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METAL GOTHIQUE  |  STUDIO

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LACRIMOSA - Leidenschaft (2021)
Par DARK BEAGLE le 29 Janvier 2022          Consultée 2079 fois

À l’origine, Tilo Wolff espérait sortir "Leidenschaft" (traduisez le terme par « la passion ») en 2020, afin de fêter dignement les trente ans de LACRIMOSA. Il avait commencé à mettre les petits plats dans les grands (une double compilation, "Zeitreise", en 2019, histoire de faire patienter), mais c’était sans compter sur la pandémie mondiale qui lui aura mis des bâtons dans les roues et repoussé la parution de ce 14ème opus studio, encore et encore. Les informations ne filtraient pas ; les sites officiels de Hall Of Sermon (maison de disque créé par Tilo pour s’auto-diffuser) et de LACRIMOSA, ainsi que le Facebook du groupe ne donnait que peu d’informations, voire pas du tout. C’est tout juste si Wolff présentait les disques qu’il a publié en 2020 autour de sa chose et dont il sera fait état plus tard et ailleurs. Puis en novembre 2021, alors que plus personne n’y croyait, la formation publie un nouveau clip, "Raubtier", qui s’inspire de l’expressionnisme allemand, joué avec les pieds mais étrangement malaisant et une date de sortie officielle au… 24 décembre 2021.

"Leidenschaft" était certes attendu comme le Divin Enfant par les fans et il s’agit d’un beau bébé de 55 minutes tout rond qui a tout de même du avoir du mal à se trouver une place sous le sapin. La pochette de "Testimonium", le précédent album, était sombre, à l’image du disque. Pour « la passion », l’illustration de Stelio Diamantopoulos est beaucoup plus lumineuse, le soleil darde même ses rayons derrière un nuage qui peine à le dissimuler. La mascotte est toujours présente, mais au verso, sur une affiche pour un cirque ; cela ferait presque songer à du Stephen King et sa créature ignoble appelée Ça. LACRIMOSA développe toujours son univers à la fois romantique et mélancolique, sans chercher à y apporter l’obscurité qui est souvent représentée par le personnage de "Elodia" et qui conduit à des traits plus fantastiques. Et quitte à faire s’envoler tout le suspense, l’approche musicale est finalement très proche de la jaquette.

Si l’aspect Heavy est toujours présent de-ci de-là, il faut bien reconnaître que ce disque est plutôt calme. Un Metal Gothique soigné et, pour une fois, lumineux dans ses grandes lignes, mais pas indolent pour autant. Et peut-être est-ce un effet des différents confinements mais ce disque semble renouer avec le côté artisanal des premières productions de Tilo Wolff. Certes, il n’est plus tout seul, il est toujours accompagné par Anne Nurmi, l’orchestre demeure également une constante, mais presque tous les instruments ont été enregistrés par le duo, à part sur quelques titres. La batterie est tenue, quant à elle, par un certain Michael Mohr sur tous les morceaux. Et si nous retrouvons le fidèle JP Genkel sur deux compositions, la liste des musiciens est bien plus restreinte.

Raubtier (prédateur), était donc lâché en pâture avant la sortie de l’album. Il en est à la fois très représentatif et pour le moins éloigné de la teneur générale. Sur ce point, c’est simple, il s’agit d’une incursion dans un domaine plus lourd, plus véloce, et ce n’est pas ce qui colore le plus "Leidenschaft". En revanche, le titre en lui-même est très construit, avec des passages plus calmes qui viennent s’immiscer dans l’ensemble, le tout progresse dans la direction que veut lui imprimer Wolff avec toujours en soutien cet orchestre que l’on ne peut plus dissocier de l’ensemble. Agressif, "Raubtier" n’en est pas moins plaisant pour autant et vient apporter une décharge bienvenue avant d’affronter une seconde moitié de disque plus posée, moins entreprenante d’un point de vue strictement Metal.

À dire vrai, la facette Heavy tient donc sur "Raubtier" et sur "Kulturasche" (les cendres de la culture, fortement inspiré par les restrictions liées au Covid 19), ce dernier tutoyant quasiment le Thrash par moments avant de laisser place à une mélancolie qui se traduit aussi bien dans le chant que dans les mélodies et l’interprétation. Parce que sur "Leidenschaft", rien n’est jamais figé. Chaque titre est en continuelle mutation, afin de nous balader dans diverses directions, sans forcément nous ménager. Il y a toujours beaucoup d’emphase dans la musique de LACRIMOSA – souvent trop, pour beaucoup de détracteurs – mais elle est souvent très bien utilisée pour doper la théâtralité de l’ensemble, qui s’y prête volontiers.

