Recherche avancée       Liste groupes



      
METAL GOTHIQUE  |  STUDIO

Commentaires (1)
Lexique metal gothique
L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

1999 Traces O' Red

ENSLAVEMENT OF BEAUTY - Traces O' Red (1999)
Par DARK BEAGLE le 7 Octobre 2024          Consultée 452 fois

Certains disques vieillissent. Souvent les claviers ne pardonnent pas, ils confèrent un son que l’on peut souvent dater avec du carbone 14 et écouter certains albums, ou plutôt, les découvrir aujourd’hui peut devenir une épreuve. Ce "Traces O’Red" aurait pu rentrer dans cette catégorie. Cependant, bien que ses synthés sonnent de façon incontestablement kitsch, il se dégage un truc de la musique de ces Norvégiens qui capte l’attention. Bien sûr, libre à chacun de se gausser ou non à la première écoute, mais plus nous rentrons dans cet album, plus il devient obsédant, à mesure qu’il se dévoile.

ENSLAVEMENT OF BEAUTY est à la base un duo, formé de Ole Alexander Myrholt au chant (THOSE LEFT BEHIND, MYRHOLT…) et de Tony Eugene Tunheim à la guitare et aux programmations. Pas de guests, pas de musiciens de studio pour les accompagner. Le groupe se forme en 1995 à Oslo et produit une première démo en 1998, "Devilry And Temptation", qui débouchera sur ce premier essai, ce "Traces O’Red" qui va nous révéler un combo qui a trouvé sa formule sans avoir à tergiverser pendant des années, sans transpirer ses influences par tous les pores également. À dire vrai, le seul nom que l’on peut fréquemment associer serait celui d'ETERNAL TEARS OF SORROW.

Mais attention, pas le ETOS nerveux et agressif, plus celui qui prend son temps pour dépeindre des paysages Gothiques plutôt que de foncer à cent à l’heure. En effet, ENSLAVEMENT OF BEAUTY ne se presse pas pour construire son univers, le façonner tel qu’il le désire, l’alimenter, le nourrir. Il est d’ailleurs difficile de définir ce qu’est exactement le style de la formation. Certains, assez nombreux d’ailleurs, avancent qu’il s’agit de Black Mélodique, ce qui pourrait être acceptable, mais au final, cela concerne avant tout l’approche du chant. Globalement, nous sommes nettement plus proches d’un Metal Gothique soigné avec une vision extrême des voix.

La pochette, dans les tons rouges (vu le titre de l’album…) est plutôt sympathique et joue également plus dans la cour du Goth que du Black, mais cela reste de l’ordre du détail. Le disque qu’elle cache est une petite merveille qui ne se contente pas d’être effleurée. Il faut prendre la peine de la laisser nous courtiser, de nous laisser happer par son charme aujourd’hui un brin suranné, mais qui fonctionne toujours dès que nous avons trouvé le déclic, dès que les mélodies à la fois baroques et vicieuses ont fini de nous convaincre.

L’introduction de l’album met déjà la puce à l’oreille. Nous entendons des gouttes d’eau tomber et petit à petit, une musique sombre se rapproche. Ce n’est pas grand-chose, mais cela contribue déjà à développer une ambiance un peu malsaine, qui pourrait nous emporter n’importe où ; "Traces O’Red – The Fall And Rise Of Vitality" est une porte ouverte à un questionnement de tous les instants. ENSLAVEMENT OF BEAUTY dispose là d’un ovni, un acte courageux qui ne devrait pas se retrouver ainsi en seconde place, avec ces vocaux étranges, quasiment désincarnés, qui se mêlent à des élans plus Black sur une musique menée par des claviers qui font leur âge. Cependant, un certain charme s’en dégage, rapidement confirmé par la suite, à commencer par "Dreams" et "Something Unique".

Évoluant volontiers à travers des mid-tempi où la guitare se greffe aux claviers plus que l’inverse, avec une batterie programmée qui sonne bien malgré tout (malgré un son de cymbales parfois un peu synthétique), le groupe sait aussi se rendre plus véloce comme sur "The Poem Of Dark Subconsious Desire", qui prend des accents Black plus prononcés (sans toutefois évoluer dans le blast beat intempestif) ou construire des choses plus complexes, avec des ambiances plus particulières, comme pour l’excellent "Eerily Seductive" et son break venu de nulle part. Le dernier morceau se veut plus épique. Après un court silence, la musique revient, instrumentale et plus baroque que jamais.

Et s’il fallait utiliser un terme en particulier pour décrire les compositions de ENSLAVEMENT OF BEAUTY, ce baroque ferait véritablement bien l’affaire. Si la guitare est bien présente, le gros du travail mélodique est créé à partir des mélodies du clavier, tirant vers le clavecin par-ci, nourrissant des violons langoureux par-là. Ce ne sont pas les instruments réels, cela s’entend, et cela contribue au charme définitivement kitsch de cette œuvre en noir. On ne peut pas nier qu’il y a un travail monstrueux derrière tout cela, certaines lignes pourraient faire songer à du LACRIMOSA, l’aspect purement orchestral en moins dans les faits, mais pas les intentions.

Il se dégage donc une petite ambiance XVIIIème siècle, à la cour de je ne sais quel souverain baignant dans la luxure, où des actes parfois innommables sont commis à son nom ou à son insu. Il y a de la décadence dans cette musique, ainsi qu’une certaine prétention qui colle parfaitement à ce qui ressort des morceaux à la lecture de leurs titres (quand même, "I Dedicate My Beauty To The Stars", les chevilles du melon ont bien gonflé). Cela sent donc le sexe, la vanité, avec une aura malsaine malgré tout qui va se montrer autant séductrice que prédatrice.

Il reste donc à définir un genre à cette musique. La voix ne faisant pas tout, je resterai donc sur un Metal Gothique teinté d’inspirations plus extrêmes. C’est très bien fait dans son style, cela dégage même de jolies notes d’originalité. Quand on passe la première impression un peu too much, on se laisse facilement capter par cet univers de débauche soignée et lugubre. On pourrait presque parler de coup de maître pour résumer ce premier effort, qui montre un duo de musiciens qui ont déjà su donner une maturité à leur œuvre. "Traces O’Red" est un disque rare, beau et intense, qui mérite d’être redécouvert vingt-cinq ans plus tard.

Note réelle : 4,5/5.

A lire aussi en METAL GOTHIQUE par DARK BEAGLE :


TIAMAT
The Scarred People (2012)
Death is not the end ?




The BLACK LEAGUE
Ichor (2000)
La vie après SENTENCED


Marquez et partagez




 
   DARK BEAGLE

 
  N/A



- Ole Alexander Myrholt (chant)
- Tony Eugene Tunheim (guitare, programmations)


1. In Thro' The Cave Of Impressions
2. Traces O'red - The Fall And Rise Of Vitality
3. Be Thou My Lethe And Bleeding Quietus
4. Dreams
5. Something Unique
6. The Poem Of Dark Subconsious Desire
7. Eerily Seductive
8. My Irreverent Pilgrimage
9. And Still I Wither
10. I Dedicated My Beauty To The Stars



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod