Sur « Triumph Or Agony », RHAPSODY accommode son metal symphonique d’une manière différente. Il y a du MANOWAR sur cet album (comme il y aura du RHAPSODY sur l’album de MANOWAR sorti en 2007). Mais pas sous l’impulsion d’un seul titre, comme ce fut le cas sur « Power Of The DragonFlame » avec « The March Of The Swordmaster »).
Ici, la filiation réclamée avec insistance par Luca Turilli s’impose clairement, sans détour. Un chant hargneux (il faut bien l’admettre, un léger déficit en testostérone de Fabio Lione par rapport à Eric Adams) et des textes scandés. Une batterie qui délaisse les rythmes galopants pour marteler des enchaînements davantage épiques.

Epique, oui. Luca Turilli, jamais avare de déclaration fanfaronne, avait présenté « Triumph Or Agony » comme l’album le plus épique du heavy metal. Evidemment, vu comme ça, c’est n’importe quoi. Ramenée à la seule discographie des italiens, la déclaration prend davantage de sens. Oui, « Triumph Or Agony » est bien un album taillé à l’épée et aplati à la masse d’armes.
Etonnant, d’ailleurs, que des titres composés et (pratiquement) enregistrés en même temps que ceux de SOEL2 réussissent à s’en différencier de la sorte. Preuve que les têtes pensantes des pourfendeurs de dragons parviennent à garder une cohésion mûrement réfléchie dans leur évolution.

« Triumph Or Agony » est un excellent album. S’il est évident que les Italiens ont dévoilé la majeure partie des arguments sur leurs deux premières productions, ils réussissent encore et toujours à fignoler des titres de power metal symphonique aux refrains accrocheurs et aux mélodies fournies et variées. Il y a du très bon, bien sûr (« Heart Of The Darklands »). De l’excellent évidemment («The Myth Of The Holy Sword »). Et du d’ores-et-déjà mythique pour les fans (« Bloody Red Dungeons » et « The Mystic Prophecy Of The Demonknight »)

A noter aussi cette volonté de « désinfantiliser » le style, de s’affranchir des niaiseries qu’on leur connaissait. Pas de flutiaux ou de passage atmosphérique pleurnichard. Ici, RHAPSODY parle plus que jamais en adulte. Un mal ou un bien, c’est à voir. RHAPSODY plaisait aussi en sa position de doux rêveur et de candide indécrottable.
Quoi qu’il en soit, même avec dix ans de plus et une vision moins hollywoodienne portée sur le monde, RHAPSODY a la dextérité et la créativité des grands.