Nous la retrouvons déjà sur "Liebe Über Leben", qui offre un dialogue entre Wolff et Anne Nurmi qui monte crescendo et qui s’avère de toute beauté. Nous tenons là ce qui est peut-être bien la meilleure ouverture d’un album de LACRIMOSA depuis "Sapphire" sur "Lichtgestalt" en 2005 ! Le décorum Gothique est parfaitement en place, mais l’ambiance n’est pas à la tristesse bien qu’il y ait une certaine mélancolie qui se dégage de ce morceau, qui amène tout de suite la lumière. "Leidenschaft" se rapprocherait ainsi d’un "Elodia" dans la forme, mais certainement pas dans le fond. Si "Elodia" était une histoire d’amour qui tournait très mal déclamée en trois actes, "Leidenschaft" est un recueil de compositions sans liens entre elles. Et d’ailleurs chaque titre possède sa propre personnalité et se veut très rapidement mémorisable malgré des approches fort différentes ; et le tout semble au final logique, "Exodus", le final de l’album, offrant ce qui apparaît être une synthèse éclairée de l’ensemble.

Bon, sinon, ne nous leurrons pas, tout n’est pas forcément à niveau sur ce quatorzième opus. "The Daughter Of Coldness", par exemple, est d’un classique presque improbable, le genre de morceau que Anne Nurmi a trop souvent proposé. Certes, l’instrumentation est délicate, la petite voix légère de la Finlandaise est toujours émouvante, mais là, ça tape un peu dans le vide. Parce que nous ne sommes plus étonnés par ce genre de prestation, bien trop prévisibles. Sa dernière composition vraiment mémorable n’aurait pas été "The Turning Point" sur "Elodia" ? Peut-être et cela ne nous rajeunit pas. Sa joute vocale avec Tilo sur "Celebrate The Darkness" a plus de corps et prend tout son sens, même si là encore cela reste assez classique dans l’approche. "Die Antwort Ist Schweigen" est bien jolie, elle nous renvoie quelque peu dans un passé de LACRIMOSA assez lointain, mais malheureusement, ce titre très dépouillé, où l’on ne trouve que Wolff, un piano et l’orchestre, finit par pédaler un peu dans la choucroute et aurait mérité un meilleur sort.

Mais globalement, les qualités inhérentes à LACRIMOSA sont présentes : un sens du dramatique qui évite de sombrer dans le ridicule, la voix de canard de Tilo Wolff qui fera toujours fuir ceux qui ne la supporte pas, une ambition certaine sur chaque titre même si parfois elle s’avère stérile car mal exploitée. Pour une formation qui affiche une trentaine d’années au compteur et qui repose quasiment à 100% sur l’écriture d’un seul homme, cela reste très cohérent et vraiment correct. Certes, il y a certains traceurs mélodiques, des gimmicks immédiatement identifiables sans pour autant être éliminatoires. "Leidenschaft" est un disque concret, peut-être un brin trop facile par moments, qui évolue dans un univers musical proche de celui de "Elodia", mais sans en toucher la superbe. Il était tentant, normal, d’espérer plus de cet album qui voulait fêter les trente ans d’un projet particulier, qui a traversé le temps en grandissant, sans que son géniteur ne baisse une seule fois les bras. Rien que pour cela, bravo.

Note réelle : 3,5/5.

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   DARK BEAGLE

 
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- Tilo Wolff (chant, claviers, guitare, basse)
- Anne Nurmi (claviers, chant)
- Jp Genkel (guitare)
- Roman Scholz (basse)
- Michael Mohr (batterie)
- Sandrine Vorunzova (chœurs)
- Andrea Gronau (chœurs)
- The Lacrimosa Session Orchestra


1. Liebe Über Leben
2. Führ Mich Nochmal In Den Sturm
3. Kulturasche
4. The Daughter Of Coldness
5. Raubtier
6. Die Antwort Ist Schweigen
7. Celebrate The Darkness
8. Augenschein
9. Die Liebenden
10. Exodus



             



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