RHAPSODY et les concerts c'est une sacrée histoire. Ayant dû attendre "Dawn Of Victory" avant de commencer à tourner un peu pour finalement se retrouver immergé dans un travail toujours plus ambitieux en démarrant sa seconde saga. Désormais sous la houlette de Magic Circle Music, supervisé par Joey DeMaio lui-même, RHAPSODY a enfin les moyens de ses ambitions et peut finalement donner vie à la musique telle qu'il la voit. Les bouts de reportage présents sur "Visions Of The Enchanted Lands" permettent de voir que nos Italiens débordent d'ambition, s'impliquant en profondeur dans l'écriture orchestrale notamment, dépassant de loin la plupart des groupes ayant eu un jour recours aux services d'un orchestre, l'intégrant totalement dans la composition. Telle est la définition du Film Score Metal, tel qu'Alex Staropoli le décrit.

Le groupe a enfin des moyens, même si l'on sait que les jalousies vont bientôt le contraindre au silence pendant plusieurs années. D'ailleurs on comprend que les relations entre RHAPSODY et Joey ne sont pas faciles, assez extrêmes mêmes dans tous les sens du terme, ce qui semble convenir à Luca Turilli (et sa manie de ponctuer la moitié de ses phrases par des "no?". Et c'est peut-être moi qui surinterprète, mais j'ai souvent l'impression que Joey fait la promo de MANOWAR en utilisant ses poulains (ce qui accrédite le fait que Magic Circle a cherché à discréditer RHAPSODY en annulant sa tournée sud-américaine). On voit aussi que Luca, expansif comme jamais, est déjà fasciné par ses histoires de dualité et la mystique des sciences humaines, rappelant à quel point Christopher Lee était une belle personne, chose primordiale à ses yeux.

"Visions From The Enchanted Lands" est un produit promotionnel qui semble avoir avant tout pour objectif de montrer à quel point RHAPSODY est sérieux, et qu'il démarre aussi une nouvelle ère. Il permet aussi, au travers des rencontres de fans, de séances studio (c'est tout de même quelque chose de voir Joey DeMaio diriger Christopher Lee dans la cabine d'enregistrement) ou David Shankle et surtout Ross The Boss qui regardent le groupe répéter "Erian's Mystical Rhymes") et des différentes interventions des membres du groupe, de comprendre RHAPSODY, et c'est sans doute la plus grande qualité de ce double DVD.

En revanche, le côté "fourre-tout" de "Visions Of Enchanted Lands" peut être assez déroutant, car il mêle, dès les premiers chapitres du DVD 1, vidéos promotionnelles, performances live et interviews (qu'on retrouvera hélas parfois en double sur "Live In Canada 2005"). Mais c'est pas si mal fait que ça, l'erreur par contre serait de prendre "Visions Of Enchanted Lands" pour un DVD live du groupe, ce qu'il n'est pas. C'est un DVD avec du live, nuance.

C'est pourtant sur cet aspect que j'ai envie d'insister puisqu'il montre le groupe au complet, dans sa configuration la plus efficace, celle qui a retourné le Transbordeur quand je les ai vus sur la tournée "The Frozen Tears Of Angels", le temps de (trop peu) de prestations échevelées et abouties de "Holy Thunderforce" (sans doute encore plus percutante qu'en studio), "Emerald Sword", "Wisdom Of The Kings" (quelle performance de Fabio Lione) ou encore du descriptif "Erian's Mystical Rhymes" (sur lequel notre compatriote Patrice Guers est particulièrement mis en avant pour une séance de tapping à deux mains intense) ou encore d'un solo de batterie rappelant à quel point Alex Holzwarth est un cogneur solide qui n'a rien à envier aux batteurs de Power Metal les plus estimés. On a même droit à un petit passage gear-porn vers la fin du second DVD où le matériel de nos protagonistes est présenté, avec une superbe publicité de Luca Turilli pour Christophe Capelli (cocorico) et les guitares fabriquées pour Frank Gambale (Chick COREA) qu'on n'aurait sans doute pas pensé dans les influences de l'Italien.

En somme, "Visions Of Enchanted Lands" est très complet et réussi dans son rôle, même si à ce stade de sa carrière les fans étaient en droit d'attendre un Dvd Live à proprement parler. Mais il faut dire que malgré un temps de jeu confortable lors de leur tournée avec HOLYHELL et MANOWAR, la mise en scène des Italiens n'est pas encore au niveau pour une captation vidéo, même si le groupe se donne sans compter, avec à la clé une adhésion massive du public, qui n'a d'égale que la complicité visible entre les six musiciens. Un produit indispensable pas forcément indispensable pour le fan, mais qui permet au novice une initiation en profondeur à RHAPSODY, sa philosophie et sa musique... Si vous maîtrisez l'anglais... Car c'est le gros point noir de ce DVD qui ne propose aucun sous-titre. Et je vous parle pas de l'accent italien à couper au couteau de Luca Turilli et Alex Staropoli.