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1994 Around The Next Dream
 

- Style : Free
- Membre : G-force, Thin Lizzy, Public Image Limited
- Style + Membre : Cream, Gary Moore

BBM - Around The Next Dream (1994)
Par JEFF KANJI le 20 Mai 2020          Consultée 1724 fois

Si "Still Got The Blues" et "After Hours" ont de très beaux moments, la machine derrière la carrière de Gary a eu vite fait de faire sonner ces deux albums de façon assez lisse, souhaitant ainsi toucher un nouveau public, en bénéficiant du nouvel intérêt pour le Blues, que Jeff HEALEY ou Stevie Ray Vaughan ont rendu de nouveau tendance. Et ce sera d'ailleurs une quasi constante par la suite, le meilleur de Gary MOORE se situera du côté des Lives désormais. Il existe une ou deux exceptions à tout ça, et une sacrée en particulier : c'est sa participation courte mais remarquable au supergroupe BBM.

Quand Gary se retrouve à accompagner Jack Bruce pour fêter ses cinquante ans, il est un peu nerveux… Et pour cause, il va se retrouver à rejouer avec Simon Phillips dans un style COLOSSEUM II qu'il n'a pas pratiqué depuis près de quinze ans, et surtout il va se retrouver dans les bottes d'Eric Clapton dans un CREAM reformé aux deux tiers. À ce moment-là, Gary est en train de penser à l'écriture de son prochain album, parti pour ne pas être strictement Blues. Il collabore avec Jack Bruce, comme au bon vieux temps de "Corridors Of Power" et sent que les chansons conviendraient sans doute mieux à la voix de ce dernier. En janvier 1993, quelques mois plus tôt, CREAM a été introduit au Rock'N'Roll Hall Of Fame. Mais Clapton restant concerné plutôt par sa carrière solo, la reformation attendue ne se fait pas. Il n'empêche que cette courte représentation aura généré des attentes. Avec l'arrivée de Ginger derrière les fûts, le projet en cours ne peut plus être un album de Gary MOORE avec les deux tiers de CREAM derrière lui.

B B M ? Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? (Toute allusion à un classique de l'absurde est volontaire). Jack Bruce, Ginger Baker et Gary Moore. Non vous ne rêvez pas : la section rythmique du mythique CREAM reprend du service ! C'est en quelque sorte une reformation officieuse de CREAM sans Clapton (qui elle aura lieu en 2005). Jack Bruce, qui avait déjà collaboré avec l'Irlandais sur "Corridors Of Power", a bien remarqué l'attachement du guitariste au Hard Blues anglais des années soixante. Si bien que Gary va écrire tout un album dédié à cette collaboration. Jack Bruce y est partie prenante, et l'idée est alors lancée que Ginger Baker se joigne à la fête ; ce qu'il fait courant 1993. C'est alors que naît BBM, le power-trio qui va ressusciter toute une époque.

Sachant que c'est Gary qui compose la plupart des titres, sera-t-on dans une veine à la "Still Got The Blues"/"After Hours" (qui lui aura peut-être inspiré "Wrong Side Of Town" et son "after hours on the wrong side of town", rare morceau où Jack Bruce joue les claviers, confiés à l'homme de confiance Tommy Eyre, lui aussi habitué des sessions de Gary MOORE) ? Mais c'est là que la personnalité des artistes entre en jeu. BBM est un véritable groupe, et j'ai envie de dire, c'est sans doute la condition sine qua non pour pouvoir jouer ce genre de musique, basée sur le feeling. Déjà il y a le jeu des deux légendes de CREAM ; dès le démarrage de "Waiting In The Wings" on a envie de remuer du popotin. Cette section rythmique est monumentale ; c'est vivant, incroyablement solide, et ça swingue à mort : mention spéciale au jeu toujours aussi marqué et subtil de Ginger Baker. On savait que ces deux-là constituaient une des plus grandes sections rythmiques du Rock, c'est un magistral retour sur le devant de la scène.

