielles, il s'est lié d'amitié avec le jeune Gary Moore qui l'admire. Un jour, Peter Green, qui parle de se débarrasser de sa guitare emblématique, demande à Gary (qui bave) s'il veut récupérer la bête. Gary n'a pas les moyens de se la payer. Qu'à cela ne tienne, Peter Green lui dit de voir ce qu'il peut tirer de la vente sa SG et qu'il lui filera sa Les Paul pour le montant récupéré. Ainsi après quelques péripéties, la fameuse Greeny atterrit pour presque rien dans les mains du guitariste nord-irlandais.

Cette guitare lui aura porté chance même si pendant longtemps, l'accompagnant du Gary MOORE BAND à THIN LIZZY, et consacrant son premier hit "Parisienne Walkways". Ayant progressivement utilisé des tonnes de guitare différentes, Gary MOORE passera par une période Stratocaster assez faste (une bonne partie des morceaux de sa période Hard), pour revenir vers la Les Paul à l'aune des années 90. Pour autant il ne l'aura utilisé que sur deux titres de "Still Got The Blues". Maintenant est venu le moment de faire briller cette fameuse Greeny sur un album tout entier dédié si ce n'est à son auteur, à son meilleur allié.

"Blues For Greeny" est un album où le chant paraît presque accessoire, fantomatique, tant il est éclipsé par ce timbre de guitare si unique et prenant. Et surtout, c'est à souligner, Gary Moore a enfin achevé sa mue en Bluesman. Si son chant a toujours un peu ce côté rentre-dedans, il y met beaucoup plus de feeling, comme le "Blues Alive" avait permis de l'apprécier. Mais surtout, Gary Moore a en effet appris à se détendre et il parvient à graver sur bandes tout un pan de son jeu enfin arrivé à maturité. Son Blues Rock est servi par la même section rythmique qui l'accompagne régulièrement depuis 90 et les sax de la paire Pentelow/Payn. Ainsi il a sans aucun doute été plus facile de trouver le bon moment, la bonne vibration pour enregistrer ensemble ces onze (quatorze en fait, là aussi il y a eu du rab) titres rendus célèbres par Peter Green. Beaucoup de FLEETWOOD MAC au programme donc bien entendu avec un bon paquet de titres de l'éponyme de 1968, mais aussi deux titres des BLUESBREAKERS. On y découvre un Gary Moore tâtant de la slide guitare ("Showbiz Blues" joué guitare seule et qui est excellente dans son évocation du Blues rural des origines) et nous gratifiant de ces notes tenues prodigieuses ("Supernatural") qui l'avaient sûrement inspiré quinze ans plus tôt pour écrire "Parisienne Walkways" (même chose avec Carlos Santana qui s'était rendu célèbre en reprenant "Black Magic Woman").

"Blues For Greeny" est le premier disque de la carrière de Gary MOORE à ne pas proposer de matériel écrit de sa main. Mais l'exercice, aussi salvateur que réussi, aura permis à l'artiste d'achever sa mue en se réappropriant le Blues de ses aînés et en le faisant entrer dans une nouvelle décennie, avec Ian Taylor aux manettes, dont le tandem avec Gary atteint la quasi perfection. Le son est net (on est au milieu des années 90) mais on sent la chaleur du jeu des musiciens. Car il ne faut pas négliger le placement imparable d'Andy Pyle et le piano discret mais souvent essentiel de Tommy Eyre qui ajoute une ligne de plus à un CV des plus impressionnants.

La troisième décade fut celle du sommet pour Gary MOORE, et les sorties en trois ans de "Blues Alive", du "Around The Next Dream" de BBM et de ce "Blues For Greeny" vont ajouter à la crédibilité commerciale et populaire une profondeur et une honnêteté artistique peut-être jamais aussi absolue que sur ce fabuleux hommage à Greeny et au premier des trois guitar-heroes à forger sa légende, Peter Green, dont on avait alors oublié l'influence colossale, Eric Clapton ayant toujours attiré la lumière. Et peu d'hommages ont été réussis comme celui de Gary Moore. L'élève a désormais rejoint le maître. Si vous êtes guitariste, ce recueil est une bible.

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   JEFF KANJI

 
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- Gary Moore (guitare, chant)
- Nick Payn (saxophone)
- Nick Pentelow (saxophone)
- Graham Walker (batterie)
- Andy Pyle (basse)
- Tommy Eyre (claviers)


1. If You Be My Baby
2. Long Grey Mare
3. Merry-go-round
4. I Loved Another Woman
5. Need Your Love So Bad
6. The Same Way
7. The Supernatural
8. Driftin'
9. Showbiz Blues
10. Love That Burns
11. Looking For Somebody
- Bonus Tracks
12. The World Keeps On Turnin' (acoustic)
13. The Same Way (acoustic)
14. Stop Messin' Around (acoustic)



             



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