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METAL GOTHIQUE  |  STUDIO

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LACRIMOSA - Hoffnung (2015)
Par DARK BEAGLE le 23 Avril 2016          Consultée 3325 fois

Cela fait vingt cinq ans que LACRIMOSA délivre ponctuellement des albums soignés, plus ou moins réussis, parfois souverains, quelques fois kitsch au possible. La France reste encore et toujours hermétique au style pratiqué par la formation d’origine allemande (le côté village d’irréductibles gaulois, ça se travaille) et ce n’est pas avec un album comme "Hoffnung" que les choses vont s’arranger. En effet, "Hoffnung" a été fait pour fêter ce quart de siècle de musique en noir, où l’amour est toujours tragique et fantasmagorique.

La pochette reste dans les tons habituels, un noir et blanc très travaillé, proche de la gravure, mais quelque peu décevante. En effet, Stelio Diamantopoulos (ouais, ça sonne comme le nom d’un méchant dans Tintin), l’illustrateur, nous avait habitué à de grandes fresques fourmillant de détails ou racontant une histoire ; ici, nous n’avons que la tête de ce Pierrot déguisé en Arlequin monochrome, qui nous dévisage d’un air atone. "Hoffnung" signifiant espoir dans la langue de Goethe et de Markus Grosskopf, la jaquette semble en complète contradiction tant le clown pourrait servir de pub aux alcoolos anonymes...

Et autant le dire tout de suite, l’album est à l’image de cette pochette : beau, mais un peu vide. Le souci de la beauté est qu’elle peut être vaine et que l’apparence seule ne peut contenir toute l’émotion dont elle a besoin pour respirer. En cela, LACRIMOSA est malheureusement coutumier du fait, certains opus n’étaient que formes aguichantes pour une discussion un peu plate, à l’image de Echos par exemple. Tilo Wolff est un passionné, de Mozart principalement et sa vision de la musique est très, trop personnelle et parfois, l’emphase prend le dessus de l’inspiration pure.

Enfin, il serait trop facile de tout de suite condamner cet album. Il est un peu particulier, il est pensé pour célébrer un anniversaire. Tilo Wolff s’entoure à nouveau d’un orchestre symphonique pour donner corps à ses compositions, qui peuvent rapidement devenir fleuve ("Mondfeuer"). Et là, on se trouve face à une pièce d’un quart d’heure qui sonne comme un requiem (en même temps, pour du Metal Goth, c’est mieux). L’introduction est faîte pour nous happer, pour nous plonger dans une ambiance claire obscure délicate. Il n’est pas sage de se laisser absorber, mais c’est tellement tentant…

Il faut patienter cinq bonnes minutes pour enfin entrer dans le vif du sujet. Très vite, on comprendra que "Revolution", l’opus précédent, n’était qu’une parenthèse bienvenue, mais une parenthèse. "Hoffnung" est un retour en arrière, dans la lignée d’un "Lichtgestalt", plus organique, mais peu inventif. On retrouve toutefois quelques traces de l’effort précédent à travers des titres comme "Unterwelt", par exemple, qui sortent du carcan romantique dans lequel s’enferme parfois trop facilement LACRIMOSA grâce à une utilisation plus lancinante de la guitare.

Mais sinon, tous les ingrédients pour faire un album classique sont là. Nous retrouvons la voix timide de Anne Nurmi sur "Kaleidoskop" tout d’abord, où elle est là pour épauler Tilo Wolff surtout, puis sur "Thunder And Lightning", un peu plus pop dans l’esprit, où elle tient le chant lead. Bien entendu, nous sommes loin de ses passages impériaux de l’époque d’"Elodia", où LACRIMOSA était à son apogée, mais elle vient toujours apporter une espèce de pause réconfortante.

La première moitié de l’album se déguste avec beaucoup de plaisir. LACRIMOSA nous conforte dans ce que sa musique a de plus pur, de plus plaisant. Les fans ne trouveront rien à redire, les gimmicks sont là, les mélodies très typées du groupe resurgissent, ainsi que leurs thèmes récurrents ("Die Unbekannte Farbe", "Der Kelch Der Hoffnung"…). Mais une certaine lassitude pointe le bout de son nez passé "Tränen Der Liebe" ; le disque ne se renouvelle pas assez pour être apprécié pleinement de bout en bout. Pourtant, on arrivera toujours à se délecter d’un acte héroïque de l’orchestre symphonique (le final de "Apeiron – Der Freie Fall Part II" est dans le genre plutôt grandiose), on appréciera certaines mélodies plus abordables que d’autres, certaines lignes de chant…

La véritable erreur et donc, le principal raté du disque, c’est d’avoir voulu faire de ce "Hoffnung" un album pensé pour les fans avant tout. Ce qui est un pas en arrière après un "Revolution" qui portait plutôt bien son nom et qui montrait une alternative séduisante à la voie de garage vers laquelle se traînait petit à petit LACRIMOSA à force de proposer des galettes pensées sur le même modèle. Et c’est dommage, parce qu’après vingt cinq ans, on était en droit d’espérer un peu plus d’audace, de la prise de risque ; ou alors, quitte à rester dans l’immobilisme, retrouver l’état de grâce que connaissait LACRIMOSA à la fin des années 90.

La somme de travail abattue est toutefois appréciable. Si on tente "Hoffnung" sans connaître la carrière de LACRIMOSA, la surprise peut être très bonne, si on est ouvert à un Metal Gothique poussé dans des retranchements parfois kitsch, mais pas dénués de charme. Ceux qui ont suivi de près ou de loin la carrière du groupe ne seront pas dépaysés et parfois, ça a du bon aussi, de pouvoir se rattacher à une valeur sûre.

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   DARK BEAGLE

 
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- Tilo Wolff (chant, guitare, piano, samples, basse, trompette)
- Anne Nurmi (claviers, chant)
- Jp Genkel (guitare)
- Henrik Flyman (guitare)
- David Underwood (basse)
- Arturo Garcia (batterie)
- Julien Schmidt (batterie)
- The Lacrimosa Session Orchestra


1. Mondfeuer
2. Kaleidoskop
3. Unterwelt
4. Die Unbekannte Farbe
5. Der Kelch Der Hoffnung
6. Thunder And Lightning
7. Tränen Der Liebe
8. Der Freie Fall - Apeiron, Part I
9. Keine Schatten Mehr
10. Apeiron - Der Freie Fall, Part Ii
11. Kein Schatten Mehr (jubiläums Version)



             



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