"Heaven And Hell", c'est un peu comme une Bible en fin de compte.

Oui, il y a tous les éléments qui peuvent nous y rapporter : un message parlant du bien et du mal, un Iommi dont l'essence est sa musique même, un Ozzy qui joue le rôle du Judas et encore un Dio dont le rôle est celui du nouveau messie, prêchant la parole divine de par ses cordes vocales angéliques. Le tout dans une expression d'une richesse incroyable tout en étant par moment très libre d'interprétation. Seule différence, on commence en 1980 et non pas en l'an 1.

Le Genèse nous montre d'abord la beauté parfaite de la pluie, et cela par un lyrisme à couper le souffle ("Children Of The Sea"). Puis nous sautons dans le temps pour arriver en un temps où les puissants et croisés "Neon Knights" s'apprêtent à combattre le mal qui vient gâcher un temps de paix. Le mal n'est en effet pas si loin, et sa forme ne peut que réjouir les amateurs des comtes de l'Eden, puisque c'est une femme, la fatale "Lady Evil", qui nous fait céder à la tentation. La mort n'est malheureusement pas en reste, mais avec "Die Young", elle l'est sûrement sous sa plus belle forme. Quelques passages prêtent néanmoins à une certaine controverse au sein des croyants même, comme un "Wishing Well" ou un "Walk Away" qui semblent parfois s'écarter de leur serment, preuve que Sa parole ne peut pas être comprise de tous.
Mais le vrai message de cet écrit musico-théologique est probablement l'épopée philosophique qu'est "Heaven And Hell". Des ténèbres à la lumière, des gouffres abyssaux aux plus hauts cieux, le voyage est incroyable, insondable. Qui dit que dans d'autres conditions, on n'entendrait pas aujourd'hui sermonner à coups de « And it's on, and on, and on, it's Heaven And Hell ! » le père Angelo à Sainte-Alouette-sur-Mérange ?

Aussi ancien qu'il soit, cet album est un chef d'œuvre qui a donné une nouvelle dimension à la musique métallique. N'ayant rien à voir avec le heavy metal primaire et déjanté du règne d'Ozzy. Souvent taxé du nom pédant de « premier album de Heavy Metal intelligent », il se démarque par son inventivité et pas son énergie si particulière. Incontournable et, bien évidemment, divin.