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1984 We Want Moore
1987 Wild Frontier
1995 Blues For Greeny
2001 Back To The Blues
2006 One Night In Dublin
 

- Style : Rory Gallagher, Jeff Beck, Smith/kotzen, Tyler Bryant & The Shakedown, Inglorious
- Membre : Wishbone Ash, Gogmagog, Trapeze, Axel Rudi Pell, Black Country Communion, Deep Purple, Glenn Hughes, Snakecharmer, Uriah Heep
- Style + Membre : Michael Schenker, Rainbow, Wild Horses, Bbm, G-force, Victory, Ufo, Thin Lizzy
 

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Gary MOORE - Dark Days In Paradise (1997)
Par JEFF KANJI le 1er Mars 2024          Consultée 469 fois

On l'a dit, la quête de sens artistique et d'allier expressivité et émotions sont le cheval de bataille de Gary Moore depuis la fin du cycle "After Hours". Il faut dire, qu'à l'abri financièrement, il a pu enfin avoir le loisir de choisir ses projets, dégagé de la nécessité de cartonner dans les charts. Et à partir du début de l'aventure BBM, c'est à un véritable parcours initiatique que s'est livré le Loner, qui traverse aussi une période de crise sur le plan personnel, son mariage avec Kerry, la mère de ses deux fils, volant en éclats car Gary se tape leur ex-femme de ménage Camilla. Cette relation toxique, largement entretenue (au propre comme au figuré) par Gary, qui a toujours le cœur d'un ado de seize ans, ne semble pas forcément réciproque, et la jeune femme disparaît dans la nature au printemps 1997 après une période de convalescence sous le soleil sud-africain.

Gary est dépassé mais il va s'exprimer encore plus sans filtre que d'habitude. L'artiste retire toujours de la substance de ses expériences de vie, et dans le cas présent, il va bouleverser considérablement ses habitudes. Fréquenter Camilla l'aura amené à se sensibiliser à l'évolution de la musique populaire dans les années 90, et outre une véritable redécouverte de l'œuvre de Bob MARLEY, les sons plus actuels de MASSIVE ATTACK et l'album "Walking Wounded" d'EVERYONE BUT THE GIRL. Et inspiré par l'œuvre de Jack Bruce, avec qui il avait commencé à retravailler pour son cinquantième anniversaire (et qui mènera à la formation de BBM), Gary décide d'échapper à un conditionnement Blues (il ne souhaitait pas refaire un album de Blues après la doublette "Still Got The Blues" / "After Hours"), ou Rock (repartir du côté du Hard Rock n'était pas encore à l'ordre du jour), et d'essayer d'écrire de bonnes chansons.

"Dark Days In Paradise" est un album donc incontestablement différent de ce qu'on connaissait de Gary MOORE. Occupé à jouer avec ses idoles ou à leur rendre hommage, cela faisait sept ans que le guitar-hero irlandais n'avait pas sorti de nouveau matériel. Et entre 1994 et 1996 il en aura accumulé. Et pour poursuivre son projet artistique, il change de partenaires. Si après "After Hours", Gary avait commencé à travailler avec Gary Husband, la mue de son projet en BBM avait retardé leur collaboration. C'est désormais chose faite, et la cohérence de la section rythmique avec la basse de Guy Pratt est idéale, ce qui n'empêchera pas la tension historique entre Gary et ses batteurs. Du côté des claviers, après avoir commencé à travailler avec Phil Nicolas dans les stades précoces de conception, Gary fait un choix radical. Après Jeff Glixman, il pense refaire appel à Chris Tsangarides, mais finit par carrément rechercher à obtenir la participation du producteur d'EVERYONE BUT A GIRL… et y parvient. Il ramènera dans ses bagages un nouveau clavier, Magnus Fiennes (le propre frère de Joseph, Martha et Ralph, y a des familles des fois…) (*), et c'est cette formation qui terminera l'album et le défendra sur les routes, avec le concours d'un orchestre, de chanteurs de gorge et de violonistes égyptiens. Rien n'est trop cher pour Gary à cette époque, et Virgin a de bonnes raisons de miser sur son poulain. Ainsi entre sessions à Capri, au Miraval et Abbey Road, les bandes de l'album ont voyagé ! Et pour le mix, on changera encore une fois les habitudes en choisissant les studios Crescent Moon de Miami, occupés auparavant par Gloria Estefan.

Gary Moore est ici méconnaissable, adoptant le plus souvent une voix relativement grave, remplaçant ou associant boucles de percussions avec la batterie, donnant à la guitare un rôle non plus central, mais d'accompagnement, de support ou de dialogue à la voix. Le son est incroyablement soigné et les chansons originales, mais il n'est tout de même pas évident de rentrer dans "Dark Days In Paradise". Très mélancolique, et autobiographique, marqué par son divorce, sa relation tumultueuse avec sa première fille Saiorse, avec qui il a repris contact courant 1994, et bien entendu la fameuse Camilla. Gary, toujours sensible et le cœur au bord des lèvres, n'est jamais apparu aussi vulnérable et parfois, on touche encore la grâce, même si ce n'est pas par les biais habituels. Ici ce sont les chansons qui doivent se démarquer, pas leur interprète. Et s'il apparaît évident que les ballades restent un terrain propice pour Gary (la très belle "Like Angels", sans doute l'un des titres les plus réussis de l'album), les sonorités électro d'un "Cold Wind Blows" poussé par l'octaver et la talk-box donnent une saveur Blues des champs, "Afraid Of Tomorrow" se pare d'un orchestre et d'airs d'orient, évoquant le lointain "Led Clones", mais surtout le travail de Robert Plant, en particulier au niveau du chant de Gary, sans doute le meilleur titre de l'album. Pour les plus patients, le (presque) final "Business As Usual" avec son texte autobiographique et ses envolées de guitare qui rappellent "The Messiah Will Come Again". Et on peut encore retenir l'ouverture "One Good Reason", qui commence avec voix filtrée et boucle de batterie avant de rentrer dans le vif du sujet.

Sur cet album incontestablement différent, ancré dans son temps ("I Have Found My Love In You" avec sa wah-wah, ses claviers où relents Reggae pas totalement assumés se mêlant dans une soupe à la BOYZ II MEN) qui demandera une grande patience et compréhension du personnage du Loner pour être apprécié à sa juste valeur, la musique de Gary MOORE, dans une démarche artistique profondément honnête et aboutie notamment d'un point de vue harmonique, manquera immanquablement sa cible, les Hardos comme les Bluesmen ne pouvant s'identifier à ce départ flagrant de ce qu'on connaît de Gary MOORE qui confirme en parallèle les leçons tirées de l'expérience BBM et de l'hommage à Peter Green.

Note réelle : 2,5/5.

(*) Et producteur avec ça ; le premier album des ALL SAINTS, c'est lui !

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   JEFF KANJI

 
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- Gary Moore (guitare, chant)
- Magnus Fiennes (claviers, programmation)
- Phil Nicolas (claviers, programmation)
- Guy Pratt (basse)
- Gary Husband (batterie)
- Dee Lewis (chœurs)


1. One Good Reason
2. Cold Wind Blows
3. I Have Found My Love In You
4. One Fine Day
5. Like Angels
6. What Are We Here?
7. Always There For You
8. Afraid Of Tomorrow
9. Where Did We Go Wrong?
10. Business As Usual
11. Dark Days In Paradise
- Bonus Tracks
12. Burning In Our Hearts
13. There Must Be A Way



             



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