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HARD BLUES  |  STUDIO

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1984 We Want Moore
1987 Wild Frontier
1995 Blues For Greeny
2001 Back To The Blues
2006 One Night In Dublin
 

- Style : Smith/kotzen, Tyler Bryant & The Shakedown, Inglorious, Rory Gallagher, Jeff Beck
- Membre : Gogmagog, Axel Rudi Pell, Black Country Communion, Deep Purple, Glenn Hughes, Wishbone Ash, Uriah Heep, Trapeze, Snakecharmer
- Style + Membre : Iconic, Thin Lizzy, Bbm, Victory, Ufo, G-force, Wild Horses, Rainbow, Michael Schenker, Mogg's Motel
 

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Gary MOORE - Still Got The Blues (1990)
Par JEFF KANJI le 5 Mai 2020          Consultée 3810 fois

Après une série d'albums qui le voit acquérir une renommée de plus en plus concrète, "After The War", qui certes se vend bien, semble ne pas vouloir égaler les sommets atteints par "Wild Frontier" deux ans plus tôt. Gary, après six albums dans une veine Hard Rock a l'impression qu'il commence à se répéter. Impression déjà effleurée sur "Wild Frontier" que l'approche celtisante a sauvé. Nous sommes à une époque où le look et le shred sont le cœur de cible ; il faut en mettre plein la vue. Or, Gary Moore s'est construit avec le British Blues Boom des années soixante, donc sa musique elle doit en mettre plein les oreilles. C'est ainsi qu'en pleine tournée, Bob Daisley lui suggère que la formation (constituée alors outre de Bob et Gary, de Neil Carter et Chris Slade) enregistre un album de Blues. Le "what's next?" de Gary vient de trouver une réponse.
Le groupe se délitera hélas à cause des engagements des uns et des goûts des autres. Neil Carter n'est pas un aficionado du Blues, et Chris Slade part rejoindre AC/DC. Mais la graine est semée.

Il faut rappeler d'où vient Gary Moore pour comprendre comment ce revirement dans sa carrière va s'avérer décisif et durable (nonobstant les errances de la fin des années 90). Gary fait partie de cette génération biberonnée et façonnée au British Blues. Pour résumer (le mouvement mériterait un article à lui seul), les jeunes Anglais grandissent dans l'après-guerre, découvrent les grands bluesmen américains et se réapproprient leur répertoire en fondant des groupes de ce qu'on appellera parfois le Hard Blues : un Blues électrifié, qui bénéficie des avancées technologiques (l'amplificateur notamment) et musico-culturelles. Une partie du répertoire des BEATLES peut y être rattaché, les ROLLING STONES bien sûr qui œuvrent largement à la cause par la passion de Keith Richards. Même les Mods s'y mettent, par le biais des WHO. Pas mal de guitaristes se prennent alors de passion pour le mouvement, citons en vrac Alvin Lee, Eric Clapton, Peter Green, Jimmy Page, Jeff Beck etc. Le mouvement se matérialise sous la forme de nouveaux power-trios ou ensembles musicaux ; les BLUESBREAKERS de John Mayall, les YARDBIRDS, FLEETWOOD MAC puis ceux qui durcissent encore la formule pour donner naissance au Hard Rock. Parmi ces derniers on citera bien sûr CREAM et les NEW YARDBIRDS, qui prendront rapidement un nom resté autrement plus célèbre : LED ZEPPELIN.

Gary Moore nourrit une admiration sans bornes pour Peter Green, le guitariste-fondateur de FLEETWOOD MAC, et il est alors envisagé d'enregistrer des reprises de son répertoire, en invitant des musiciens ayant participé à la création des œuvres. Le projet est finalement écarté, mais pas totalement, Gary produira, suite à l'aventure BBM, un disque entier dédié au guitariste ("Blues For Greeny" – 1995) car d'une part Gary compose toujours et il se replonge lui aussi dans ses origines, décidant de reprendre certains classiques ayant bercé sa jeunesse. C'est ainsi que certains standards ne sont pas revisités en se basant sur les originaux mais sur des reprises, comme le "Oh Pretty Woman" vu façon Albert KING, ou encore "Too Tired" à la façon d'Albert COLLINS (les deux bluesmen sont d'ailleurs invités à jouer sur l'album, Albert Collins sera même de retour pour "After Hours"). Il en va de même pour "All Your Love", et ce morceau n'a pas été choisi au hasard : Gary se rendit au concert des BLUESBREAKERS, complètement soufflé à l'époque par l'album réalisé avec Eric Clapton, généralement connu sous le nom de "Beano". Sauf qu'entretemps, Clapton avait quitté ses comparses pour fonder CREAM. Celui qui avait la lourde tâche de le remplacer était Peter Green, qui avec sa fameuse Gibson Les Paul, a mis tout le monde à genoux, révélant le plus beau toucher de sa génération. Et ce dès les premières notes de "All Your Love".