Et puis il y a le chant de Jack Bruce. Même si on entend parfois Gary (dont la voix n'est pas si éloignée). Sur des lignes de chant que Mr Moore aurait très bien pu interpréter, le bassiste-chanteur de CREAM fait la différence avec des mélodies réussies et presque léchées tant elles sont interprétées avec une maîtrise impériale. Il a ce vibrato, très personnel, qui permet de rentrer dans son discours. Et puis du côté de la musique, ne vous attendez pas à écouter dix fois la même chose : il y a certes un ventre mou ("Why Does Love" et "Naked Flame") mais de la variété. Cette trompette sur "Glory Days" et ces claviers épiques à la ELP qui rappellent le travail de Greg LAKE sur son premier album (sur lequel Gary avait largement œuvré), ces Blues tantôt chargés de grooves et de percussions, ceux plus mesurés voire carrément lents, et cette reprise d'Albert KING qui swingue à mort (le géant américain décédé fin 1992) : il y a de la variété. La guitare est l'égale du chant, et les deux se partagent le vocal avec un succès égal.

Et si cette œuvre quasi apocryphe est aussi importante dans la discographie déjà bien remplie de Gary MOORE, c'est qu'elle grave enfin sur bande la finesse avec laquelle Gary peut jouer le Blues. Au niveau du son, on est aussi sur quelque chose de roots, comme un album de CREAM comme il aurait été enregistré live in studio dans les années 90. Cette production est divine, et elle l'est tout autant sur les titres live qui voient les compères revisiter un vieux standard pas inconnu des fans de CREAM, puisque le trio l'avait repris en son temps sur "Wheels Of Fire". Gary Moore a ici ressorti sa célèbre Pink Stratocaster qui délivre des parties jouissives (Jack Bruce s'amuse bien avec la basse également, avec ce son à la fois plein et rugueux), et il a sous lui trente ans de métier. La batterie de Ginger sonne d'une manière monumentale. Elle est naturelle, propre et possède un grain succulent, c'est à se demander s'il n'a pas réutilisé le même kit qu'en 68 c'est dingue (le manager avait même réussi à rapatrier l'ancien kit Ludwig à double grosse caisse au studio). Et c'est exactement pareil en live ! (Deux bonus sont proposés en fin de disque).

Le seul hic est que Ginger Baker comme Jack Bruce sont connus pour leurs humeurs (leur relation c'est un peu je t'aime moi non plus) et leur côté rockstar. D'ailleurs Ginger ne joue pas sur "Where In The World" qui sera le single (car il ne parvenait pas à jouer au clic, problème de beaucoup de batteurs de cette génération comme Cozy Powell). Et il ne s'entend pas avec Gary Moore (sans blague) qui a lui aussi son ego et qui est commercialement l'artiste le plus populaire des trois à cette époque. Devant ces trois caractères difficiles installant une ambiance délétère, le groupe aura tout peine le temps de jouer quelques festivals avant de se séparer. Mais cette expérience aura servi de déclencheur pour Gary Moore, qui ira, alors fin prêt, se consacrer à rendre hommage à son héros de toujours Peter Green (après une nouvelle reprise de FLEETWOOD MAC ici avec "The World Keeps On Turnin"), parvenant à saisir ce quelque chose qui manquait à ses deux premiers albums estampillés Blues.

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   JEFF KANJI

 
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- Jack Bruce (chant, basse, violoncelle, claviers sur 10)
- Ginger Baker (batterie, percussions)
- Gary Moore (guitare, chant)
- Tommy Eyre (claviers)
- -
- Arran Ahmun (batterie sur 3)
- Morris Murphy (trompette sur 6)


1. Waiting In The Wings
2. City Of Gold
3. Where In The World
4. Can't Fool The Blues
5. High Cost Of Loving
6. Glory Days
7. Why Does Love (have To Go Wrong?)
8. Naked Flame
9. I Wonder Why (are You So Mean To Me?) (cover Alber
10. Wrong Side Of Town
11. Danger Zone
12. The World Keeps On Turnin' (cover Fleetwood Mac)
13. Sittin' On The Top Of The World
14. I Wonder Why (are You So Mean To Me?)



             



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