Pas de doute, l'Histoire n'aura retenu que ce qu'elle a bien voulu retenir. Elle a donc tout à fait injustement laissé sombrer dans ses oubliettes "Headless Cross", l'album de BLACK SABBATH le plus sous-estimé de toute la carrière de Tony Iommi !

Alors oui, c'est du BLACK SABBATH sans Osbourne, sans Dio, et même sans Geezer Butler ! Quelle hérésie, diront les fans les plus hardcore ! Ben moi je dis "rien à foutre". Rien à foutre parce que nonobstant le fait que Iommi se trouve être le seul membre fondateur du SAB' encore en piste sur ce coup-là, "Headless Cross" est à n'en pas douter un excellent album, l'un des meilleurs de BLACK SABBATH. Le meilleur depuis "Mob Rules", et oui, carrément. De mon point de vue il est même encore meilleur que la moitié des albums de l'ère Osbourne ! Vous vous rendez compte de ce que vous ratez en passant à côté ?

Reprenant le côté macabre des albums des 70's et la finesse technique d'un "Heaven & Hell" (dont "Headless Cross" se rapproche le plus à tous les niveaux), ce second album avec Tony Martin est à hisser sans problèmes au rang d'album culte. Les trois titres d'ouverture (je ne compte pas l'intro), "Headless Cross", "Devil & Daughter" et un "When Death Calls" qui prend aux tripes comme aucun autre, sont un véritable enchantement. Du pur SABBATH, tout ce qu'on peut attendre, à vrai dire, du génie artistique de Tony Iommi. Le skeud dans son ensemble est à la fois sinistre et mélodique, sombre et technique, court et complexe.

Iommi adopte un jeu qui n'avait pas été aussi fin depuis des années, et qui le sera rarement autant par la suite. Quant à Martin, il chante divinement bien, bien mieux que sur "The Eternal Idol", sur lequel il s'était contenté de pomper les lignes de chant de Ray Gillen. Ici, le malheureux garçon tant conspué pour son manque de charisme signe une performance grandiose, dans un registre proche de Ronnie James Dio, qui n'aura jamais été aussi bien remplacé depuis son départ en 1983.

"Headless Cross", c'est le point d'orgue de l'ère Tony Martin, et c'est très probablement, aux côtés du tout aussi mésestimé "Dehumanizer", le dernier "grand" album de BLACK SABBATH. La preuve que ce groupe est très loin de se résumer aux pâles bouffonneries d'Osbourne. Actuellement "Headless Cross" est en rupture de stock, et aucune réédition n'est pour l'instant à l'ordre du jour, même si Iommi s'emploie depuis quelques années à publier des éditions revues et corrigées de ses vieux albums. Quand son heure sera venue, il faudra faire les choses en grand, un retour en force digne de ce très bon album, mon préféré après les trois skeuds avec Dio et le mythique "Paranoid". Il n'est jamais trop tard pour réparer une erreur ; que justice soit faite ! 4,5/5