"Still Got The Blues", tel qu'il fut publié en 1990, comprenait neuf titres, conclu par "Midnight Blues", l'un des deux titres enregistrés sur la fameuse Les Paul de Peter, dont Gary a hérité après un concours de circonstances assez incroyable (que je développe dans la chronique de "Blues For Greeny" justement), laissait un peu sur sa faim malgré de très beaux moments. "Still Got The Blues" est l'album qui a changé la vie de Gary Moore. Écoulé à plus de 500 000 exemplaires, sa promotion a pourtant dû être avortée à cause du début des ennuis d'audition de Gary… et de la mort d'un guitariste avec qui il aurait dû partager l'affiche : Stevie Ray Vaughan. Vous imaginez cette affiche de dingue ?

Pourquoi ce succès ? Plusieurs facteurs. Le jeu de Gary est encore une fois top ("Still Got The Blues", "Walking By Myself", "King Of The Blues" ou encore l'hommage à SRV et Billy Gibbons qu'est "Texas Strut"), l'album efficace, même s'il affiche un côté Variété un peu dérangeant. Je rejoins assez l'avis de Ien, qui dans les commentaires disait trouver que le guitariste nord-irlandais manquait parfois de subtilité sur "Still Got The Blues". Les morceaux les plus électriques, comme "Walking By Myself" ou "Texas Strut" sont ceux qui se démarquent le plus car ils ont de base un tempérament plus Rock. Comme Albert King le dira à Gary, reconnaissant le talent du bonhomme : tu mets beaucoup trop de notes (et quand on écoute l'écart entre le solo de King et celui de Gary sur "Oh Pretty Woman" c'est flagrant). Gary retiendra la leçon du : "pense dix notes mais joue-en cinq". À cet égard les titres à fort potentiel (j'aime beaucoup "Too Tired" par exemple et "King Of The Blues") trouveront véritablement un accomplissement lors de leur parution sur le "Blues Alive" de 1993.

Il y a toujours beaucoup à dire quand on parle de Gary MOORE et j'en viens aux rééditions parues dix ans plus tard, qui ont intégré pas moins de sept autres titres enregistrés pendant les sessions de "Still Got The Blues". Et dans le tas il y a de sacrées pépites, à commencer par ce George HARRISON revisité en compagnie du quiet Beatle himself ! L'osmose entre les deux guitaristes est assez dingue. "Stop Messin' Around" est un retour à l'envoyeur, enregistré sur la même guitare qu'utilisait alors Peter Green, magique. Freddie KING fait partie des artistes Blues dont les trésors sont trop bien gardés, et "The Stumble" est une calotte instrumentale, sur laquelle on aurait rêvé d'entendre Stevie Ray Vaughan. "Left Me With The Blues" est l'un des titres Blues de Gary les mieux sentis de cette époque et la reprise d'Elmore JAMES absolument fabuleuse. Si "Midnight Blues" refermait le disque original avec élégance, "The Sky Is Crying" le fait avec panache.

Donc malgré ses défauts, son côté parfois trop produit (alors que la plupart des démos basiques étaient si propres qu'elles ont été conservées sur album), "Still Got The Blues" est incontestablement un bon disque, désarçonnant pour les amateurs de Hard Rock qui auront néanmoins repéré que leur guitar-hero fétiche garde un cœur de hardos (ces soli encore une fois !) et que si son admiration pour ce Blues blanc l'a fait grandir en tant que musicien, la mue de l'artiste Gary MOORE n'est, elle, pas encore achevée, en témoigne ses propres compositions, qui peinent à rivaliser avec les reprises de standards.

Album original : 3/5
Réédition augmentée : 4/5

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   JEFF KANJI

 
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- Mick Weaver (piano sur 1,3,9,12, orgue sur 11)
- -
- Graham Walker (batterie)
- Andy Pyle (basse)
- Don Airey (claviers)
- Gary Moore (chant, guitare)
- Bob Daisley (basse sur 5,8,10)
- Brian Downey (batterie sur 5,7-8)
- Raoul De Oliveira (trompette)
- Frank Mead (saxophone, harmonica)
- Nick Pentelow (saxophone)
- Nick Payn (saxophone)
- Albert King (guitare sur 2)
- Nicky Hopkins (piano sur 4,8,10)
- Albert Collins (guitare sur 6)
- Stuart Brooks (trompette sur 6)
- George Harrison (guitare rythmique, slide, chœurs)
- Martin Drover (trompette sur 10)


1. Moving On
2. Oh Pretty Woman (cover A.c. Williams)
3. Walking By Myself (cover Jimmy Rogers)
4. Still Got The Blues (for You)
5. Texas Strut
6. Too Tired (cover Johnny Watson)
7. King Of The Blues
8. As The Years Go Passing By (cover Fenton Robinson)
9. Midnight Blues
- Remaster Bonus Tracks
10. That Kind Of Woman (cover George Harrison)
11. All Your Love (cover Otis Rush)
12. Stop Messin' Around (cover Fleetwood Mac)
13. The Stumble (cover Freddie King)
14. Left Me With The Blues
15. Mean Cruel Woman
16. The Sky Is Crying (cover Elmore James)



             



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